Skip to main content

Full text of "Mémoires de la Société royale d'Arras, pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts"

See other formats


This is a reproduction of a library book that was digitized 
by Google as part of an ongoing effort to preserve the 
information in books and make it universally accessible. 


Google books 


https://books.google.com 


Google 


À propos de ce livre 


Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec 
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en 
ligne. 


Ce livre étant relativement ancien, 1l n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont 
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 
trop souvent difficilement accessibles au public. 


Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. 


Consignes d’utilisation 


Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 


Nous vous demandons également de: 


+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 


+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. S1 vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 


+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 


+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère. 


À propos du service Google Recherche de Livres 


En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frangais, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 


des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http : //books.gqoogle.com 


v 


SOCIÉTÉ ROYALE 


Gap messes 


* 


“+ 


QT 


MÉMOIRES 


DE LA Le 


SOCIÉTÉ ROYALE 
D'ARRAS. d 


POUR L’ENCOURAGEMENT DES SCIENCES, 
DES LETTRES ET DES ARTS. 


SÉANCE PUBLIQUE 
DU 26 AOUT 1823. 


ARRAS, | 
TOPINO, Libraire, rue St.-Aubert. 


BEEN 


De l'Imprimerie d'Edmond Bouray, Imprimear 
de la Préfecture et de la Société, 


1824. 


Lo 


LA 
+ 
, 
ë 
à 
< r. 


% 


Lg. ARLES je à ” ATEN “ne Ty LES LAVER AUEN 


Ana 


SÉANCE PUBLIQUE 


Du 26 AourT 1823. 


- 


me -e-uuere cn 


DISCOURS D'OUVERTURE 
Par Mx THELLIER DE SANS, Caancrrtra, 
| ! mOi s— 


." E repréite the vivement que l'absence du 
digne Président de la Société nous enlève le pré- 
_cieux aväntage de l’éntendre en ce jour, et les 
regrets que j'éprouvé sont d'autant plus réels que 
je sens combien il me serait difficile de le rem- 
: placer dignement ; aus je dois m acquitter du 
devoir que vos. suffrages m'ont imposé, et 
j'ai droit à ce titre de compter sur votre indul: 
pos | L | . 


(2) 

Chaque année nous venons à cette époque au 
milieu des fêtes que nous célébrons dans cette 
ville, en mémoire de l’événement heureux qui 
nous a conservé le beau nom de Français, nous 
venons , en décernant les palmes que nous avons 
accordées, rendre compte en même tems de nos 
travaux et des efforts que nous ne cessons de 
faire pour répondre au but de notre institution. 


Répandre le goût des sciences, des lettres et 
des arts, voilà l’objet que nous nous proposerons 
sans cesse, persuadés, malgré les brillans so- 
phismes d’un illustre écrivain que les sciences et 
les lettres ne peuvent que contribuer au bonheur 
des hommes ; qu’elles sont même utiles pour le 
maintien de la religion et la tranquillité de l’état ; 
en effet, l'homme vraiment éclairé s’attachera 
plus particulièrement à la religion, cette pre- 
“mière base de la société, se soumettra à ses 
dogmes sacrés également par conviction et par 
‘amour : il cramdra d'y porter la plus légère at-+ 
teinte, lorsqu'il se rappellera les maux innom- 

‘brables que l’impiété a attirés sur notre belle 
Patrie et dont nous avons été pendant un grand 
 nonibre d'années les malheureuses victimes, 


Ce que je dis de la religion s'applique dans 


(C3) 
Fordre politique au principe également conser- 
vateur de la légitimité. En comparant le repos 
dont nous jouissons depuis que la divine pro- 
vidence a rendu à nos vœux cette Famille Au- 
guste à laquelle sont attachées les destinées de 
la France, aux troubles qui ont. agité pendant 
si longtems ce royaume, dans l’absence de son 
Roi, noüs demreurerons convaincus que ce re- 
tour, objet de tant de vœux , était le seul moyen 
de rappeler parmi nous la paix et le bonheur, 
de nous ramener à l'amour des sciences , des 
lettres et des arts, qui adoucissent les mœurs 
et font le charme de la vie ; et nous nous souviens 
drons toujours avec recormaissance que c’est à 
notre Auguste Monarque que nous devons le ré- 
tablissement de cette Société qui a succédé à l’an- 
cienne Académie d’Arras, si justement célèbre 
et qui à laissé non-seulement dans cette ville ; 
mais dans toute la province d'imposans souve- 
nirs. Nous mous efforcerons de marcher sur les 
traces de nos devanciers, en inspirant le goût 
des études, en propageant les saines doctrines ; 
en cherchant enfin à améliorer Île sort de nos 
concitoyens ; heureux d’être secondés dans ce 
noble dessein par la protection éclairée du pre- 
mier Magistrat de ce département, dont le nom 
seul est un éloge et dont l’administçation sage et 


4) 
paternelle nous fait bénir chaque jour davantage 
le choix de Sa Majesté. 


_ Parmi les arts, il en est un surtout qui doit 
attirer toute notre attention, puisqu il contribue 
si puissamment à la prospérité de l'État et au 
bonheur des individus : ici, Messieurs , vous avez 
déjà nommé l'Agriculture, cette première source 
de toutes richesses. Quoique sous un grand 
nombre de rapports notre département n'ait rien 
a envier à cel égard aux autres départemens du 
royaume , nous pensons néanmoins que la cul- 
ture des terres est encore susceptible de beau- 
COUP d'améliorations | | principalement dans x 
arrondissemens de Boulogne et de St. Pol, 
que l’on peut espérer de voir par la suite, sinon 
détruire entièrement, du moins diminuer le 
grand nombre de jachères qui affligent les re- 
gards particulièrement dans les deux arrondisse- 
mens que je viens de nomnmier. Quoiqu' il en soit , 


nous osons espérer du moins que nous n° aurons 


pas en vain fait un nouvel appel à ceux qui s’ ap- 
pliquent à l'étude de cette branche importante 
des connaissances humaines, 


Îl serait sans doute superflu que je vous rap+ 
pellasse combien l'agriculture a été honorée dans 
fous. les siècles. Les peuples de. l'antiquité pla: 


TT — 


| 65) 

çaient au rang des dieux ceux qu’ils croyaient 
avoir été les inventeurs de ce premier des arts} 
Osiris , en Egypte; Cérès , dans la Grèce ; Janus , 
chez les Latins , en sont des exemples. Les Rois 
ne dédaignèrent pas d’exercer cet art : le pre- 
mier objet du Législateur des Romains fut l'agri- 
culture ; les premiers de ces peuples furent labour 
reurs. Dans les premiers tems et les beaux jours 
de Rome, l’agriculture était dans la plus haute 
estime et dans la distinction des citoyens Ro- 
mains , les plus considérables , les plus distin- 
gués furent ceux qui formaient les tribus TUSr 
tiques. Cicéron écrivait qu *l n'y avait rien de 
plus beau, de plus utile que l'agriculture, ni de 
plus digne d'occuper les loisirs du peuple Ro- 
main. Constantin-le-Grand ordonna aux receveurs 
des deniers publics, sous peine de mort, de 
laisser en paix le labourenr indigenit. Tout le 
monde st en quel honneur l'agriculture est 
dans la Chine. Il est tes que le Français avide de 
tous les genres de gloire , tourne ses regards vers 
gette branche féconde de la prospérité nationale. 


Avant de terminer, qu'il me soit permis de 
déplorer avec vous la perte que nous avons faite, 
cette année, de M. le baron Deslyons, l’un des 
membres honoraires de cette Société. Il appar- 


C6) 
tenait à l’ancienne Académie d'Arras, où à 
se fit connaître par plusieurs mémoires qu'il 
publia sur les antiquités de la province d’Artois 
et les différens peuples qui l’ont habitée succes- 
sivement ; l’âge n'avait pu ralentir son zèle, et 
lorsque la mort l’a frappé il s’occupait encore 
d'un ouvrage sur l’histoire de notre pays; es- 
pérons que s’il a eu Île loisir de l’achever, ses 
enfans ne nous priveront pas des derniers tra- 
vaux de notre digne collégue. 


La mort vient de nous enlever également M. 
Je prince de Béthune-Hesdigneul , autre membre 
honoraire de la Société , connu aussi d'une ma- 
nière très -ayantageuse à l’ancienne Académie 


d'Arras. 


Nous aimons de nouveau à le proclamer ; nous 
avons contracté de grandes obligations : le desir 
d’être utiles nous les fera remplir’, «et si nos ef- 
forts sont couronnés du succès , nous serons trop 
heureux d’avoir pu contribuer au bien-être de 
nos concitoyens : nous répondrons ainsi aux vues 
bienfaisantes d'un Prince dont tous les momens 
sont consacrés au bonheur de ses Sujets et dont 
la noble ambition est de consolider et de per- 
fectionner les institutions que sa haute sagesse 
nous à DonnEes | | | 


C7) 
‘Je laisse maintenant à notre Secrétaire per: 
pétuel le soin de vous rendre compte des tra- 
vaux auxquels nous nous sommes livrés pendant 
le cours de cetie année , et depuis notre der- 
nière séance publique. 


68) 


RAPPORT 
SUñ | 
LES TRAVAUX DE LA SOCIÈTÉ 
ran 


M: T. CoRNILLE, SECRÉTAIRE PERPÉTUEL. 
ES 


MESSIEURS; 


| or que j'ai l'honneur de vous pré- 
senter, est céllé dés Sois qüé Vous multipliez 
pour répandre parmi vos concitoyeus les lumières 
et les connaissances qui provoquent ou font ac- 
cepter les découvertes utiles : sans elles les amés 
borations en quelque genre que ce soit devien- 
draient impossibles ; il ne faudrait même plus 
espérer d'augmentation ni dans la prospérité du 
pays, ni dans le bonheur de ses habitans. 


_ Lorsque je prends Îa parole en votre nom ; 
je n’ignore pas que ce doit être uniquement pour 
rendre compte de vos travaux ; je me renfermerat 


(C9 ) | 
donc exclusivernent dans les :attributions qui mé 
sont données, .et.ne retarderai paint par des .di- 
_gressions.étrangères, l'intérêt que doivent.inspirer 
d’antres lectures auxquelles. cette séance est aussi 
consacrée ; je.me ‘hâte d'entrer ,dans :mon :sujet. 


Le PARTIE. — SCIENCES. 


MÉTÉOROLOGIE. 


Nous. -vous disigns. la année dernière FA se 
fait intéressant de connaître jusqu'à quel .point 
la :secousse atmosphérique .qni à produit, ,le 24 
au 25 décembre 821, d'abaissement :subit du 
baromètre ,.ayait été simultanée ,.parce que :nops 
étions,convaincus.qu'i existe peu. de. phénomènes 
dont:les -conséquences , puissent ‘être plus. impor- 
tantes , et: l'explication Soit plus difcile. | 


Cette réflexion a inspiré : à nes membres 
dela Société l’idée de:faire ‘des recherches, et 
fe prendre à ce sujet :de nouvelles .informa- 
tions. Ïs vous ont communiqué les unes ;pt 
les autres.:Il en résulte effectivement. que cette 
dépression barométrique s'est fait sentir :prea- 
qu'en .même -tems dans :foutes les régions: Cés 
grandes modifications aïmosphériques :qu'on 

| ui à 


(ro) 
trouve très-rarement l’occasion d'observer, ont 
paru d'autant plus difficiles à expliquer, qu’elles 
ont eu lieu par des tems si calmes, qu'aucun mou- 
vement de translation de l'air ne semblait devoir 
les occasionner d’une manière aussi générale. 


Un autre fait non moins digne d'attention, 
n'a point échappé à nos collégues, c’est celui 
de l'élévation de la température plus qu’extraor- 
dinaire pour la saison, et qui a eu lieu dans 
presque tous les pays en même temps que la 
Chûte du barométre. Ces deux phénomènes 
arrivés à la même heure sont-ils dus à la même 
influence ? la remarque faite dans beaucoup d’en- 
‘droits, d’éclairs-et de tonnerres, pendant ce pa- 
roxisme de l'atmosphère, semblerait rendre assez 
plausible l'explication qn'on a cherché à en don- 
ner, en-les attribuant à la grande rapidité des 
mouvemens de l’électrique. 


3. Les mêmes collégues en vous communiquant 
ces réflexions , vous faisaient encore appercevoir 
‘que l’année 182r, qui vous avait montré le. mini- 
:mum de la hauteur barométrique, se. distinguait 
‘également par le phénomène opposé : en effet 
‘le 6 février, le barométre atteignit une hauteur 
.non moins inconcevable ; la différence .de cette 


| (zx) 
pression atmosphérique entre les deux limites 
extrêmes d’oscillation barométrique naturelles en 
1821, correspondrait, à-peu-près , ainsi qu'il 
est dit dans un journal savant , à l’effet que pro- 
duirait sur le baromèêtre une ascension e 2,060 
pieds. 


# 


L'année 1822 présenta un fait météorologique 
moins extraordinaire à la vérité, mais heureu- 
sement assez rare dans nos contrées ; 1l est relatif 
à une trombe qui, le 6 juillet, fit sentir ses funestes 
“effets dans l'arrondissement de Si.-Omer, et vous 
a été retracé avec des détails circonstanciés par 
MM. Duhays et Desmarquois. 


I paraît que le six juillet à une heure et demie 
de l'après midi, des nuages venant de différens 
points se rassemblèrent avec précipitation dans 
la plaine d’Assonval, pour ne former qu’un seul 
nuage qui, tout--coup, obscurcit entièrement 
l’horison ; une vapeur épaisse, couleur de souffre 
en combustion, en sortit, descendit sur la terre 
et forma, en tournoyant avec une vitesse incon- : 
cevable, une masse oblongue de 30 pieds environ, 
s’éleva ensuite avec le bruit d'une bombe qui 
éclate , laissant sur la terre un enfoncement en 
. forme de bassin, de 20 à 25 pieds de EE | 
rence, 


C12) 

. Cette trombe suivait sa‘route à la’ manière d'un 
boulet qui frappe la terré et se relève ; plusieurs 
personnes assurent avoir vu'sôon: mouvement de 
rotation sur elle-même , et sortir de son centré 
des éclats de vapeurs, précédés d'une: lumière 
instantanée. 


” Après avoir exercé de grands ravages dans 
divers endroits , elle parut se diviser : une partie 
se dissipa dans les airs; l’autre chassée par un 
vent impétueux se dirigea vers Lillers ; bientôt 
affaiblie dans sa marche, elle se dissipa égale- 
ment , et le tonnerre qui n'avait cessé de gronder , 
cessa au même instant de se faire enfendre. 


. Jusqu'à présent les membres de la société qui 
s'occupent le plus dé météorologie ne s'étaient 
appliqués qu'à vous en' signaler les circonstances 
les plus intéréssantes. Vous aviez souvent ma: 
hifesté le désir de posséder des observations suis 
Viés ét raisonnées dont Putilité est si bien dé: 
montrée. Pour répondre à ce désir, M. de Missy; 
_ depuis le r..F janvier dernier à remis, chaque 
“fois, sur lé bugedn un tableau où les hauteurs 
du thermormiètre au-dessus ef au-dessoùs de Ra 
glacé; sent indiquées atec soin pour chaque jour, 
et où l’on trouve des remarques particulières sur 


” (13) 

chaque fait important qui. a pu:se présenter dans 
le mois; l'invention de ce genre de tableau 
appartient, il est vrai, à M. Francœur, mais 
M. de Missy y a apporté des. perfectionnemens 
qui le rendent plus précieux encoré, et ajoutent 
au mérite des: observations. 


ANTIQUITÉS. 

… Le zodiaque de Deridéra: qui péñidarit quelques 
tes a occupé plusieurs savans de l’Europe, 
a été pour M. Donop l’objet de réflexions écrites 
dans lesquelles. il rappelle Fopinion émise pat 
M. Biot dans un mémoire lu à l'institut; les 
discussions savantes de MM. Jomard et Cham- 
pollion le jeune ; les recherches aussi curieuses 
qu’intéressantes de MM. Helma, Fourrier et 
Sickler, et s’attaclie à démontrer Pincertitude 
qu règne encore sur l’époque à laquelle on 
doit faire reménter ce précreux monument 
des connaissances astronomiques des anciens 
Egyptiens. 


M. Donop dans ce même écrit envisage Île 
voyagé de M. Caillaud dans la grande Oasis sous 
le-ræpport des découvertes heureuses qui én ent 
“été le fruit; il y parle également des véyages et- 


Cr4) 
trepris depuis le mois d'avril r822 sur les bords 
dn Nil, et fait des vœux pour que de nouveaux 


_ voyageurs soient assez heureux pour découvrir 


de nouvelles inscriptions hyérogliphiques, afin 
que M. Champollion le jeune puisse, à l’aide de 
son alphabet, exercer sa sagacité à les traduire, 
et à nous en faire connaître le sens, le but et 


l'âge. 


Espérons, âvec notre collégue, que l’usage de 
cet alphabet dissipera l'obscurité qui couvre en- 
core à nos yeux l’époque de l'édification ou du 
rétablissement des anciens monumens de l'Égypte. 


PYROTHECHNIE.. 


Anciens artifices de guerre. 


Ï y a vingt-cinq ans qu’un accident arrivé dans 
Ja maison occupée aujourd’hui par M. Jean-Baptiste 
Désir, révéla l'existence de pièces d'artifices fort 
anciennes, trouvées dans le fonds d’un puits qui 
avait été comblé, | 


En vidant ce puits, le feu se communiqua à l’une 
d'elles, il y eut explosion; un ouvrier en fut 


la victime. 


(15) 

À la suite de cet accident, ces pièces d’arti- 
fices furent transportées dans les souterrains de 
la mairie, d’où notre collégue M. Cot en fit tirer 
deux de nature différente, l’une noire; l’autre 
jaune, pour les soumettre à votre examen. 


_ Îl résulte du rapport qui vous a été présenté 
pour la partie d'artillerie par M. Faille, que l’une 
et l’autre de ces pièces d'artifices étaient connues 
sous le nom de balles à feu, qui se projetaient 
sur l’assiégeant soit pour éclairer les travaux 
exécutés par lui pendant la nuit, soit pour in- 
cendier ses magasins ; que dans l’une on devait 
mettre des grenades chargées pour donner de la 
pesanteur à ce projectile et disperser la matièré 
enflammée lorsqu'il éclate; que dans l’autre on 
devait placer des bouts de canon de fusil ou 
de pistolet chargés de balles, afin d’écarter ceux 
qui auraient voulu les-éteindre. Cependant on n’a 
trouvé dans aucune ni grenade, ni bout de 
Canon. CL Cas | 

L'analyse chimique a donné les produits 
SUIYANS : | 

Pour la balle noire : quatre grammes de ma- 


tière résmeuse; douze de nitrate de eee ; 
buit de charbon ; huit de soufre. 


(16 
: Pour:la balle jaune : deux grammes. de matière 
résineuse ; huit de :nitrale de potasse.; six .de 
soufre. 


Ainsi la différence la plus essentielle existante 
entre la balle noire et la balle jaune, est que 
çelle-ci contient -yne’ assez grande quantité de 
charbon, tandis qu'il.n’y en.a pas dans J’antre. 


La combustion de la balle jaune est beaucoup 
plus vive, ce qui s'explique par la proportion 
considérable de.nitrate qui s’y trouve. 


‘Quelles qu’aient été vos recherches, vous n’avez 
pu fixer d'une manière certaine l’époque de la 
confection de ces artifices ; cependant tout a dà 
vous faire penser qu'il faut la remonter au tems 
du siège d'Arras, arrivé en 1654. - 


ARCHÉOLOGIE. 


L'origine des villes et des lieux habités ne. peut 
se découvrir qu'eu perçant à travers une. nuit 
profonde ; les traditions au lieu d’être un guide 
sûr ne servent ordinairement qu'à égarer; la vé- 
rité est .environnée d'erreurs -qu’il est d'autant 
plus difficile d'éviter, qu'elles sont souvent ac- 
créditées par le tems; ces difiçultés toujours 


ee 


féndistanies ,cès Échcils sans nbiibte n'ont as 
découragé, ni ralenti le zèle de M. + 
lorsqu'il a entrepris l’essai ( dotit il vous a fait 
hommage ) sur l’origine. et l'ahtiqüité des :comt 
mures du département du Pas-de-Calais. 4 
Pour composer cet essai M Harbaville na 
trouvé que frès-peu de lumières dis ‘es 
monumens historiques ; à a dû seche à 
avdir recours auk étÿ mologies boit ne pas s’é 
garer il a consulté les tems et les: Hedx;-A fie 
de cette méthode il a pu classer les lieux par 
ordre de tea, tt &eloh leé diverses périôdes 
politiques par Jequéles le ; pays à 4 passé: Nr. 


Son ouvrage est donc divisé en phusiénrs pet 
ques ; le nombre et la nature des établissemens 
“qui $é rapporteïlt à Chatuné d élles, donnent ne 
4dèe précise de l'état du ps. de L dtété ” 
Le progrès de K ciibatioht. ue 

TO ne STE 

“La is re est tnte à l’arrivée 
a Romains: dans, les: Gaules, : ra 5110 


si: RE TELE 


c! : 
Pp detiiêtné , ‘depuis eh 5 #4 


540 fic: ‘9 et dy 
mains jusqu’à l’ufäsion dés _—— | 


: 


NE 


Là krôisiié À , depuis l'nvaston des a CR 
‘46 jusqu’ au he sièclé, er 
3 


(18) 
La quatrième, ne l'an goo jusqu ’au dou- 
rième siècle. | 


* L'auteur attribue au 6 our des Romains dans 
le pays des Atrébates et des Morins les plus 
heureux changemens sous le rapport de l'agricals 
ture, de l'industrie et de la civilisation. | 


1 pense que Îles habitations encloses et isolées 
des Francs ( appélées Curtis ), ont ‘été le noyau 
de la. plüpart .des us dont u est ail dans 
a dissertation. | à 
© M. Harbaville est loin d'affirmer que toutes les 
étymologies auxquelles il a eu recours, sont exac 
tement en rapport àvec les circonstances > qu'il : 
‘eur assigne. | Porte 


© Pour justifier celles qui pourraient paraitre for- 
cées ou hasardées,, il observe que les seules choses 
ui, selon lui, doivent et. puissent guider l’étymos 
logiste sont : le génie des langues ; leurs rapports 
entre elles ; les altérations et changemens qu'elles 
_ ont subis aux différentes. époques de la civi- 

sation ; la relation des noms avec les D 
et les circonstances politiques. … 


Cet écrit qu'on ne peut sidi que par me 
‘ecturè réfléchie, et qi ; ee des 


| ( 19 L | 
DEN les plus multipliées, a éxigé u uné êtde 
profonde des tems, des choses et des lieux : 
contient l’étymologie de quatre cent dix communes. 
On regrette de ne pas y voir figurer la nomen- 
clature d’un grand nombre de villages des arron- 
dissemens de St.-Omer, Boulogne et Béthune 
mais il parait qu'elle a présenté des difficultés 
insurmontables à cause. du mélange des racines 
celtiques avec la terminaison de plusieurs idiômes 
très-dificiles à connaître. ee 


.… Les dernières réflexions de l’auteur sur les éty: 
mologies annoncent qu’il n’a adopté celles qu'il 
indique qu'avec la plus grande réserve et une 
extrême précaution. . 


BOTANIQUE. 


+ ui A nt Gi ii de te païtée | 
culière, dans laquelle on se soit plu à décrire lés 
fleurs de ëhaque canton, en suivant la nue 
Lun Lu de M. de Eamarck. CR. 


Les départemens du nord de la France et sug- 
fout la Belgique, ont eu aussi leurs botanagraphes, : 
parmi lesquels il faut placer au premier Pre 
notre compatriate M. Lestihoudois. : | 


+ Quelles qu'aient été les recherches Lu 


À 2° > 

miers , is n ont pu, réussir À à nous faire connaître 
toutes Îes richesses végétales qui Pare € et ‘en | 
bellissent r noÿ provinces. PNR | 

© Pour remplir autant que possible les lacunes 
‘que ces auteurs’ ont: Jaissées dans Jeurs écrits , 
M. Desmazières ; ‘de Lille, membre correspon* 
‘dant, a ‘fait paraître un ouvrage qui contient lè 
‘Catalogue raisonné des plantés indigènes qui. ont 
‘échappé aux invéstigations de ses prédéces” 
pars . | 


+ Avant: de livrer cet ouvrage à l'impressién 
M: Desmazières vous avaif déjà adressé une not 
ice sur les lycoperdon: dé Einné, et sût une 
nouvelle espèce de carpobolus ; Mficheb. :. " ? 


Plein de respect et d'admiration pour l’im- 
mortel Linpé,: notre collégue ne cherche: point à 
Afétacher le moindre fleuron de sa cogronne il 
se plait, au contraire à lui rendre. fous les -hon- 
neurs qui lui sont ‘dûs, mais il fait remarquer 
avec raison, que depuis l'é l’époque à laquelle le na- 
Auraliste Siddôis ” a publi k° vingt - quatrième 
lasse de son systéme, “üu ‘sà cryptogamie , 
s'est’ opéré une’ “révolution totale dans la mak 
nière d'envisager es pe: bi elle” ren 


| ne Pi EE de eu ne 2 
dérpne., PUS MECS Pare UE . 1.5) 44 S PR + : 
- ù “4 


D 


( 21 } 
M Demers après ayolr-obsetvé mr’ + 
prganisatiqn aussi. variée présentait.pae série du 
caractères propres à établir non-seulement :dg 
gouveaux genres ,: mais, encore plusieure ordres 
paturels, parle des deux.ordres coniegant trenis 
et un genres , sous lesquels M. Persoon, dans 
son synopsis fungorum , a placé les lycoperdon 
de Linné ; il pense que eelte classification est 
encore insuffisante et doit être susceptible de sous< 
divisions. D'après les considérations qu'il! éet, 
san.avis sexait donc d'établir quatre ordres dant 
Jui, viendraiept se ranger plus naturellement leg 
gspèces du genre lycopèrdps:de Eiané, ainsi qne 
tous les genres des deux ordres dont on vient 
ge paske D ne £ | 
‘y s'ocpape eng. aérilemeot du gévie cat | 
pobos, et en ‘attribue la NES à ns 
qui l'aurait ainsi nommé. À | 
s t M a he 
(Ja sil des és at empires qui come 
posent, , quant-à-nrésent ce genre , est appelé 
dyrcoperdon çarnobolus, par Vinné, et sphæroholas 
stellatua, par Tode ; la seconde désignée par 
M. Desmarières , sons le nont-de camnohahss-cfiioz 
Rhone à WE DM, core été :décrite, elle a 


Gi 
| faratssaieht inévitables et devoir . nes re 
Ehafnénhént le malade. 


: 


CHIMIE APPLIQUÉE À LA pntsiéroëik. ee 


, Deux savans de Genève, MM. Préro. et 
IMas-, 8e. Sont occupés de l’eramen. microôs- 
copique du sang, et de son action dans les divers 
phénomènes de la vie. Leur travail a paru si 
important | à M. Donop qu'il vous.a remis, aussitôt 
pn, essai ‘dans Jeguelil cherche à démontrer com- 
bien cette déconverte doit présenter d'avantage 
sous les rapports pathologiques, par: les. résul- 
jats. .que la: médecine ‘peut en: retirer -pout ÿé- 
gonnaitre. les, causes de divers accidens PR 
logiques et les soulagemens. a RU parait qu'on 
pourra procurer aux malades, soit dans l'hy- 
dropisie générale: et l'hématose, .soit . dans 
certaines . affections. telles que Ja goutte et la 
pierre : les réflexigns: de.notre rollégue prouvent 
combien il est: à. ‘desirer que, MM. Prévost et 
)hmas. se. livrent à de nouvelles. expériences ist 
da ag canal au. épis dun DEL 


DE PE 


.. 4 PE ouia ” ve probe 
Ras üti été Contiinées * avec Ptrsévétänee: * 


(25) 


Plusieurs dès émissions qué vous àvez noms 


mées pour prépare l’ouvragé dont-vous vois . 
occupez, ont présenté leurs Poe 


Er 0 un 


M Leducq a déjà remis ; eur ce sujet , “un tras 
vail. ane qu'il a divisé. € en phases articles: 


æ 


Le 1er, sous. le titre de Notices Héslonigres , 
rappelle les troubles qui ont eu lieu en 1578; 
ainsi que les calamités que les Artésiens ont foi 
bird ên 1339; 1355 et 136g. . 7 7"... 


é ous : + 
e | …. p. 


'Cé article renfer ‘mé aussi des remarques d' une 
éertainé étendue sur l'histoire 4 én, général, et sur 
l'histoire éécléstästiqué. en  paiculier; il contient | 


A+ ss. 


à la : Protinée où relatifs à des personnages 


Lé EX ärtiéle intitulé : tnsuëliois publique , ; 
“Énoncé qu'en 1757 or avait futihé À ‘Arras dre 
“ééole d'anatontié ; et qu en 197 es États aVäïert 
‘tésolu’ d'en’ établir time ‘pui Pinéiruchon dés aë- 


‘coucheusès dés. Villés-et “des fathipagties ‘dé là 
province. | | 


: Deux ‘autres érticlés” off ptint" objet fun. les 
“eaux minérales : de Se “Afnakd ; l'äutre là topo 
graphie, PR moe + SO JE RAR EREERES ‘ 


4 


Ça 26 ) 
MX. Herbet et Duchateau vous ont nas des 
faits de chronique et d'histoire. RE 


La ville d'Arras , Si Pa oable par les évé- 
nemens qui y sont:arrivés, et par les établis- 
semens. que l’industrie de ses habitans y avait 
formés , a été le principal objet d'un rapport que 
MM. Thellier de Sars et Harbaville “vous e 


‘hgnpail 


Pendant que, dans le sein. hs de la Société: 
vous vous livrigz à ces essais historiques, M. Scou- 
rion, membre correspondant, parcourait les an- 
ciens comptes de la ville de Brüges, et recueillait : 
les mentions assez remarquables qui pouvaient 
avoir “quelque rapport avec la ville d'Arras. ; 


Il vous a fait parvenir celles iso dans 
les comptes de 1290. et 1340 ; elles prouvent qu'à 
ces époques la ville d'Arras était déjà bien floris- 
sante, puisqu' il y existait des hommes qui exer-: 
çaient avec talent les arts libéraux . et des négo- 
Sians qui faisaient un fréquent usage a Lis 

de change. | | 


: M. Scourion. assure .que ; si | dans les villes 


importantes comme la nôtre, il se trouvait des 
personnes qui voulussent parcourir les anciens 


\ 
ne: 


C27) | 
_ comptés, elles seraïént bien dédommagées dé léwrs 
- peines par les découvertes qu’elles y feraiemt. 
Il justifie cette opinion en citant les choses cu- 
rieuses et intéressantes pour l'histoire qu’il a ren- 
contrées dans les comptes. de la ville de Bruges. 


M. François père, Yous à envoyé un essal sui 
les submersions et leurs effets ; je n'artéterai 
pas votre attention sur ve mémoire , (d’ailleurs 
plein de’vues ütiles et de bonnes intentions ) , 
parcé que l’auteur l’a également adressé À lau- 
torité supérieure ; mais je la fixerai d'une mai 
mière spéciale en vous parlant de l'ouvrage de 
M. Philis, sur l'origine .du ministère. public , et 
| dont l'introduction vous à été lue. nn 


© Je ne ‘crois pas pouvoir mieux exprimer le 
prix ‘que vous attachez à un écrit de ce genre, 
qu’en disant, que c’eût été déjà avoir acquis des 
droits À votre reconnäissance, que de contevoñé 
cette grande idée d’un travail éminemment utilé 
et d'une exécution si difficile. 


_ Quand on considère oités de l'institution 
du ministère public, le grand nombre d’hommes 
qui se sont illustrés en en remplissant les fonctions 
délicates , le éourage qu'ils ont déplogé dans: de 
| grandes et périlleuses occasions, 02 Si En nER 


(28 ) 
que cette question est une des. plus Mb 
qui ait Jamais Été ie TES. .. 


‘Où la trouve encore la plus difficile quand on 
songe aux anciens monumens historiques qu'il 
est nécesèaire d' interroger et au peu de lumières 
qui s’y trouvent ; on convient alors qp’il faut boau- 
coup de sagacilé pour déçouvrir et fixer l'origine 
de cette belle institution, que le génie n’a pu 
nous donner, et qui est née du tems et du he- 
soin des bonnes lois. qui agite sans Cessg . les 
hommes... | - | 


Le fragment lu par M. Philis vous a fait ph 
vivement désirer que ses occupations‘ hi per- 
mettent d'achever cet écrit susceptible d'offrir un 
double intérêt : celui de nous fixer sur un peint 

très-obsçur de notre. histoire, et cet autre de pré 
senter le tableau des services que ‘le ministère 
public. a rendus par les hommes nfègres et cou- 
_ Fageux qui l ont honoré, 


IL. PARTIE — ARTS 


AGRICULTURE. 


ni n test. pas de préjugé plus funeste aux en 
àe l'agriculture ;que. l'opinion assez généralement 


C9) 
répandue parmi les häbitans-des ‘campagnes ; qu : 
pour réussir dans ce premier des arts, iln'est 


point nécessaire d’en étudier les régles, et qu'il | 


suffit de connaître, et de mettre en pratique les 
méthodes ais ie dans chaque saint 


| Ce préugé ‘est une des principales causes qi 
empéchent de tirer de la culture des terres tout 
le produit-possible. On ne le détruira qu'en ré 
pandant chez les habitans des campagnes l instru; 
tion qui, pour eux sur-tout, serait le premier 
. des bienfaits ; elle seule peut leur faire apprécier 
les nouvelles piioe et tes nouvelles D 
de culture, Fa $ 


‘En attendant, on ne doi guère remédier ÉE 
ce mal trop réel qu’en parlant à leurs yeux, “et 
avant tout, à leurs intérêts. 


+ 


… Ces motifs vous font sentir: depuis long-tenips 
Pa nécessité. de. vous livrer .vous mêmes: à diffé: 
rens essais de culture, afin d'en monirer les 
ann ” les Tee: 

“AS en Ra. VOUS : avez. er la is 
‘du blé cornu d’Afrique, du. grand maïs de Pen- 
Sylvañie, du pastel des teinturiers, de l'avoine 


de Philadelphie; de l'orge à. deux rangs, du. 


(3) 

frpment printañier, et de plusieurs autres espètes 
de graminées; vous avez aussi a là di 
see du bé , RS : É 

L orge. à Fe rates est très ad: ; dent 
décilitres ont été récoltés sur un terrein d'un 
détri cenfiare (ce qui férait trentc-deux hecto- 
tres , trente littes l'Hectare y, cependant les sé- 
dlietesses de l'année ävaient été peu favorables À 
id ns La demande de l'humidité. 

:: Le frôment si qui à beaucoup d'ana> 
ogie avbc le blé de Tangarock, et qui est aussi 
productif, a réussi parfaitement ; les chaleurs de 
: J'étén'ont pas mui à son développement. Vingt- 
deux. grains ont fourni avai s épis. : 


+ 
1,9 


Le blé de Tangarock offre chaque PA des 
wésoltats eheore plus satiséaisans ; VOS -espais tréi- 
iés en oni déjà mis une certaine quantéé à voiré 

cépostion. HS ed AA aps nu a 


Le pastel des teinturiers n’a | laissé rien Là de- 
ahér; & l'on pouvait en rende da semence 
plus Part fl dériendrait d'une eessoarce 
thcalculable dané les ünhées de grands froids sk 


préjudiables &hos prries artifiéiclles ; J'ex ed 


« 31 ) 
rience à démontré que donné en vert dl eft nb 
excellente nourriture pour les bestiaux. ‘: 


= L'avoine de Philadelphie offre des avantages. 
qu'on ne s’aurait trop indiquer ; après uné v& 
gétation, qui .s’est constamment maintemme , elle 
à surpassé en hauteur et'en force l'avoine blariche,: 
dite de Flandre, qu’on cultive généralement dabs 
cet arrondissement. Il paraît évident qu’à quantité 
nus de terréin elle donnerait phis de produit ; ; 

d’ailleurs la grosseur du grain, sa pesanteur et 
‘son abondance la rendent supérieure ; si sa paille 
convient peu pour fourrages, celle des autres 
ere” ii prés ente es DE 


TLicocsr 


Mc a été d'üne force: eitréordinaire ; ; Ë était 
“d'uné hauteur et d'une aspect imposant : er pro- 
“duit s’est trouvé être dans là | proportion d de mille 
trois | cers is quatre-vingt-un grains pour trois. L 


4, v 


Z'i" 


| “Cépeñdant, , “ paraît qe a cailturs d mas | 
quarantin” serait préférable ; parce que ses pro 
duits” sont ït plus € certains, | | 


L2 
Ts + "à , s 7 
À 


eus iQ sa 3 A Ji 2 4 


5! Vousipüsséder ; sur la culture de chactné de 
.æs graminées , : des instructions prévienses ; vous 


(a) 


des devèz; en “des partie, à M. Petit, de 
St.-Nicolas. | 


2 


«" Ce cultivateur’, dont le zèle ñe pent étre trop 
Joué, vous a:envoyé un mémoire détaillé renfep- 
Ananttoutes les observations que ses connaissances 
en théorie, et sa pratique fondée sur des expé- 
-Fiences raisoñnées lui ont fait. recueillir, 7 0 


1. devez ; à M. Harbaville, uñe notice se 
k culture du maïs de. Pensylvanie, il y-a joint 


Je compte de qnelques essais relatifs à d’autres 
céréales, , tin 


: Les renisélgiémens que vous avez obienus cetie 
année, et les observations que vous avez faites , 
“tous ont démoniré jusqu'à l'évidence que la 
“ciliure des plantes dont nous venons de vous 
jparler (le maïs excepté peut étre), pourrait s’ine 
trodnire facilement. dans nos contrées et offrirajt 
unè ressource’ incalculable ; sur-tout ‘après des 
hyvers, désastreux qui détruiraient plusieurs pro- 
: ‘ductions indigènes, Puissent : ‘ces. vérités arriver 
‘jusqu’ aux” ctltivaienrs et les’ ‘ convaincre ; : elles 
seraient pour eux une. Sourcé de prospérité. | 


| e Parmi les CR l'convieñdrait de-rendre 
_snelles. daps-nos: r dimats” il faut encore placer, 


‘ 


(33) | 
peut-être du premier rang, l’arachide ou pis- 
‘tache de terre (plante africine oléagineuse }, 
sur laquelle il vous a été fait un rapport étendu 
par M. de Missy. 


L’arachide fournit en France une huile limpide, 
inodore , moins grasse que l’huile d'olive la plus 
fine et égale à la meilleure d'Aix. 


La culture en est très-facile , il paraît même 
qu’il n’existerait pas un seul canton dans tout le 
royaume qui ne lui offrit un sol ‘et une exposis 
tion favorables. 


On lu: donne la double propriété de suppléer 
au défaut de récolte des ohviers , et de fournir 
dans.ses branches et ses feuilles un excellent 
fourrage. 


. Ces renseignemens vous ont séduits ; déjà vous 
avez demandé des semences que vous vous pro, 
posez de confier à laterre au mois d'avril prochain. 


Mais, il faut le dire à regret, tant que vos 
“expériences seront faites séparément par quelqués 
membres de la Société, elles n’obtiendront point 
Île caractère d'utilité et d’importance qu'il est-es- 
sentiel de leur donner; dans cette persuasion É | 
veus cherchez depuis quelque temps à vous pro- 
£urer un terrein d’une .certaine étendue ; sur 

| 5 | 


(34) | 

lequel, vous vous livreriez aux différens essais 
qui vous seraient inspirés par le désir des 
. amorations. 


Ne pouvant en obtenir un par des sacrifices, 
vous vous étiez adressés à l'autorité locale , pour 
la prier de meitre à votre disposition , et aux 
conditions qu'il conviendrait de vous imposer , 
une propriété communale que vous aviez cru libre 
et sans emploi. Le désir d'encourager et de se- 
conder vos efforts , n’a pu éette fois faire ac- 
cueillir, quant-à-présent, votre demande , et il est 
à craindre que vous ne puissiez vous livrer vous 


mêmes, cette année, aux expériences projetées. 


ÉCONOMIE RURALE. 


Un mémoire relatif à un mode de couverture 
imcombustible pour les habitations rurales , dif- 
férent de ceux qui vous ont été déjà indiqués, . 
vous à été soumis par M. Tillette - Mautors de 
Cambron. 


Ce mode est simple, les moyens de construc- 
tion sur-tout sont d’une extrême facilité et nul- 
lement dispendieux. 


Il consiste à verser successivement, sur chaque 
couche de paille placée et étendue de la ma- 
nière ordinaire , de l'argile délayée avec de l'eau; 


(35) | 
les couches de paille né doivent avoir que la 
moitié de l'épaisseur des couvertures ordinaires , 
c’est-à-dire , environ sépt à huit pouces et même 
un peu moins. : 


. Cette couverture est d’une grande solidité, 
di M. de Mautors, et se trouve également à 
l'abri du vent-et.du feu; elle n’est’ sujette À 
aucune autre réparation qu’à l'entretien du faîtage’ 
qui se fait avec de la boue ou de Li Len 


grasse. HE | . . 3 
M. Tillette de parle que après ses prôpres 


expériences , ‘et assure que dés couvertures sem- 
blables , par lui consiruites depuis cinq ans, D ‘ont | 
éprouvé aucune altération. 


Pour fortifier ses expériences particulières , 
il annonce que ce mode nouveau, pour la France ,: 
est connu et adopté .en Russie où l’on 3 eu sou-: 
vent l’ occasion de se convaincre de son effçacité:, 


* 


: En même - terms que vous veilliez à ce que 
l'habitant des campagnes ne soit pas sans cesse 
exposé à être la victime des crimes ou de la 
négligence, en cherchant à le garantir des in- 
cendies ; vous song:ez aussi à faire connaître les 
inconvéniens très-graves qui résultent du mode 
presque généralement adopté pour la constructién : 


, 


*. (36) 


des bergeries. Comment se fait-il qu’en voulant 
préserver les brebis des maladies auxquelles elles 
sont sujettes, on n'ait employé les moyens efficaces 
pour les leur danner toutes ? 


Un ouvrage, intitulé lÆgronome , veut que le 
plancher des bergeriés soit /ort bas et la fenétre 


fort petite, afin que ces animaux y soient plus 
chaudement. 


e 


Ce précepte à fait tout t le mal, il a été suivi 
exactement , peut-être précisément, parce qu'ik 
fallait faire tout le contraire. On renferme donc 
dans de chaudes étables et dans des bergeries 
étroites, presque sans ouverture et par-consé-. 
quent très-milsaines, des animaux nés pour 
vaguer sous le ciel. a | 


: C'est une absurdité qu’il faut combattre et dé- 
truire : avant tout il fallait connaître positivement 
VPétat des bergeries dans les arrondissemens 
voisins du notre, vous avez, à cet effet, nommé 

une commission dont le rapport doit vous être 
communiqué incessamment. 


INDUSTRIE. 


Il n'est aucun genre d'industrie qui vous-soit | 
” indifférent : tous les arts sont utiles, vous les 
_. aimez et encouragez tous ; ainsi, lorsque M.. 


(37 ). 
Wagner , Juthier à Arras, vous à informés. 
qu’il venait de construire un nouveau. piano avec 
les perfectionnemens et additions pour lesquels il 
a. obtenu des brevets du gouvernement, vous 
vous êtes empressés de nommer une commission 
pour examiner cet instrument. 


Lorsqu’ après le. rapport qui vous a été fait an. 
nom de cette commission, par M. Cot, vous, 
avez vu, dans M. Wagner, un artiste modeste, 
possédant toutes les connaissances de son art ; 
doué d'une intelligence précieuse et ayant apporté 
des perfectionnemens notables dans la partie prin- 
cipale de son étät ; vous avez voulu accroître : 
encore en lui le désir des recherches , et vous 
vous êtes plû à lui décerner une médaille d’en- 
couragement comme le juste prix de son talent ; 
et la récompense due aux progrès dont son art 
lui est redevable. 


NÉCROLOGIE. 


Je devrais maintenant vous entretenir des re: 
lations que vous avez établies avec la plüpart des 
sociétés d'encouragement , et des heureux effets 
qui en sont résultés, mais j'ai déjà excédé les 
limites imposées à la lecture de ce rapport, et 
je finis en remplissant un triste et saint devoir : 
celui de rappeler à la Société la perte qu'elk a 


” 


(38) ‘ 


faite par la mort de M. lé baron Deslyons , né 
à Arras, et décédé à Charleville, et d'exprimer 
la douleur qu’elle éprouve d’avoir laissé refroidir 
sa cendre sans lracer quelques lignes Dour rendre 
hommage à sa mémoire. 


Jusqu'ici privée de os positifs sur 
les derniers instans de la vie de M. Deslyons, 
la Société n’a pu rhême obtenir la cruelle satis- 
faction de faire lé juste ee _ ses vertus et 
. ses talens. 


| Ses EE à qui pouvaient ainsi s 'adoucir , se: 
sont augmentés par la privation de: cette unique. 
consolation réservée à ceux-qui, dans un collégue- 
respectable, voyaient encore un compatriéte qué 

a emporté avec lui l'estimie et l’anjitié de ses 
epacitoyen ens;: 5 


( 39 ) 


R APPOR T 
SUR LES CONCOURS 
DE L'ANNÉE 1823, 
FAIT A LA SÉANCE PUBLIQUE 
. Du 26 AoUT, | 
Pan Mit L'Assé HERBET, MEMBRE RÉSIDENT. 
Le. au désir que vous avez exprimé , je 
“vais, Messieurs , vous rendre compte de la ma- 
‘nière dont on a répondu aux ‘différentes ques- 
tions que vous aviez mises au concours. Si la 
maturité et la sage lenteur qui ont accompagné 
vos délibérations ne m'ont point permis de donner 
à ce rapport toute l'étendue et les agrémens qu'il 
‘semblait réclamer , il aura du moins le mérite 
de l’impartialité et celui d’être le fidèle interprète 
de vos sentimens. 


AGRICULTURE ET COMMERCE. . 


L’Agriculture et le Comnierce sont les ds 
premiers arts qi éveillent chaque année votre 


C4o ) 

sollicitude et sur lesquels vous. aurjez voulu pro 
clamer dans cette séance solennelle d’utiles ap- 
perçus. Animés par ce doux espoir, vous aviez 
demandé quelle est la situation agricole de ce 
département et quelles sont les améliorations 
dont elle est susceptible ; vous aviez également 
pensé qu'il serait satisfaisant pour cette vilke de 
trouver dans un ouvrage court et substantiel l’his- 
torique des anciennes manufactures d’Arras suivi 
de l'mdication raisonnée de celles qu’on pourrait 
ÿ établir aujourd’hui avec le plus d'apparence de 
succès : il est enfim une justice à vous rendre, 
c’est que rien n’a été négligé à cet -égard pour 

exciter l’émulation des concurrens et encourager 
‘leurs laborieuses recherches. Mais soit que leterme 
de rigueur fixé pour l'envoi des pièces ait paru 
trop rapproché, soit plutôt que la difficulté dr 
travail ait fait reculer ceux qni étaient en état 
de l'entreprendre, vos louables efforts n’ont 
‘point eu du moins pour le moment, les effets 
salutaires qu’on s’en était promis :.1l ne vous. 
reste que la gloire toujours flatteuse d’avoir voulu 
‘le bien, et le droit d'espérer que le jour n’est: 
pas éloigné où nous serons enfin plus heureux. 


| LITTÉRATURE. 
+ “Une autre question avait été offerte aux médi-. 
tätions des hommes observateurs ; elle était ain$i 


C4) 
conçue : Quelle fut sur la litéralure en gériéra} 
l'influence des Romans Français ou traduits de 
l'étranger qui ont eu le plus de di étérairé 
he le 19° siècle ? 


: Pour traiter avec “a antiré ce sujet, il fallait 


une plume habile, une sage réserve et de. 
l’érudition ; vous avez trouvé ces belles qualités. 


_ dans l’auteur de l'unique mémoire qui vous 
fut adressé, Voici seulement quelques imperfec+ 


tions que la Société a cru devoir rélever dans 
le mémoire précité; l’une, c'est que l’auteur 


s’est éloigné sans raison apparente des opinions 
avouées et les mieux établies sur l’origine des. 


ouvrages ns ainsi il ne fait remonter 


cette origine qu'aux 9.° et r0.° siècles, tandis que 


les critiques les plus versés dans cette matière 
s'accordent à la placer plus haut. Une autre 


obsérvation plus importante, c’est qu'on ne 


saurait partager le désir nianifesté dans cet 
écrit de voir relacher le principe d'unité d’äc- 


‘ fion., de tems et de lieux qu’on à coutume de 


\ 


demander à l'épopée ét surtoit à la tragédie: 
Nous pérsistons à croire avec le législateur du 
Parnasse Français que cette unité est vraiment 
nécéssaire , surtout dans ces sortes d'ouvrages ; 


pour que l'intellisenéé humaine, naturellement 
faiblé et-débilé, puisse mieux èn saisir et “pe 


6 


L | 


Lo, (4) 
préciér l'ensemble ; nous croyons que sans elle 
” où ne sautait goûter aussi bien les beautés poé- 
tiques du genre élevé. Enfin on pourrait se plain- 
dre de ce que l’auteur a laissé un certain vague 
dans ses conclusions et de ce qu'il passe trop 
rapidement sur plusieurs parties de son travail ; 
mais d’une autre part, il a racheté ces défauts par 
un rare talent. En général il défend avec intérêt et 
chaleur la cause des bonnes doctrines littéraires : 
les connaissances qu'il. montre , la pureté de sa 
diction , l’ordre méthodique qu'il s’est prescrit 
ét dont il ne s'est point écarté, sont autant de 
titres qui parlaient en .sa faveur: vous les avez 
trouvés sufhsans br li HUReE la palme pro- 
inise. | 


POÉSIE. . 


‘ J'arrive au sujet de poésie que vous aviez 
proposé : combattre un préjugé féroce qui, 
suivant l’expression du citoyen de Genève, met 
_ toutes les vertus à la pointe d’une épée, et 

n'est propre qu’à faire de braves scélérats ; un 
| préjugé qui défie toutes les lois divines et hu- 
 maines et outrage l’honneur en prétendant s’en 
_ appuyer ; en un mot combattre le duel, mais 
. par le sentiment plutôt que par le raisonnement, 
telle est l'invitation que vous aviez faite aux 


oo (8) 

Muses : elle a été parfaitement accueillie. Comme 
l’année dernière, une riche et agréable diversité 
s'est montrée dans les différens ouvrages que 
vous avez reçus; chacun même ayant pu suivre 
le genre pour lequel il se sentait le plus d’ins- 
piration; odes, épîtres, poëmes, discours , 
dialogues, tout jusqu’à la satyre a été mis en 
usage contre le duel, antique enfant de la bar- 
barie, et plus d’une fois, en lisant ces différentes 
productions, vous avez regretté de n’ayoir qu’une 
couronne à donner. 


Le n°1." offre un dialogue assez plaisant et quel- 
quefois burlesque qui porte pour épigraphe ces 
mots : Mitte gladium tuum in vaginam. Cet ou- 
vrage suppose de Îa finesse et de l’enjouement , 
mais il ne peut être regardé au fonds que comme 
la boutade d’uu homme d'esprit qui cherche à 
s’égayer sur une matière qui prêtait difhcilement 
_u mot pour rire : en le parcourant, une autre 

idée vous à frappé; c’est que le talent de l’auteur 
pe se soutient pas toujours ; il n’est pas donné à 
tout le monde, comme à Molière, de faire rire 
. longtems. | L 


. Le n.° 2 a voulu s’élever à hauteur de l’ode: 
nous y avons remarqué particulièrement les 
strophes suivantes : 


(44 
: Jusques à quand, furear ‘impie; | 
Dégradant les plus nobles cœurs 
Déchireras-tu ms patrie 
En immolant ses défenseurs ? 
Faut-il qu'un préjugé barbare 
Vomi des antres du Ténare, 
Déshonorant l'humaaité, 
Dégoûtant de sang et de crimes, 
Exige encore de ses victimes 


La louange et l'impunité? 


Que me diront pour ta défense 
Les partisans de tes horreurs ? 
Quelle est la loi, quelle est l'offense 
Qui puisse excuser leurs fureurs ? 
Qu'aux déserts un lion horrible 
D'un autre lion plus terrible 
. S'apprête à déchirer le sin, 
Le besoin grossier qui l'abuse - 
Peut au moins offrir pour excuse 


Un brutal amour où la fair. 
Ailleurs s'adressant au duelliste, il lui dit : 


Ouvres les pages de l'histoire, 
Eu Grèce, à Rome, des Païens 
Connurent-ils la fausse, gloire 


| C45) | 
- D'égorger leurs concitoyens 2. . 
D'un homme respectant la vies, 
Les ennemis de leur patrie 
_ Pouvaient seuls tomber sous leurs coups, 
Et sans occuper leur courage: ” 
© D'un faible et personnel outrage ,: 
Étaient-ils moins braves que mous ? ‘ 


On voit par cet extrait que le poète lyriqué à 
du mérite, de la noblesse dans les images ét 
de la facilité ; malheureusement il est loin d’être 
égal à lui-même : on trouve dans k suite de cette 
_ production une foule de ces lieux. communs qui 
annoncent toujours une certaine stérilité dans la 
pensée. Les observations qu'il présente sur les 
édits lancés par nos Rois contre le duel, sw 
_ Jes causes qui ont pu paralyser leur action , sur leé 
moyens à prendre pour y suppléer, peuvent 
renfermer de sages vues et d’excellens principes ; 
mais on conviendra sans peine que ceité espèce 


de discussion législative n’était pas du domaine 
‘de l'ode. 


Je ne m’étendrai pas sur le n.° suivant. Par 
une modestie peu commune, son auteur avait 
eu la bonté de nous avertir que son écrit d'étre 
lu serait même élonné; nous en avons pris con- 
naissance cependant, parce que tel était notre 


(46) 
devoir, et nous avons été parfaitersent de son 
avis. | 
Il n'en est pas de même du n° 4. Cet ou- 
vrage suppose un talent exercé. El est fâcheux 
que le poète m’ait pas rempli une des conditions 
rigoureuses du programme qui demandait au 
moins deux cents vers ; nous regreltons encore 
. que la forme épistolaire qu'il avait adoptée ne 
Qui ait pas permis de ces traits brülans qui en- 
trent profondément dans l'âme: du reste son 
introduction est belle, ses raisonnemens sont 
solides, et si l’on en excepte quelques négli- 
gences, son style est généralement pur, noble 
et intéressant. Nous ne citerons de lui qu'un 
. pisode qu’il a su habilement fondre dans som 
sujet. Il suppose un jeune chevalier romain qui, 
plein d’un courage impétueux, vint un jour pro- 
voquer un vieux centurion blanchi sous le casque. 
‘» Jeune homme, lui répond soù paisible adversaire, 

» Où va donc s'égarer tou aveugle colère ? 

n Dis-moi, le jour que Rome , au sein du champ de Mars, 
n T'a confié ce fer, appui de ses ramparts; 

» Est:ce du sang romain que ta jeune vaillance 
_» Fit sermient d’abieuver ton épée et ta lance? 

19 N'espères pas qu'ici, parjure citoyen, 

-n J'expose à tes fureurs les derniers flots du mien: 


a.Ce sang qui tant de fois à fui de mes blessures 


C4). 
# Pour se tarir sans fruit a des sources trop pures; 
n Il est à la patrie, et ses restes pieux 
» Couleront pour sa gloire et celle de nos dieux. 
» Ne crois pas cependant que ta vaine menace : 
=» De mon front vétéran ait pu glacer l'audace : 
» À l'ennemi demain on marche au point du jour; 
n C'est-là que ma fierté te provoque à son tour. 
n Voyons qui des Gaulois bravant le choc rapide 
» Portera dans leurs rangs un bras plus intrépide : 
» Du moins , si nous tombons, notre rivalité 


» Servira la patrie et non la vanité, 


. Le camp dormait en paix et l’aurore prochaine 
s Vit devatit l'ennemi planer l'aigle romaine, 

| _ Le jeune chevalier veut , avide d ‘exploits : 

Se frayer un passage au milieu des Gaulois ; ; 

Il frappe; il frappe encore; mais la foule ennemie, 
L'entoure ; et sa valeur va lui coûter la vie. 
Soudain , dans ce péril, le vieux centurion 

Le voit, renverse tout , combat comme un lion s 
Et loin du fier rival. que défend son courage, 


Son fer libérateur a détourné l'orage, 


Voilà, voilà l'honneur! conclut l'écrivain : ce 


seul morceau suffit pour vous le faire apprécier. 
/ 

_ Le n.° 5 ne saurait en aucune manière soutenir 

le parallèle avec le précédent. Il y a à la vérité 


(48) 


quelques ‘idéés dans ce poëme, qui a pour épi- 
graphe : Tout honneur avilit qui ne l'honore pas : 
elles sont même quelquefois assez bien rendues : 
mais l’auteur ne connait pas la rime, et il s’est 
permis des fautes de langue trop fortes et trop 
fréquentes pour qu'on puisse s'y arrêter plus 
lonstems. | 


Le n° 6 est intitulé : Discours en vers sur le 
Duel : plusieurs expressions triviales ou hazar- 
dées , des comparaisons qui DOiyeent être mieux 
choisies , assez souvent de ce qu’on appelle du 
remplissage , voilà ce qu'une critique sévère pour- 
rait lui reprocher; du reste l’auteur né manqué 
pas de sensibilité, de mouremens , de forcé e 
d'énergie. Aujourd’hui que nos mœurs , suivant 
sa pensée, ont dépouillé leur native rudesse , il 
s'étonne avec raison de nous voir encore dominés 
par le faux point d'honneur. On conçoit, dit-il, 
que des barbares... 


Des procès par le fer abrègent les lotigueurs ; 

Et sans interroger T'hémis et sa balancé 

: 4 la poinie du glxivé enlèvent leur sentence; 
Laissons cette justice et cés affreut procks se à 


Aux fils de Fou tatesss . Mais nous sommes de Lee oo 


-"Retontant à l’origine du duel , d'se demande i 


(49) 
Qui sema sur nos bords ce poison destructeur? 
“Quel 4 démon le nourrit ? le dirai-je? l'honneur. .. 
Eh! quoi! fl ‘honneur pour nous serait l'appas du crime] 
1 Rassurez- “vous, guerriers, élite mâgnauime 
Ce. n ‘est point. cet honneur qui produit les laurièrs ? 
| L honneur qui vous est cher, le dieu des chevaliers ; 
Mais: une. affreuse idole, un préjugé gothique 
Flétri depuis longtems et toujours tyranniques. 


Ce faux dieu s'éleva du sein de noç tournois, 


Nousne suivrons point le poète dans le déve- 
lost qu il donne à à cette dernière idée ; ce 
développement nous a paru gracieux. Bientôt il 
revient plus: directement à.s0n :sujet, et après 
| avoir opposé à..cette: irascibilité que. tout. effa- 


rouche l'exemple. sublime. de . l'Homme Dieu 
priant pour.ses bourreaux, .il.s’écrie : - , 


"Et! tu ne peux souffrir ‘une légèreinjuie : : 


“Aux flots de ton orgeuil superbe créature 


Il faut des flots "de sang...  ‘‘ 


-" Erxicore si le. duel n'était que l'effet d’un pre: 
“nier mouvèment, mais non ; © c'est de sang: froid 
que l'arme du dueltisté. 


LA 


e- 


S'enfonce dans le sein d un fils de la patrie; 


La vengeance a pesé ses calmes attentats 


Et la raison préside à des assassinats, . 


2 a. - 


7 


C5o ) 

Ni la voix puissante d'une ancienne amitié, 
ni les douleurs d’une jeune épouse qui a surpris 
le fatal secret, rien ne peut arréter les infor- 
tunées victimes d’un préjugé cruel... L'heure du 
rendez-vous a sonné — Les voilà sur l'arène. 


Malieureus! s'égorger et ne point se baïr; 
S'égovèer quand un mot pourrait les réunir : 
Ce mut coûte trop cher. ..... 


Bientôt le fer a prononcé ; c'est l’offensé qui 
succombe : qui ne s "écrierait alors avec le poète: 


Contemple t advre et jouis de ta dure 
- Mbrrstre. «. Mais poûles-tu les fruits de ta victoire? 
- Ton cœur tresadille-t=il de ces doux batteruens 
Qu'enfantent du suceès les purs énñivretsents ‘à 
Tu frémis. .. Ton regard silencieux et: sombre 
Se détourne et confus tu te caches dans l'ombre. …. 


Comme un vil scélérat. 


-. Noms. ne citérons plus de ee discours que f'en- 
“dvoit: où l’auteur fait vivement ressdrtir l’absur- 
. dité du duel par l’immortel exemple des naüons 
les plus valeureuses de l'antiquité; si la plâpart 
‘des concurrens ont fait usage de cette considé- 
ration, il en est peu qui l'aient fait valoir avec 
autant de bondteur: et d'énergie. | 


# 


C51) 
Reines des nations, illustres républiques 

Des Grecs, et des Romains cités patriotiqnes, 

Vit-on jamais, vit-on sus vos sacrés ramparis 
Les fils contre Jes fils aiguiser leurs poignards 2 

Vos soldats citoyens pour vuider leuxs querelles 
Allaient-ils de leur sang arroser les ruelles, 

Et par le vil abus des combats singuliers 

Prostituer le fer protecteur des foyers? 

Non , nou : les fils de Rome avaient une autre escrime, 
, Ses rivaux se piquaient d'un défi magnanime, 

A l'envi l’un de l'autre ils allaicnt aux combats ; 


Ils s'immortalisaient et ne s'égorgeaient pas, 


En résumé nous avons reconnu dans cet ou« 
vrage un pinceau mâle et vigoureux, souvent une 
touche brillante et coloriée : si on en excepte 
quelques négligences , il a été écrit sous l’inspi- 
ration d’un vrai talent. 


Les n.* 7, 8 et 9 n'ayant rien de bien frap: 
pant, si ce n’est des hors-d’œuvre et des défauts ; 
je passe au n.° 10 qui à pour titre : Dialogue 
entre ur officier et son ami. Ce n’est pas que ce 
dialogue, d’ailleurs trop court, soit fortement 
pensé; mais il est du moms élégamment écrit, et 


sous ce rapport 1l mérite, Messieurs, vos encou- 


ragemens. Le n.° 11 vient se placer dans un rang 
plus élevé. Pour donner plus de couleur et de vie 


(52) 
À ses tableaux, l’auteur a transporté la scène dans 
un cértain avenir qui ouvrait un champ-plus vaste 
aux fictions de sa muse. À cette’ époque que son 
imagination -a créée, il suppose qu'un sage dé- 
crive à quelques disciples choisis le fléau dont 
nous sommes D les témoins. 


Le duel (dit-il) est son nom, le sang est son hreuvage, 
Sæ victime, un ami, son prêtre, un assassin ,. . 
© La vengeance homicide habite dans son sein ; 

_ Sa puissance, san art, sa vie est de. détruire ; 
1! régne par le fer dont il tient son empire, 
Et souillé de forfaits sur un monceau de morts 
| étouffe en riant le blâme et Île remords. 

‘ Le sage continue , et parlant plus loin de l’im- 
punité du duelliste, il ajoute ; 


Rien ; rien ne dévougit sa tête aux échafauds; 
Que dis-je ? Environné de louanges stupides ; 
Beau de meurtre. et de sang, illustre d'homicides ; 
. D'un encens sacrilège il offensait le ciel, 

Âlors, malheur à l'homme exempt d'art et de fiel, 
Qui du juste et du vrai se faisant l'interprète, 
Permettait un reproche à sa ‘bouche indiscrèle ; 
La. franchise de suite appellait le trépas , : | 
Li mot trop mérité ne se pardonnait pas ; 


Pour un coup d'œil du sang... du sang pour uünñ sourires 


(53) 
Une parole, un geste, un rien savait proscrire’, ” 
Et la vérité même aux regards ingénus 


Fuyait le front voilé devant les glaives nus. 


Tandis que l'ami de l'humanité s’exprime de 
cette sorte, voici qu'un spectre hidenx s *échappe 
du fonds des abîmes ; on l'écoute... Il a plaidé 
la cause du duel, voyons avec quelle vigueur de 
logique le sage l’a bientôt confondu, — Un vil | 
insolent t'a outragé, eh! bien : : 


" S'il dit vrai, , change toi 
Sinon tu peux choisir le mépris ou la loi : 
Parle ; avons nous quitté la sauvage nature, 
Pour y rentrer sans cesse à la voix d’une injure ?. 
De la société le pouvoir protecteur 
N'est-ce qu'un mot stérile, uu appareil menteur ! 
. Et repoussant des lois le solennel refuge 
: Serasita seul , toi seul, bourreau, partie et juge? 
: J'entends:..., Les tribunaux tardent trop à punir ;. 
Ton avide. fureur ne veut point d'avenir, u 
Et l'instant de l'affront raconte la vengeance. 
— Mais, reprends-tu, le code .a négligé l'offense.. 
— Eh! bien ce que Thémis ne condamnerait pas 
Oses-tu le punir par un sanglant trépas ? 
Du crime un tort léger portera le supplice , 
: Æt ce lâche attentat tu veux qu'ou l'applaudisse:! 
.Crois-tu sur ‘quelques mots déjà. morts en ‘naissant 


(54) 
Jusüfier la main qui frappe l’innocent? . 
Nul ne méconnaîtra ce grossier stralagème, 
Ton plus graud ennemi, le sais-tu ?.. C'est toi-même. 
Qui s'estime en son cœur sourit aux vains propos 
Et ne leur permet point d'atteindre son repos. 


La voix des gens de bien consolait Aristide. 


Il n’en fallait pas davantage pour faire sentir 
aux disciples du nouveau Mentor dans quels 
rangs était la vérité; aussi en songeant à toute 
l'horreur du érime que éelai-ci leur avait dépeint, 
ils ne pouvaient concevoir que des peuples entiers . 
eussent autrefois sacrifié à l'eute/ d'une pareille 
coûtume, et ils se demandaient en tremblant si 
par hasard à eet âge l’homme vivait sans Dicu, 
sans avenir, sans consoience. Témoin du salutaire 
effet de ses .doctes leçons, l'auguste viedlard 
ÿ applaudit, et peur les confwmer. dans ces 
sentimens vertueux, il leur expose le fat de 
-deux amis , autrefois riches d'éjude, de jeunesse, 
et de courage, mais que le malheur d’un duel 

précipita dans un même tombeau, 


On ne peut contester que la marche de cet 
écrit ne-soit intéressante : le plan en est heu- 
_reux ; mais l'exécution ne l’est pas toujours; on - 
y voit même régner trésor j je ne sais quel 


(355) 

air de sécheresse. En sant cette production, 
nous avons pensé que l'esprit devait être eoù- 
vaincu sans peine: de Pabsüfdité et de l’infatnie 
du duel. (Eh! cexmént ne le serait-il pas? ) 
Mais nous avoits craint que le.cœur ne fût point 
très-vivement touché. Pourquer surtout cet épi 
sode qui, en couronnant les leçons de la sagesse 
devait laisser. dans l’âme deb auditeurs des mr 
pressions vives ef profondes , n'est-il point plis 
circonstancié, plus entrattant? Pourquoi n’y a-t- 
on pas vu de ces détails: pris dans la nature, 
qui vont droit à l’âme, ét qne les grands maîtres 
savent si bien apercevoir: et saisir ? En rendant 
hommage aux talens dé Fatteur, noës: avois 
dû lui faire observer qu'il n’a point donmié à 
ses idées l'étendue et le développement qu’elles 
semblaient réclamer : son écrit a plutôt le ca- 
ractère d’une. belle sil Mu rs - 
su celui: d'ur poëme. sé 

| Ce qui manque àk Me des ouvrages 
que nous venons d'étaminer, nous le trouvons 
enfin dans le x° 12%, espèce d’élégie inti- 
tulée : Le Dueliste. Peut: être l'auteur n'a point 
assez attaqué’ le duel dans. ses principes : il 
s'est peut être trop appesanti sur des détails 
accessoires; mais d'un autre côté combien son 
éloquence est pénétrante et persuasire Avec 


(56) 
quel art il nous apprend à détester ces combats 
féroces en nous en montrant les déplorables 
. suites! Paraît-il s’écarter un’ moment de son 
sujet? c’est pour y revenir bientôt. Nous. croyons 
rendre justice à ce poëme en disant qu’il. res- 
pire partout un sentiment vrai; le travail ne s'y 
fait pas sentir, et cependant la propriété des 
expressions ne l’abandonne ‘pas ; ses: pènséés 
«t son élocution sont d’une élégance qui n’exclut 
pas la force, enfin dans toutes les parties de 
son ouvrage le poëte a su répandre ‘une douce 
et vivifiante chaleur. On. voit d’abord ou plutôt 
‘on croit entendre les remords du duellisté..….….. 


Depuis as Eu il:a dl bien cher sa funeste 
victoire, . | 
| fotite, depuis. deux ans, la terre dévorante. 
Recèle dans son seit ‘MA victime innocénte ; ‘ Ds es 
Evvain ma honte et ines: dangers. :; 
M'ont fait errer longtems sur des hords. étrangers; 
| Gant) je revois ces lieux tout remplis de mon crime, 
‘ Je sens renaître : ma terreurs oi, n ; 
Le né du ciel et, me presse et. m'opprme , : 
Et malgré moi je retrouve mon cœar, '! 
"Oo Paris ! ‘qui jadis eut. pour mor tant de Fe ; 
Où les étres'chénts à qui je dois le jour $ 
”:Oët à mes premiers ‘ans prodigué’ tant: d' amour ». 


[3 


€ 
057) 
j :. Oh j'étais sans reproche et viysis sans allermes. ! 
52 Qui m'eùt dit qu'à l'aspect de ton. heureux séjour 
Mes grux se. rempliraient de larmes ? 
Bi ‘à -Fout-il que sous es murs at près de mon berteau, 
; 7, Ma inisin de mon semblable ait creuséle tombesn ? 
Faut liqu'un.sort cruel ait protégé mês grines 2 


Di. te ut e lt 

assassins 
Hé! il n ‘opposait à mon bouillant transport 

ee + Que la candeur d’une âme püréi 


Mais de: mes attentats j'ai comblé ‘a mesure, 
J'a “forcé svt sure à recevoir’ i mort 


2e est égalément bien touchante la peinture 
qu'il nous fait + derniers adieux de son inno- 


s ; Re ,. Lt 
Etüte viétithes RER, | 
+ LS dd ‘ni RS 
5 .s Bientôt, a voix s'éteint, san front se décolore ;. 


= EU son Qil terni ne voyæl plus.le cel, 
Et posr son assassin il l'imploraît: én6ore :. 

54 3 : ‘Jme tendait encorg lé main.....: 

it 41k ramimait pour moi sa. force défaillante, 


+ 


2. E le dernier. soupir échappé de son: sein HS 


% 


. "DRE mon D de sur sa bouche mourante. | 


Toute la suite de ces plaintes. nous a paru 
animée des mêmes sentimens.: Re Poursuivi 


ET 


(58) 

par ses remords, où ira donc le meurtrier 
dévorer l’amertume de ses. chagrins, et se 
dérober, s’il est possible, à un ciel accusa- 
teur ? Mélancolique «et pensif, il ira interroger la 
poussière des tombeaux... Ce lieu n'est pas plus 
triste que. son cœur ; et c’est là en même tems 
‘que la Providence lui ménageait une des scènes 
les plus attendrissantes qui existent et dont le 
dénouement va rouvrir toutes ses plaies. Ce bel 
épisode remplit le reste du poëme; on pourra 
l’apprécier par la lecture que voudra bien en 
donner un de nos honorables collégues. 


De tous les autres ouvrages nous n'avons, plus 
distingué que les a.” 16, 17 et 18. Dans le 19° 
beaucoup d'esprit brille à la vérité, mais l’auteur 
s’est contenté de montrer l'empire du préjugé ; 
il n’a rien fait pour le détruire.-Le 16. qui a 
pour épigraphe cette apostrophe : Oèvas-ts mal- 


heureux ? a une forme particulière. C'est un dia- 


logue dramatique assez bien conçu .et:qui a des 
endroits touchans ; seulement les discours ‘sont 
trop longs, souvent prosaïques , tt quelquefois 


. invraisemblables. Est-il d'usage, par exensple, 


que Mirville déjà sur le terrein, adresse de 
longues remontrances à son antagoniste avant-de 


se battre? Est-il croyable que Florval blessé à 


+ 


+ 


mort - parle- aussi PER qu'on le suppose 
avant d'expirer ?. 


‘ Le n.° 17 à plus de mérite; A une .. à 
un jeuñe militaire. Nous y avons remarqué le 
passage suivant où le poète s'indigne de l'impu- 
nité dont jouissent les spadassins de profession. 

Quand ( dit-il) le fils qui pressé par la seule misère, 

Dérobe un pain fartif pour nourrir son vieux pères 

A d'ignobles travaux par les lois condamné | 
_ Au banc du déshanneur va gémir enchaîné ; 

Ces meurtriers , parés de leur ignominie, 

Étaleront partout une audace impunie. 

Le vieillard dont leur rage immola les enfans ; L 

De leur coupable aspect subira les lourmens, | 
_ Et sa tremblante main dans la foule “égarée, | 


Rencontrera peut être une mai abhorrée, 


. Plus loin en supposant que son ami triomphe, 
il fait retenir d'avance au fonds de son cœur la 
voix puissante des remords. - 

-Malheur i à l’homicide ! une ombre vengeregse , 
De ses cris menaçans te poursuivra sans cesse ; 

Ses cris retentiront dans tes’ rêves. affreux : 

. ‘Jusqu'aux pieds des autels, jusqu'aux sein de tes jeux, 

* Debout à tes côtés, le fantôme -livide . 

-: Répéters : ‘malheur, malheur-2 l'homicide!- 


| ( 60 ) 

Une autre fois lui faisant envisager les suites: 
de sa défaite et de sa mort, s’il vient malheureu- 
sement à succomber - il lui adresse ces paroles | 
accablantes : . 


5 à NUS Gr à 
«: 3 5 tt ‘13: v. ; .©} L >» i 
_ | Songe à ta pauvre. mère, _ 
DES DR 
Le ciel sur ses vieux jours fait peser la misère ?. 
Mais ‘on amour lui reste. … Hh bien ! tu lui suffs, 


Pr LAN à | 


‘Le trésor d'une mère est le nr de son fils, 
Ingrat ! lorsqu’ envers toi prodigue ‘de tendresse, 
Sa main dans ton berceau balanca ta faiblesse, 
Tu veux de tes secours priver sei _ pas tremblans, 
Et d'un deuil éternel couvrir ses cheveux blancs! 
Tu deviens parricide : Ê ‘à peine o on lui révèle 
De ton soudain trépas la sanglante nouvelle, ; 

Je vois couler ses pleurs. … j ‘entends tonner ses cris, 
Je la vois s'élancer vers tes pâtes débris, 
Et murimurant ton not à sùn heure suprême, 

Sur ton corps expirant expirer elle-même. 

A cet affreux tableau si tu nt n'as pas frérni , 
Barbare , va mourir , ‘tu n'es” plus mon ami! 


Nous aurions désiré que tout le reste fût de 
la même forèe : mais il faut bien l'avouer, plu- 
sieurs endroits sont faïbles ét sdné couleur ; 
beaucoup d’idéés sont restées £ans: développe- 


\ 
/ 
; \ 


(65) 
ment sous la:plume-de l’écrivar; les conparai- 
sons qui s'y rencontrent: dés'dents de Cadmus, 
du bloc de marbre, pouvaient être mieux choisies; 
on désirerajt surtout dans le cours de cet ouvrage 
plus d’aisance, de clarté, de naturel : une versi- 
fication coulante est le ton essentiel de l’épître. 


Avant de terminer ce rapport , 'je dois, Mes- 
sieurs, ne pas ôublier le n.° r8. Ce poëine est 
intitulé : Rousseau et le Duelliste ; etil est digne 
de figurer parmi ceux qui ont quelque tems ba- 
lancé la victoire. C'est avec plaisir que vous y 
ævés: recorinu de la verte, de belles images, et 
un ton. soutenu de, dignité : pour me borner à 
une seule citation , le poëte ne s'est-il pas élevé 
à la hauteur de son sujet quand il place dans 
la bouche du Philosophe de Genève, parlant 
à un jeune homme égaré par le ressentiment , le 
tableau suivant d'un avenir vengeür ? 


essssessessosss Toi qui d'un front tranquille. 

Courais braver la mort, y chercher un asile, 
Jeune homme » as-tu percé cet immense avenir . 
Qui commence au tombeau pour ne jamais finir ?. 
As-tu d'un ciel obscur éclairci les nuages, 

_ Sonidé cet'océan suns fonds et sons rivages? ‘ 

… Œitcce un diéu de cléienee, est-cù un dieu de courroux; 

:" €e died drui nôus “atfénd, qui duit übus_joger tous? 


C62) 
-”" Eot-ce un jour de bonheur', estrce un'jour de vengennee; 
.” Le jour qui-doit finir ta fragile existence ? 
:" Tu n'en sais rien encore, jeune honime ; et tu pourrais 
© D'un destin inconnu devancer les arrêts, L 
" Craïis un: affreux réveil à ton heure fatele, 
* Crains de rentrer trop 1ôt dans la nuit sépulchrale. 
: Ah! moi-même courbé sous ‘un ‘doute accablant 
*: Au bord de mon tombeau, je m'arrête ets 
* Quelques faibles vertus me rassurent à peine, 


7" Et peut être, $ mou' Dieu, j'ai mérité ta ER 


Grand Dieu! quand les humairis‘au tribunal érntués 
 PÜes, dans la poussière à tes pieds prestérnés' ‘ 
Attendront de leur sort l'éternelle sentence s 
| Peut être en ce grand jour sigralant ta clémence : 
| De tes fils égarés excusant le alhéède. : | oi. 
Tu pourras pardonner l'ignorance ei l'erreur FN | 
Mais le cœur inhumain qui de vengeance avide 
Éteiguit ‘daus le sang une soif homicide, 
Mais le cœur qui n'a si pardonner un kon à 
Dieu vengeur, pourra-t-il pre le pardon? 


Non > mon file, non jamais, 


Dût voire décision paraïtre cruelle, le ton 
général de l'écrit vous. a-semblé: néanmoins :trop 
peu varié; .on voudrait que.sans.s’abaisser, la 


(63) 

inuse: du poète eft su quelquefois descendre. Le 
n.° 12, son rival, a moins de vigueur dans 
certains endroits, mais il a toujours plus de grâce 
et d'entraînement ; si l’un est plus brillant, plus 
porapéux , lauitré test d'une éloquencé plus facilè, 
On pourrait encore reprocher au n.° 18 moins 
de correction dans Île choix des épithètes, une 
rime négligée, ‘et une certaine obscurité dans le 
“éhonement ; ‘tes’ motifs vous ont déterminé , 

Messieurs , Lu ne “ki assignèr que la seconde 
plie 0 nn 
7 D'après l'exposé que l’on: vient d’entendre, R 
jugement de la Société doit ‘êtré connu : il.ne. 

reste plus qu’à déchirer le voile qui couvre encore , 
le nom des vainqueurs. Le n° 12 portant pour 
“épigraphé CES mots (Übt èst frater luus P à paru 
‘réunir te que Voù ‘devait surtout ‘désirer; vous - 
lui avez décerné le prit de poésie, et vous ac- 
cerdez une mentsan, honorable aux auteurs. de 
plusieurs autres: onvrages dns l'ordre suivant : 

n.* 18, 6, te à RS L 


C64 ) 


OMS DES AUTEURS 
oo “DONT LES OUVRAGES 


oué cormaés o aonianasharorablonns 


é. 14 : en *è ne ji" 5 ‘57, ep de 1): 11) PET TILL ne 
t: ne . : à F j "# ” is DE dec ‘r 
_ HS LMÉRATURÉ nn 


M: Corne (Hyacinthe). d'Apas : pour à 
Don, est auteur du mémoire çogronnf. sur, ce 
. sujet : Quelle fut sur la littératüre en général 
l'influence des Romans Français ou traduits de 
d'étranger qui ond'au € Len de. dal littéraire 
sb Las Se, L SU A 
Li PRE er POSTE. ro . su us 
M “Chaillen. { Nicolas) $qus- chef, à.lad- 
poivistration de la. Loterie, Rayalp..à Paris,.e est 
auteur _du.poëme couronné SUF le Duel. . ini 
‘ Les:auteurs. des. poëËmes ,:sur ke:même:sujet , 
auxquels .des.réentiôns : Lieueer Été 1a€t 
cordées , sont : TR. es 
® M: Corne (Hyacinthe), d'Arras, Avocat 
à Douai. | 
2° M: anonyme. 7 : 
3° M: G. Defelice, demeurant à Strasbourg. 
4° M: . fils, dé Strasbourg. 


Le 65) | 


LE DUELLISTE, 


F ee. | re a: : 
Pois covzonné, PAR. My N. CHATILLON. 
CRIE De \ 


| E. vain, : députs Fe _—. la terre . 
Recele dans son sein ma victime innocente; : ,, 
Én vain ma honte et mes dangers, . 
M'ont fait errer longtems sur. des bords étrangers ; 
Quand je revois. ces: lieux tout remplis de mo crime, 
Je sens renaître ma terreur :  , | 
Le poids du Ciel etme press et m'apprime 5 
Et malgre moi je' retrouve :mon:cœur, 
‘O Paris !:qui jadis eut pour moi tant: de charmes ; ::: 
Où Jes êtres. chéris nà iquis je: doisrke joun' PE sci > 152 
Ont à mes premmigts:ans prôdigué: tdnt: d'amour ‘! 7": 
Où j'étais sans. rèprophe: et vivais!sais ‘alarmes ÿ> © ‘1 
Qui m'eût-dit'qu'àll'acpect de ton heurenx séjour: ‘ 
Mes. yeux ‘se rempliraient: de: tarmniéÿ À sit. 
Faut-il que, sous tes rhurs;'et près de môh'bercedu ? 
Ma main de môn! semblable ait creusé le: tortibéau ! pe à 
Faut-il qu'un s6rt' cruel ait ‘protégé tés drnies !..., 


Horrible préjugé, voilà: donc :tei biènifaits! + 

Verrons-nous chaïjue jour ton audace impumie : 

Ériger en vertus les' plus hideux forfaits’; RE 
| | D 


C6). 
Et sar l'orguël-tx- puissance aflerinie 
Propager ces combets, :indignes des grands cœurs, 
Où les vaincus et les vainqueurs 
_ N'ont que‘le choix de l'infémie? . 
Quoi ! lorsque sous no yeux :d hemiaides succès 
Font pleurer la patrie et rougir la victoire , 
Nous tolétons ‘enèdé ‘ces critninels excbs 7 ‘ 
Un trépas sans honneur, an troimphé sans . _ 
Devraient-ils plaire h'4es Français? : : 
Vous dont leé armes protecttices 
. Ont su défendre et le Prince ét' l’État, ©: - 
Montrez vos hôbles cicatrices ‘5° 
C'est le parure du soldatiir 1" 
Mais cacher-neos cette “indigne blessure, 
Triste et, coupable érüit d'un meurtre médité:" ::: 1 
” Sur le corps d'un guérriet ce n'est qu'une souillures ::-: 
Sur Je corps. d'an: chrétien c'est une -flétrissure. :: : : 

- Puissé des :magistrats-l'inflexible: équités.….:  :: ::°! 
Mais. que disrje ? des dois ij'appelle la vengéanée;: ::: : 
Et sur qui ? malhearepx !.. Rands-grâce à lenr;.cMmence : 

UF rauçais, sops,tes oups, a, terminé .50n artl 

Héles ! il n'opposait à mou bouillant transport ... 
Li Que la çandeur d'une Ampspura; 
Mais de mes attentats j'ai comblé la mesure; 

J'ai forcé son courage. à recevoir la mort, _. . ..  ; 
Combien j'ai déploré: mon injustice extrême _. : 


C67Ù 
En le voyant, à mes pieds abattu,  ‘. 
Eniourer son ‘heure suprême  -"." ,; 
: De tout l'éclat de sa vertu! r, 
Quand. son sang, à grands flots, sillonnait la pos ; 
Il adressait à Dieu sa tranquille. prière : _. 2. 
Se résigsant sans prine et sans fort, . 
Ale clarté du, jour il: fermait la peupière. 
Comme le juste gui s'endort. 
Lorsque chacun maudit.ma faseur meurtrière 
Lui seul n’accuse point son eanermi cruel s. 
. Il s'offre en sacrifice à ce Dieu qu'il.adore # 
Bientôt sa: voix s'étaint , son front se décolore ; 
Déjà son œil terni ne voyait plus le 4idl' .: 
Et pour son assassin il l'implorait encore ;. 
/__ I me tendait encor la main ; . 
Ï ranimait pour moi sa force défaillante ; 
Et le dernier soupir Æchappé de son: sein 
Déposa mon pardon sur sa: bouche mourante. 
Ah!si, pour appañser des regrets. doulonreux } 
Son âme douce et. bienfaisante 
A voulu me laisser ée pardon généreux, 
Pourquoi donc ai-je vu son ombre. menacante ? : 
Je devais espérer que moine infortinée,. .: : 
Mais Jes remords rongeur se su'onk point pardonné, 
Chacnse de me nuits m'est qu'une: longue veille : 
Le ciel ne persmet. pas. qé un meurtrier sommeille ; 


C68) 
Et si parfois le sort, fatigné de mes pleurs, 
Dans les bras du repos assoupit mes douleurs, 
Ma conscience crie, et soudain me réveille. 
Le jour accroît encor les maux que je ressens : 
Il montre à tous les yeux le trouble de mes sens, 
Et me rend le témoin de l'horreur que j'inspire. 
Hélas ! pour mettre un terme à mon cruel martyre 
_ Tous les secours sont impüissans : 
Le monde et ses plaisirs sur moi n'ont plus d’empire ; 
L'amour n'a rien qui puisse me charimer : | 
Ma bouche ne sait plus sourire, 
Mon cœur n'est plus fait pour simer, 
Le sombre ennui, qui vient ie cousumer ; 
Compte tous les instans de l'heure qui s'écoale ; 
Autour de moi tout frémit et se tait : 
Je reste seul au milieu de la foule’, 
Et malgré meés efforts chacun me onnaît. 
Tl semble que du ciel le courrôux légitime 
À laissé sur mes traits l'empreinte de mon crime , 
Et que, pour inspirer un salutaire effroi, | 
Le tems, devant qui tout s'efface, 
N'a. pas encore séché la trace. 
Du sang que la victime a fait jaillir sur moi, 
Tel, vengeant la nature et le trépas d'un frère, 
Dans l'enfance du monde, on vit l’Être éternel 
Marquer du sœau de sa colère 


(69 ) 
Le front sanglant du .meurtrier. d'Abel. 
Foyons, sbandonnons une yille importune ; 
Mais hélas ! dans quel lieu ‘porter mon infortune? 
Par-tout du sang! par-tont un ciel accusateur !... 
N'importe; allons des bois souder la profondeur : 
Du noir chagrin qui me dévore 
Sans me contraindre au moins je aourrirai mon cœur ; 
Seul, je saurai dusort épuiser la rigueur ; | 
Partons, délivrons-nous d’un monde que j'abhorre. 
Je découvre déjà le fertile vallon 
Qui de Paris entoure les murailles; 
Déjà je reconnais le sinistre sillèn | 
Que creuse dans les champs le char des funérailles | 
11 renouvelle en moi de pénibles regrets; 
Mais il conduit au moins au séjour de la pair. 
Allons y retrouver l'ombre mélancolique | 
Et du saule funèbre et. du triste cyprès ; 
Mais gardons-nous d'entrer dans ce lieu magnifique, 
Où chaque jour des monumens nouveaux 
Font accourir tout un peuple idolâtre 
Qui, semblant adorer le porphyre et-l'albâtre, 
Rend moins d'houneurs aux morts qu il n'en rend aux 
tombeau ; 
Où l'intérêt, seul Dieu qu'on trouve en cet asile, 
Nous vend, au poids de l'or, une terre stérile ; 


Où, grayant en airain les vertus qu'il n'a pas, 


.C70)) 
L'orgueil -véut: vivre encor :au-delà dut trépas. 
D'un siècle qu'éblonit une fausse lumière 
Voilà. les utiles bienfaits: . | 
Quaud la-pauvre.qui.sauffre attend una chumère, 
. Pour us oorps insensible on oanstruit un : palais ! 
J'aime mieux pénétrer dans cet enclos agreste 
: Où la prière est humble et la douleur modesée : | 
J'y saluerai la tombe avec un saint respect ; 
_ Et par-tont de la croix le consolant aspecb , . 
Elevera mon cœur wsrs le trône céleste. 
Entrons ; dans ce séjour de silence et de deuih 
Je veux offrir à Dieu mon éme repentante; 
. Et de la. cendre du cercueil . 
Je veux couvrir ma tête pénitentes: 
Mais du champ de la mort quaud je frauchus le seuil 
Quel jenne cufant à mes yeux se présente ? 
Ses traits expriment la douceur : > 4 
Sur un sol inégél ; qne sans cesse tourmente . 
L'infatigable fossoyeur , 
Son sèle vigilant protège de sa sœur 
. La marche incertaine et trembilante ; 
Puis, me tendant une main suppliante: 
« Ah! dit-il, si le ciel, pour nous rendre nn appui, 
» Vous amène en ces lieux paisibles, 
» Ne trompez point l'espoir que nous avons en’ lus 
» La pitié des âmes sensibles 


(71) 
» Est le seul bien qui nüus:reste aujourd’hui. 
»° Arraches notre mère à: des tonrmeris horribles : * so 
» Elle t'a: pu recueilli: dé matin!" "7 
» Que quelque nbutrftüte-ànoûs seuls ‘réservé ; ru 
»: Voyez, Montieut, quel ést notre châgrin ! 
» Pour nous elle s'en est privée, 2 
» Et nous tavezs encor bien-faim ! » ‘’ 
À ces mots, prononcés-d’uün' tôn Siraple ‘et timide , 
Il baisse ea rougissaht iuñt paupière hüide,  : ‘| 
Hélas ! poñituoi cé‘jeudné"itifontuné  " * 
A langair sur: térré tstuil’ dbüi condamhé? “1°! 
Il n'a pu'rmpritér: sèn Hein” déplorable , a 


‘n'a point dans de sang trempé sa main “coùpablé, di 
Il ignore le-crimté ; et pourtant ‘1e malheur‘ """" ts 
Vient lé frapperen entrant Uañs' la Viet He 

Le désespoir :déjh #étrit: son cœur; HD 42388 

Où le repousse, on l'hmmiäiei “©. 


Et le refus oroel #épond: 4sa: dohledé,! ‘: © -"" 
3 Tel et'lervort du pauvre qui ‘feridie D AL 
À ses gémissemèens és hommes restent -soùrds A Eee 
Plus on est matheurédx: moitié ‘on a’ de seèdurs! 2 * ‘* 
« Tiens, dis-je a:xét énfant', réniais'à Pespérance : 
« Si je.ne peux tavir les pleurs du l'indigence. : ‘© 
n Aumoins j'en suspendrai le ‘cours ; : 1e 
» Prends, et vas de ta nière appaiser lé souffrance, » 
Il court ; mais tout-à-coûp revénant sur 565 pas; 


(72) 
« Monsieur, dit-il, ne vous tromiper-vou pas ? 
« Quoi ! tant d'srgent...à nous? c’est Dieu quivousenvoie!» 
II me baise les mains, il sanglotte tout bas; |. 
Mais combien cette fois ses larmes ont d'appas ! . . . 
__ Ge sont les larmes de la joie. . : : 
11 part. | Eu Se. RS fe de 
O que le ciel au . peu de bien qu'on fait 
Sait attacher de jouissance! D 
11 semblait que déjà la paix.de l'innocence : .:. 
Etait rendue à mon, cœur satisfait : | 
Déjà mon song plus pur circule daus mes. veines, © ”. 

L'air est plus: calme, et: pèse moins sur: moi x. . 
De sauglans souvenirs, n'aigrissent- plus Ames peings ;. 
Sur ce terrain grossi de dépouilles. humaines. 
Je lis mon avenir, et l'attends sans effrois : 

Mais lorsque de ces lieux je parcours l'étendue, 
Quel objet cepeudant afllige encor ma vue ? : 

Près d'un tombeau c'est; une femme en pleurs :: 
Des enfans sur, son sein m'annonçcent, qu'elle est'mère , 
Ses habiis eg lambeaux révèlent sa misère. ©: 
Son teint. pâle et. “hvide attestent ses douleurs, 
Sans doute elle a dy. Ciel mérité, la, colère ! , i 
Mais ne pourraisrje pas , sans en £tre apperçu.… .: » 
Oui, tout seconde ici le desir qui.me presse: . 

A la faveur de la çharmille épaisse 


Je peux entendre,, et rester inconnu: : 


(73) 
» Ne-pleure plus, nra boune mère = 
Disait l'un des enfans, « Tant d'argent à la fois 
” Promet à l'avenir un destin plus prospère. *  ” 
» Grâce ‘au bienfait qu'aujourd'hni je reçois : 
» Nous ornerons de fleurs la tombe de mon père j ; 
» Ettu nous donneras, j'espère, 
_» Du bon pain blanc comme. autrefois. 
» Oui ; mon fils y Mais FRE ; dans ton impatience ; 
» Às tu bien exprimé notre reconnaissance 


» À ce charitable étranger | à 


= 


Qui sait plaindre le pauvre et vient le ‘soulager 


» Ila fait plus, h hèlas ! pour votre faible enfance | 


n Que ces êtres indiens 


hs 


Qui n'ont jatiais su voir dans le nom de parens 

n° Que 1e ‘hazard de la naissance, | 
Les nôtres, que le ‘sort ‘combla dé’ ses faveuis F3 
Auraient dû ‘de nos maux sdoucir les dre À : 
Mais ils ont: mésuré notre ‘Tongüé infortuhe ; 3" 


# + S 3% 


Ils ont va nos malheurs, et se sont détournés ; 
» Puis, repousant une plainte importune, 
n Ils nous ont tous abandonnés !... | 

» N'accusons point, mon fils, la justice divine ; 

» Le Seigneur veut qu'on l'aime et non qu'on le devine : 
» À souffrir sur la terre il nous a condamnés ; 

n Mais nos maux vont finir ; et bientôt je l'espère, 

» Nous irons dans les cieux rejoindre votre père, 


19 


(74) 


C'est là que l'indigent n'est plus humilié : 


= 


n C'est là qu'au sein de Dieu-, dans le concert des anges, 


Votre bouche , vccupéé à chanter ses louanges, 
» Perdra le goût amer du pain de la piliés | | 
» Cet espoir enivrant dissipe mes alarmes : 
» Oui, mon cher fils, ton père et mon époux 
» Près du très-haut intercède pour nous : 
» 11 Jui dit nos douleurs , il lui montre nos larmes, 
» Je le vois Lu dégagé des liens de la mort : 
ÿ De la paix éternelle il savoure les charmes, 
n Puisse son meurtrier jouir d'an pareil sort ! » 
Au nom de meurtrier qui frappe mon oreille 
| Le remords engourdi dans mon cœur se réveille :. 
Je nié 5603 tout-à-coup saisi d'un froid mortel ; | 
Et de ma main tremblante écartant la charmille, 
Je lis. ces mots gravés : ICL REPOSE.... D ciel ! : 


C'est lui ! ! voilà sa tombe. ! Lise et voilà sa famille !!! , 


C5) 


= : 
SE … 


ca ; k RAA 
L + ‘ : 
où à 
L L F ‘ 


SUR 


0 LA 


LES ROMANS ET LE GENRE ROMANTIQUE : 
Par M: H.-Conn : Avocat à Douai. 


SL 
à CHALET 


A ENSI que le monde politique, le monde lit- 
_téraire a eu ses révolutions, C’est que l'esprit 
humain est le même en tout ; c’est qu’entraîné 
par une farce irrésistible qui ne lui permet pas 
de rester stationnaire, il tend un cesse vers un 
mieux. qu'il né connaît pas, ei s'engage quelque- 
fois dans des sentiers, quil’en écartent, lorsque 
ses. yeux, momentanément obseurcis , ne lui per- 
mettent plus de distinguer le vrai but, ou lorsque 
h.satiété de la j users a enfanté le dégoût e et 
da soif de la nouveauté. 


” Jamais ces principes de révolutions n'ont fer- 
menté avec plus de force dans le sein de la répu- 
blique des lettres que pendant les vingt - cinq 
années qui viennent de s’écouler. | 


: Deux siècles de gloire ent accumulé les 
chefs-d'œuvre sur toutes les routes ouvertes au 
génie , et les successeurs de tant de grands hommes 


| C 76 ) 

contempläent d’un œil abattu ces colosses de 
talent et de renommée. Il fallait lutter encore 
avec des ÂAthlètes tant de fois victorieux , et leur 
disputer dans le temple des muses des trônes 
que la voix des siècles a depuis si longtems 
lévitimés ; ou. bien , fuyant un combat trop inégal, 
il fallait s’aller confondre dans la foule obscure 
des imitaleurs qui se groupe autour de leurs 
staiues. 


_Dans cette PORN alternative, quelques | 


hommes audacieux ont élevé la voix et ils ont 
dit : « Tous les chemins qui. mènent à la gléire 
ont-ils donc été parcourus { ? Il en reste encore 
‘que le génie peut s'ouvrir. Brisons enfin le joug 
humiliant de ces antiques modèles, et méritons 


de devenir hous-mêmes modèles pour la ponte » 


Ils disent ; et l'esprit de tin: Ja fu- 
reur d'indépendance et d'innovation dont ils soit 
armés, leur font bientôt une multitude d adeptes. 
Enfans perdus d’une secte naissante, quelques 
ouvrages où l’affranchissement des anciennes 
règles est préconisé et mis en exemple, viennent 
sonder le goût ei les dispositions du public. On 
le. suppose las de ses .anciens trésors , et avide 
de jouissances nouvelles. Des plumes exercées, 
des imaginations brillantes et fécondes, sacri- 


Ed 


(97) 
fiant à l'idole du jour, se vonent à la nouveauté, 
amoncent des prétentions d'envahissement et dé: 
plaient ne hennière ennemie. Le monde littérairé 
est en alarmes. Les uns s’arment pour détruire, 
Jes autres pour défendre l'édifice antique, la 
guerre est déclarée, et la liftérature française 
attend avec inquiétude la décision de la'grande 
querelle éntre es romantiques et les classiques. 


"A 
+ è 


S'il estun genre de littérature moins soumis 
que les:autres à des règles invariables, et qui 
pérrnette aux xovafeurs de mettre en pratique 
ét d'accréditer plus aisément leufs théortes, c’est 
sans contredit le roman. Aussi est-il dévenu bientôt - 
#sous:leur plume , comme le manifeste des nou: 
elles. doctrines, Mais avant de: considérer la ré- 
volution qu'ils Jui ont fait subir, et les résultats 
qi doivent s’étendre.sur la littérature én général; 
al ne sera pas inutile de tracer d’abord un histo- 
rique abrégé dé ce genre, pour faire connaître 
ce qu'il avait été jusqu’à nos jours , ce qu'il est 
devenu et peut devenir encore entre les maïné 
des ROPAEUTS, Rs 


 L'enfance- du roman se _ Fe 1 ténèbres 
du moyen âge, et c'est en vain qu’on voudrait 
la faire remonter jusqu'aux siècles. antiques de la 
Grèce. Quelques contes de Lucien, la pastorale 


° 


(78) 
de Daphanis et Chlaë, attribuée à Longus, se 
rattachent à d’autres genres , et ne méritent pas 
le titre de romans d 0 quelques savans leur ont 
donné. nn 2 


| Citoyens , guerriers, juges et législateurs tour- 
à-tour , les. habitans des anciennes républiques 
de la Grèce et de l’Ztalie, avaient une existence 
trop active et trop réelle pour songer encore à vivre . 
dans un monde imaginaire. Au milieu: du tumulte 
des cités, ils aimaient quelquefois, il.est vrai, à 
reporter leurs regards sur l'innocence et leg 
charmes de la vie champêtre , et de R, naquit 


la pastorale ; maïs comme ils tenaient-encore l'a 


mour renfermé dans.les bornes de la nature , et 
que des occupations sérieuses , .de.grands..inté 
rêts politiques, ne permettaient pas à ce sentÿ- 
ment d’usurper ug empire exclusif sûr leurs. âmes, 
ils ne pouvaient concevoir un genre important de 
dittérature totalement destiné à retracer les doù- * 
ceurs., les combats et les tourmens d’une. seule 
passion. Ils. ignoraient également le roman dé 
mœurs , et laissaient la comédie seule en pos- 
session de livrer les vices et les ridicules à la 


risée publique. Cherchons donc l'origine du roman 


dans cette nuit profonde où la barbarie avait 
replongé l'Europe et où dormaient encore les 


| germes de la civilisation qui devaient là régénérer. 


C9) 


Aux neuvième, et: dixième’ siècles , lorsque le 
Nord épuisé-cessa de précipiter sur le Midi ses 
bordes innombrables et sauvages ; lorsque du 
mélange des vainqueurs et des vaincus naquirent 
des idiômes plus ou moins barbares, quelques 
traditions de la langue des Romaïns, conservées 
dans les provinces méridionales de la France, se 
mélèrent avec le Her “et'il en résulta un 
idiôme particulier qu'on appela la langue romance. 
IL est facile d'y reconnaître l’étymologie du not 
de romances donné aux premiers ouvrages qui 
furent composés dans cette langue. Sous un ciel 
riant qui rappèle celui de la Grèce, les Proven- 
çaux , doués d’une imagination vive, et munis 
d’une langue assez propre à.la: poésie, cédèrent 
les premiers à ses inspirations , et les bords de 
la Durance, comme ceux ‘de l'Ebre autrefois : 
retentirent d’une mélodie inconnue, 


Bientôt les. tournois où l’on voyait une no- 
blesse brillante et guerrière disputer le prix de 
la valeur, et recevoir la couronne de la gloire 
des mains dela beàuté , bientôt ces jeux cheva- 
leresques , en consacrant le règne de la galan-_ 
_terie, ouvrirent un vaste a aux Ce 


Les croisades inspirées par l'exaltation us 
sentimens religieux et l'ardeur des conquêtes, 


_ €) | 
allumèrent au plus haut degré, dans l'imagination 
des poëtes de.cette époque , le goût des fictions 
gigantesques. Ces expéditions singulières et loin 
laines, ces aventures inouies où se confondaient 
tons les genres de merveilleux, le Dieu des chré? 
tiens, les génies des Orientaux', les : fées dés 
Arabes, les mœurs bizarres et faroüchés des 
Musulmans, les haüts faits d'armes des cheva: 
liers, et l'amour de leurs dames, auraient pu, 

s'il se fut alors rencontré un Homère, faire 
étlore un poème épique ; mais cette gloire était 
réservée au seizième siècle et à l’Zfalie. Nos poëtes 
_ provençaux maniaient encore une langue trop 
_indocile. Rebutés des difficultés de la poésie qui 
ne leur: permettaient pas de se livrer à toute 
lVardeur de leur imagination, ils finirent par 
| prendre un interprète moins noble, mais plus 
souple, moins hardi, mais plus rapide, et aux 
romances succédèrent alors les /Ægendes en prese 
d’où naquirent bientôt les romans. 


Les plus anciens qui soient parvenus jusqu’à 
nous sont les amadis de Gaule et autres romans 
de la fable ronde. Au milieu d'un fatras d’exa- 
gérations chevaleresques, on y retrouve ‘la -pein- 
ture assez fidèle des mœurs de ces anciens tems 
où un certain héroïsme , une véritable élévation 
de sentimens , une courtoisie galante formaient 


tn) 

un contraste bien étrange avec des débèrdémens 
effrénés, la plus profonde ignorance et une 
égale barbarie d'usages et. de préjugés. Du mé: 
lange des romans de chevalerie et des contes 
merveilleux inventés. par le génie oriental des 
| Arabes, naquirent plus tard les chevaliers érrans 
qui eurent une grande vogue dans le midi de 
L'Europe, et surtout'en Espagne, jusqu'à ce qué 
ces grands pourfendeurs de géans , ces champions 
nés de toutes les dames opprimées par quelque 
| enchanteur , vinssent expirer sous les traits satÿ- 
riques de l'inimitable Cervantès. 


Déià , véié Là fin du quinriéne ‘siècle, les 
: soupirs des:hergères avaient fait tomber en ds: 
crédit les grands coups de dance de nôs clteva: 
lers'; nos ‘guerres de l'Itdie, en épaisant 
France ; lei avaient du moins fait entrevoir dé 
_ précieux trésors littéfaifts. Nos auteurs ; adsei 
pauvres de leur propre fonds; s’émpressèret 

de recourir à cette source abondante; et l'æ- 
mable conteur Bosace, ke ‘tendre: Péträrque', 
eurent chez nous .de re Hitätèuts _ 
la nouvelle et la Po: un. 

Fa He re 
| Cependant Lt : 4 sn aüroré ,: con: 
 mençait à régénérer ka Frwive. De nouvelles 
mœurs s'introduisaient, de nouveaux besoins 


ET 


(82) 


créaient de nouvelles jouissances inconnues à nos 


rustiques ayeux. Le galant François L‘ avait | 


attiré les fermes à sa cour , ‘et quoiqu’au milieu 


des orages des guerres civiles et religieuses , les . 


rois ses successeurs ne cessèrent de $’entourer 
dans l’oisiveté de leur palais de ce sexe aimable, 
dont'le goût exquis et l'esprit délicat, non moins 


puissans que ses charmes , exercèrent sur la na- 


tion une influence profonde, dégrossirent les 
mœurs , commandèrent la politesse des manières 
et nous révélèrent dans la littérature comme dans 
le commerce de la vie, ce sentiment si pur des 
convénances qui n’a pas peu contribué à nous 
rendre les chefs de la civilisation ‘européenne. | 


harement. chez les Français, une impulsion: 


donnée n’excéda pomt les bornes. À la renais- 
sauce des lettres, les femmes, oracles et idoles 
des auteurs ; polirent les mœurs ét les ouvrages 


de l'esprit, mais les -affadirent également. Une 
galanterie raffinée, un sentiment quintessencié , 


une .affeterie au delà des dernières hmites du ri- 


dicule.infectèrent surtout les romans. Ce fut alors 
qu'on vit M Scudéry évoquer les Horaces, les 
Clélie, les Brutus, toutes Îles grandes ombres 
de l'antiquité , pour les affubler grotesquement 
d'un habit de cour ,.et leur faire débiter, èn 


voguant sur le ffeuve du tendre, des fadaïses l 


Le 


| C 85 ; 

prétendues pastorales. On travesti l'histoire, on 
défigara le cœur humain. Des seritimens.factices, 
un style maniéré remplacèrent le langage mâle et 
simple des vraies. passions ; mais des femmes de 
cour, qui avaient épuisé ou corrompu en elles la 
véritable sensibilité, et pour qui l’adulation des 
hômmes ne pouvait jamais prendre de formes 
trop'emphatiques, se pâmaient de plaisir, en li- 
sant ces- prétentieuses niaiseries. Boileau vint 
enfin qui en fit justice dans un dialogue des morts 
peu connu maintenant, mais qui fut alors un 
coup mortel dont ne se relevèrent point les 
Scudéry et la. Calprenéde. 


Deux femmes. alors firent encore di par leur 
exemple que le satyrique par ses plaisanteries. 
M.» Delafayette, dans Zaïde, et la princesse 
de Clèves, M." de Sencin, dans le comte de 
Comminges trouvèrent le chemin du cœur, et 
surent en tracer l’histoire; le: naturel enim ok 


rémtégré dans sés droits. 


Il fut donné à un ouffon. d'enrichir le roman 
d'une acquisition précieuse. $carron, qui ne s’en- 
tendait guère à parler le langage du sentiment , 
voulut. au moins faire un livre avec son esprit. . 
Il choisit sans doute pour modèle Rabelais dont 
les satgres ingénieuses, déguisées sous le voile 


(84). 
d'une grotesque allégorie , se firent pardonnér à. 
force de gaieté , la hardiesse et la licence de. 
leurs peintures Enhardi par cet exemple : 
Scerron parta ses vues plus loin, et résolut de 
faire du roman un auxiliaire de la satyre et.de , 
la comédie. Cette idée, qui domine. dans son . 
roman comique, boutade fort amusante d’un 
esprit burlesque, donna l’éveille aux romanciers. 
Mais ce qui n'avait été qu ‘indiqué par Scron 
fut dignement exécuté par Le Sage. C'est à cette. 
main hardie et savante qu'il appartenait d'élever 
un théâtre immense où toutes les conditions hu- 
maines viendraient passer sous. nos yeux, -et dé- 
rouler les replis de leur cœur. Lui seul peut-être , 
après Molière, était digne de faire parler sur cétte 
grande scène, des acteurs de tous les âges, de : 
tous les rangs, avec ce.naturel parfait qui est le. 
comble de-lart, sans cependant le laisser soup- 
conner ; et ce qui achève le triomphe de ce 
grand peintre, c'est qu'il a tellement pris tous 
les traits de ses tableaux dans le. cœur humain, 
_qu aujourd'hui même encore, après plus d'un 
siècle, après des dois totales dans les 
mœurs , les coutumes et les usages , nous sommes 
forcés de nous écrier, en reconnaissant chez lui 
nos vices ‘et nos ridicules : c’est bien celà !.. ” 
Honneur donc à l’auteur de Gü-Blas { la pos- 


(85 } 


| térité. a. déjà marqué sa placa: non loin de l’us- 
teur du Tartufe. Comme lui il a eu des milliers 


d'imitateurs , et comme lui. il n’a pas RO" où : 
d'égal. | 


_ Parmi ceux qui l'ont suivi de plus près on. 

compte l'abbé Prévost et Marivaux. Célui-ci dans 
Marianne eut presque fait croire qu’il avait re- 
trouvé le pinceau de Le Sage, et en général, 

dans ses romans on rencontre plus rarement que … 
dass sonthéâtre, ce style précieux et maniéré, 

ce sentiment alambiqué, pénible ouvrage d’un 
esprit plus subtil que sensible, L'abbé Prévost, 
avec moins de finesse, mais un sentiment bien . 
plus vrai parle au cœur dans Cléveland, le 
Doyen de Killerine, et sur-iaut dans Manon 
l'Escaut. Nous lui devons aussi de nous ‘avoir 


fait connaître plusieurs:romans anglais et entre. . - 


autres le chef-d'œuvre de Richerdson. 


Montesquieu, dans ses lettres persannes, faisait, | 
sous un voile ingénieux, la satyre mordante de 
son siècle, et dans une composition frivole en 
apparence révélait au monde littéraire le coup 


d'œik observateur et profond, et ka touche vigou- D 


reuse de l’homme qui devait un jour écrire l’esprit : 
des dois. | 


Voltaire, dont Le vaste génie semblait reeyeulir ; 


(86 ) oo. 
à-ué seul, tout l'héritage du grand siècle. Voltaire, 
qui-essaya tous les genres et marche au premier 
rang dans plusieurs , mit dans ses romans cette 
philosophie satyrique qui corrige par le ridicule, 
et cet. enjouement vif et malin qui dopne la vie 
et “met le cachet de son talent aux plus minces 


ouvrages échappés de sa plume féconde. Heureux, 


si content de fronder les véritables abus , il n'at- : 


taquait sans cesse et avec les armes les plus dan- 
gereuses, une religion , premier présent du ciel; 
premier besoin de l’homme et des sociétés ! 


L'esprit et les mœurs d’un siècle ne se peignent 
nülle part avec autant de vérité que dans sa litté- 
rature, et dans le roman surtout. C’est dans ce 
miroir de la société que viennent se réfléchir les 
tableaux que l’auteur à sous les yeux. C’est-là que 
chacun vient se retrouver lui-même, ou recon- | 
naître du moins le monde qui l'entoure: C’est. 


ainsi, que les scandales de la Régence et la cour 


voluptueuse de l'amant de Pompadour donnèrent. 


la vogue ‘aux romans de Crébillon , de Duclos et 


de leurs nombreux disciples. Dans ces ouvrages . 


| brillans d’ailleurs, l’obscénité à peine voilée par 


une gaze légère, faisait les délices. d’un siècle 


où la licence, fière de trop illustres appuis , se 
montrait le front découvert, ets ou Pa La 
sur” les marches. du :#réne. 0 

| \ 


ns 1 


(87). 
. Organes d’une morale plus pure , deux femmes, . 
vers la fin de ce siècle , soutinrent dans le roman : 
la réputation que leur sexe y a toujours méritée: 
M." Riccoboni et Graffigny rendirent désormais 
incontestable. cette vérité , que les femmes douées . 
d'une sensibilité. plus vive que-eelle des hommes, 
d’une finesse de tact plus exquise. doivent exceller 
dans un genre où l’un des grands mérites -est de 
saisir jusqu'aux plus légères nuances du senti- 


ment, jusqu'aux traits de mœurs et de caractère . 
les plus déliés: +. 


- Mais aussi, ce ne fut jamais la main d une 
femme qui conduisit le pinceau des Cervantès , 
des Le Sage , des Fielding : te pinceau qui pei- 
gnit à grands traits la société toute entièré’et 
descendit profondément dans la nature pour:ÿ, 
puiser ses couleurs, Jamais, aussi il ne fut donné: 
à une femme de faire retentir. aussi puissarament 
que Rousseau dans le fond des cœurs et les. 
saupirs passionnés de l'amour et la voix mâle. 
et sublime de la raison. : Dans la nouvelle Héloïse , 
rempli du feu qui le dévore, il s élance par des 
routes peu régulièr es, mais. partout il marque. 
son passage en traits de flamme ,. et le lecteur, 
maïtrisé par T'ascendant de son. génie est. forcé | 
de le suivre et’ de. l’admirer jusque dans ses, 
écarts. nu _— . + 


se y ; « & . ; “. . 
CRE *: % e - PE + É Asset ete PS 
tit = * à Ne 


 .> 


(88) 

. Digne élève de Jean-Jacques, Bernardin de 
_4W.-Pierfe, avec. une imagination ioins fou- 
gueuse, mais plus doute et plus riante, un 
cœur moins passionné, mais aussi tendre , nous 
tràça le charmant tableau de Pan] et Pirrinée. 
Amant de lu belke tiature, il était digne d'et 
peindre l'idéal ; ét les charmes d’iüné vie couté 
dans da simylicité de l'mnocente', ‘sous l’treu- 
reuse influente du plus beau cie de l'univefs , 
ont pris sous son pinceau pijtoresque et mélanto- 
lique des couleurs si séduisantes , qu'on regrette, 
en le lisant, de ne pouvoir aller , Loin de notre 
monde dépravé , réaliser dans la solitude ces 
rêves enchanteurs 


. Singulière destinée à des nb: hommés !fotts 
de leur seul géhie:, ils montent à l'innortalité 
par des sentiers inconhus au vulgaire, et le vul- 
gaire qui ne s 'apperçoit pas que la bartière s’est 
refermée après eut, se précipité aveuglément 
sur leurs traces, et ne trouve qu'un écuüeil où ils 
ont trouvé la gloire. Rousseat , Bernardin de 
St-Pierre èt Boffon, dans des genres différens :. 
mais avec.un talent égal, sémblaient avoir dérobé 
à la-poésie tous sës ttésors pour en enrichir la 
prose; sous la plume de ces grands maîtres , 
etlè charmaït pär son coloris gracieux ; elle en- 
chantait par sa mélodie, elle entraînait par ses 


| 8) ) | 

élans rapides. Mais s'ils l'avaient portée au plus 
haut degré de splendeur, ils étaient trop habiles : 
pour DE les ques pe par le goût. 


Vint bientôt Le EUR peuple des cnlstes 
qui. défigura tout. La noblesse devirit emphase ; 
la grandeur aëteignit le gigantesque ; toutes les 
çouleurs furent chargées ;. un long roulement d’é+ 
pithètes sonores -tint lieu- d'harmonie. Dans le 
langage des. passions, une déclamation outrée 

 remplaça l’éloquence , et le naturel qui n'exclut 

pas le sublime, mais qui fuit devant l’enflure , 
ne reparut plus dans les ouvrages infectés de 
cette innovation corruptrice. | 


Ja se elle - même , par la fausse direction 
qu’elle suivit alors , .prolongea cette malheureuse 
aberration de nos prosateurs. Doué par la nature 
de R plus riche et de la plus féconde palette , 
Delille répandit avec profusion ses brillantes cou- 
‘ leurs sur tons les objets qui séduisirent son ima- 
gination. Le public ébloui lui prodiguait les ap 
plaudissemens ; .et. Delille fatiguait. l'admiration: 
du public par. de nouveaux poëmes- descriptifs. 
Dès lors la mamie descriptive devint uné fureur ; 
ce qui ne doit étre qu'un ornement agréable |: , 
.… employé avec discrétion ,‘ devint l’objet principal 
d’un roman comme d’un poëme. On ne songea 

| 12 s 


( 90 ) oo 
plus à noyer une action, à ménager des con- 
trastes, à faire parler ses persannages suivant 
leur caractère ou leur position, à entrainer le 
lecteur par des situations attachantes jusqu'à un 
dénouement frappant ou pathétique ; on ne songea 
qu'à lui faire parcourir une longue galerie de ta- 
bleaux monotones où ses yeux se promenèrent _ 
sans cesse d’une eurore, sur un coucher du soleil, 
d'un orage, sur des ruines, des bords rians d'un 
fleuve, aux sommets sourcilleux des monis. 


Une manie aussi fastidieuse ,un tel contresens 
de la prose et du roman n’avait cependant pas 
infecté toutes les plumes ; et le goût si ouver- 
tement outragé comptait encore d’habiles et nom- 
breux défenseurs. La diction naturelle et correcte 
de M" de Genis, le stile tendre et passionné 
de M."° Cattin , soutenait le roman classique contre 
les aitaques des novateurs ; et si la verve comique 

et mordanie de Pigault- Lebrun effarouchait trop 
souvent la morale par dés peintures licencieuses , 

. elle respectait du moins et défendait par son 
exemple les antiques doctrines littéraires... 


Deux grands talens s’élevaiént alors dans la 
république des lettres , et semblaient appelés à 
la dominer un jour. Il ne manquait rien à M." de | 
Staël & à M de Chéteaubriant pour suivre de 


{gr ) \ 
près nos grands modèles dans k route des an- 
ciennes traditiôns, ou. pour devenir eux-mêmes 
Les ceryphées brillans d’une secte nouvelle. Deux 
sentiers s'oüvraient devant eux, ils ont dédaigné 
celui bäâttu par les classiques, et si l'on penthe 
à -creire qu’un choix raisonué eut autant de part 
que l'entrainement dans leur détermination, du 
moins faut-il convenir que jamais novateurs n’a- 
vaient renconité de circonstances plus favorables. 


© Pour un esprit observateur ct fhdicieux , il 
ñ ‘était. pas difficile d’appercevoir la révolution 
morale opéréé par lé contrecoup de nos révolu- 
tions politiques. Deux siècles semblaient avoir 
passé sur la France, en dix ans. Du sein de la 
tourmente était sortie une génération nouvelle, 
entièrement séparée par son éducation, $és opi- 
nions , ses intérêts , de là génération précédente. 
Religion, ‘lois, mœurs, usages, littérature, tout 
semblait avoir été englouti : ; tout semblait être 
à recréer pour le Français moderné. Comme la 
société demandait des lois et des institutions 
nouvelles, on erut que là littératuré ne pouvait 
rester immobile au milieu du mouvement général ; 
ei qu'elle demandait aussi de nouvelles règles, 
une nouvelle direction. M." de Siaël et M: de 
Chdeaubniant sè chattèreñi de les lus donner Le 

d'y joindre leurs dl 


e 


(92) 

Ici mon sujet s'agrandit. J'ai suivi d’abord 
le roman pas-à-pas , depuis son berceau jusqu’à 
nos jours , tant qu'il s’est resserré dans ses li- 
mites et n'a exercé aucune influence bien directe 
et bien prononcée sur des genres qui lui sont 
étrangers ; mais aujourd'hui que l’école roman- 
tique semble le revendiquer comme sa propriété 
exclusive, et veut en faire le symbole de ses 
étranges doctrines , je dois me placer dans une 
‘sphère plus élevée et plus étendue pour embrasser 
tout l’horison de la littérature. Je ne m’arréterai 
. pas à analyser minutieusement les diverses produc- 
tions de M." de Staël et de M: de Chéteaubriant, 
mais je m’attacherai à en étudier l'esprit, à en 
découvrir les théories lorsqu'elles n’y sont pas 
formellement exprimées, et sur-tout à en dé- 
voiler les conséquences. Ces deux écrivains ont 
chacun leur école, et chaque école a sa tendance 
particulière qu’il importe de signaler. Je com- 
mencerai par celle de l’auteur de Corinne et de 
l'Allemagne, comme l'ennemi qui a cherché à 
porter à notre littérature les ne les plus 
mortels. | 


À une raison mûre et virile, M." de Slaël 
joignait un enthousiasme exalté qu’elle tenait de 
son sexe et qui mit plus d’une fois son goût en 
défaut. Passionnée pour les :abstractions méta- 


| ( 9 ) 

physiques , elle conçut pourles spiritualités d AI: 
Jemagne une admiration presqu'idolâtre, et bientôt 
cet engouement s’étendit à toutes les productions 
de la littérature germanique. lopstok, Gethe, 
Schiller lui parurent des génies dont les ouvrages 
devaient servir de points de comparaison pour 
juger tous les autres écrivains. Le genre mélan- 
_-colique’et rêveur , la métaphysique du sentiment 
_ dont-sont empreints les chefs-d’œuvre de l’école 
allemande, ces poètes, toujours en contemplation 
de leur âme ou des merveilles de la nature, en 
méditation sur des tombeaux et devant les pro- 
fondeurs de l’éternité, ne pouvaient manquer de 
captiver une imagination ardente et avide de 
fortes émotions. Cette âme fière et presque répu- 
blicaine applaudissait avec transport à la liberté 
du théâtre allemand qui, à peine sorti de l’en- 
fance et de l’ornière où il s’était traîné quelque 
tems sur les traces’ du nôtre, avait enfin pro- 
clamé son indépendance. Aussi voyait-elle avec 
indignation la littérature française encore asservie 
aux antiques traditions de la Grèce: Aussi dans 
son friumoirat romantique avec MM." Schlégel et 
de Sismondi ne cessa-t-elle de travailler à briser 


ce qu’elle appelait le joug d’une superstition 
servile. 


sb 


Voici os l'ensemble d des: que 


C9) 
Tèn trouve éparseë dans 5es éérits ou dans ceut 
des principaux adeptes de la même école : x La 
Hitlératore d’un peuplé doit éêtte indigène. Elle 
doit être née sur le sol qu’elle vivifie, appropriée 
aux mstitutionis, aux mœurs des hothmes dont elle 
est destinée à charmer les loisirs , à attendrir les 
cœurs , À éclairer les esprits. Ces Grecs antiques 
donit , aprés tant de siècles, notre raison liuriliée 
s’'indigne de subir encore les lois, ont-ils fait 
atre chose qué ce que noûs recommandons ait 
fations modertiés? Allaïent-fs chércher sous des 
climats étrangers et loïntams les sijets de leurs 
thants et leurs inspirations ? Les vit-ott invoquer , 
dans leurs poëmes, le Brota de indien , où 
les divinités de Memphis ? Etalent-ce les rivages 
da Wil ou de V'fndus qu'ils petgrarent dans leurs 
‘flans tableaux? Non, trot fiers de feur patrie, trop 
riches dé leurs propres trésors potir rien empt'un- 
ter aux aûtres nations , C'était toujours ha Grèce ; 
| avec ses dieux , son betü ciel, ses montagties 
pittoresques , $es vallonis enchantés qu'ils offraient 
jaux yeux dés Grecs. Îls ptaçaient leur Jupiter et 
Sa Cour immortellé sur le fidnt Ülympe , Minerve 
dans /a citadelle d'Athènes, Apoñon sut \e Pinde. 
C'était le gazon de leirs prairies que les ryraphes 
foulaient dans leurs danses. C'était les échos de 
Aeors valides qi retentissaient des chants des 


( a® ) 
muses ; C'était les fontaines de la Grèce que Le 
agïades alimentaient de leurs urnes. 


on Pourquoi 2 pas suivre cet exemple ? en 
fans du Word, qu'avous nous besain d'emprunter 
des richesses ,. de payer un tribut aux enfans du. 
Midi ? Si le ciel serein de la Grèce, si ses camr 
pagnes fleuries égayèrent jadis l'imagination de 
ses poëtes, le ciel nuageux et mélancolique de 
la Scandinavie , berceau des peuples du Word, 
les sombres profondeurs des forêts germaniques, 
antiques retraites de nos ayeux, sont-ils donç 
stériles en grandes inspirations ? Les Grecs avajent 
peuplé la nature de divinités poëtiques. Leur 
mythologie riante était une source inépuisable de 
charmantes fictions : eh bien! nos pères n ’avaient- 
ils pas aussi peuplé la solitude de leurs forêts 
de génies terribles ou protecteurs ? et ces harpes 
célestes dont les enfans d’Odin, mollement portés 
sur les nuages , font raisonner les cordes har- 
monieuses , doivent-elles se taire. devant la lyre 
dont les. accords charment les ombres errantes 
dans l'antique Elysée? Teutalès , le. Gui sacré, . 
les Druides, les sacrifices nocturnes sont-ils moins 
 poëliques que les dieux de l’O/ympe, et les cé 
rémonies de leur culte ? Que deviennent enfin les. 
plus brillantes fables du paganisme devant cette 
religion auguste et mystérieuse qui est venue dé-. 


| C 96 ) : 
voiler aux nations les secrets d’un monde inconnu 
jusqu'alors ; révéler à l’homme la sublimité de 
son origine, agrandir l'orgueil de ses désirs , 
accabler son esprit de toute l’immensité de l’a- 
venir ? les anciens n’ont pas ‘connu cette source 
féconde des grandés pensées, ils n’ont fait qu’ef- 
fleurer le sentiment. C’est à nous de l’appro- 
fondir, de descendre plus avant dans les mys- 
tères du cœur humain ; de cultiver cette mélancolie. 
rèveuse qui se nourrit des spectacles imposans 
où terribles de Ja nature, et médite silencieuse- 
ment les grandes leçons des ruines ou des tom- 
beaux. Enlin, c’est à nous d’opposer au langage 
méthodique, positif, orné, mais superficiel et 
froid de la littératuré classique, le style hardi 
et pittoresque, les tableaux sombres et éner- 
giques , les méditations nébuleuses et: profondes 
du génie romantique. 


Et que dire de l’injure_faite à notre hisioire ? 
‘nous l'avons donc crue bien pauvre en grands 
‘ hommes, en touchans souvenirs, en.catastrophes 
frappañtes , puisque ce n’est que d’une main 
timide que nous avons .osé l’introduire sur nos 
théâtres comme dans nos poëmes. Pendant un 
siècle entier:la Melpomène française s’est indignée 
. de ne célébrer jamais que des héros Grecs et 
Romains. Serviles imitateurs des anciens, non- 


\ 


(97) 
“seulement nous avons suivi, comme des règles 
imprescriptibles du goût, les caprices d’ün fai- 
seur de poétique, nous nous ‘sommes courbés 
volontairement sous le triple joug des unités 
d’Aristote , mais encore nous avons eu assez peu 
de fierté nationale pour bannir de notre scène nos 
héroïques ayeux, pour n’ériger dans la langue 
qu'ils ont parlée, dans la patrie qu’ils ont im- 
mortalisée , de monümens qu'à la gloire des 
grands hommes antiques. On eût pris les Corneille 
et les Racine pour de simples traducteurs des 
Sophocle et des Euripide. Là France avait un 
théâtre grec. La France n avait pas de théâtre 
vraiment français. 


2 


» .Îl n’en était pas ainsi de la noble Angleterre: 
le génie chez elle n’a jamais connu d’entravés ; 
c'est à lui de donner des lois ét non pas d’en 
subir. Au lieu de marcher à la suite d’Homère, 
Milton s'efforçait de voler son égal ; Shakespeare 
n'avait point lu Sophocle et devenait le Sophocle 
de son pays. Sa muse patriotique consacra ses _ 
chants à la gloire comme aux plaisirs de ses 
concitoyens , et ses concitoyens n° ‘ont _pas. été 
avares de leur reconnaissance, 


» L'Allemagne enfin a suivi ce noble élan: 
“Ses poëtes, ne prenant plus désormais que la 
13 


(98 ) 
nâture pour modèle et leurs inspirations pour 
guides, se sont frayés, vers la gloire, des routes 
nouvelles , et cette précieuse indépendance du 
génie , présage les plus beaux j SRE à la ce | 
ture germanique. 


» » Français, négligero ons -nous ces salutaires 
exemples ? le tems est venu de nous affranchir 
d’un esclavage volontaire, et de reconquérir une 
littérature nationale et indépendante. KRepoussons 
donc enfin ces théories usées qui ne conviennent 
plus à à un peuple nouveau. Nous y perdrons peut- 
être une fatigante régularité, mais nous y gagne- 
rons l'originalité, la force , la profondeur. Notre 
_ scène s’agrandira en devenant libre. Le génie, que 
trop d’obstacles rebutaient, s’élancerä dans la 
lice, lorsqu'il pourra prendre un essor digne de 
lui, et mille chefs-d'œuvre d'un genre nouveau 
viendront rajeunir notre vieille littérature et nous 
charmer par des jouissances inconnues Jusqu'à 
présent. » DES 


Telle est en substance la doctrine des écri- 
vains de l’école : qui se décore du nom vague et | 
indéfinissable de romantique , école qui doit en 
grande partie et son lustre et sa vogue à la plume 
savante de M."° de Siné]. L'impartialité qui pré- 
side à nos jugemens nous oblige de convenir que 


.… C8 
dans .la foule des principes hasardés:paï les 70- 
mantiques ,  s'én trouve dont le développement ,: 
loin de porter atteinte à notre littérature , pour- 
rait accrbitre et sa force et ses richesses. Nous: 
_ fes indiquerons plus turd ; mais il est Important 
de répondre d’abord aux raisonnemens sophis- 
tiqües qui servent de base au nouveau systême. 


‘La grande erreur des romantiques est de pa- 
raître croire que nos auteurs classiques se sont 
calqués sur les modèles de l'antiquité par la con- 
science de leur propre faiblesse, et qu'ils ont 
_Sacrifié leur. indépendance à la crainte de s’é- 
garer, s'ils marchaient sans guides. Ce reproche 
est injuste, car s’il était considéré. d’une ma- 
nière plus approfondie , l’on verrait qu’il sé ré- 
duit à nous faire un crime de n’être:venus qu'après. 
les .Grees. Ce peuple immortel , qui nous a pré- 
cédé dans toutes les carrières du génie et de la 
gloire, fut traité en bien-aimé de la nature. Ima- 
gination: féconde, sensibilité vive, .coup-d'œil. 
pénétrant, goût pur et.délicat, tout ce qu'il faut- 
pour sentir profondément et rendre ses impres- 
sions avec abondance, justesse et vigueur, tout 
lui fut prodigué. Entouré d’une nature riche-et 
belle , il sut l’observer et la peindre. Il décou- 
vrit dans tous les arts les rapports et les pro- 
portiotis qui constituent le vrai beaù , et il les fit 


(160 ). 

passer dans ses ouvrages. C'est parlà que ses. 
poëtes, ses peinires, ses sculpteurs ont mérité 
de devenir les maîtres de toutes les nations ; 
c'est en atteignant les dernières limites de la per- 
fection, c’est en réalisant l'idéal de la beauté 
qu'ils rendront à jamais tributaires de leur génie 
tous ceux qui ne croiront pas s’humilier, en étu- 
diant dans les chefs-d'œuvre des maïîtrés de l’art 

_ les secrets dérobés à la nature. 


Grèce illustre et infortunée! le glaive du Romain 
t’avait ravi ton antique liberté. Tu n'étais plus la 
patrie des Miltiade et des Léonidas. Tu restais 
du moins la patrie des beaux arts. Le cimeterre 
du farouche Musulman les a fait fuir loin de 
leur terre natale, et ne t'as plus laissé que l'es- 
_clavage et tes ruines. Mais sous ces ruines cou- 
vait un feu vengeur; comprimé pendant trois 
siècles, 1l a éclaté enfin : il a foudroyé jes in- 
fâmes oppresseurs. L’étendard de l'indépéndance 
victorieuse s'est levé sur les Termopyles. Les. 
beaux arts, à cet heureux signal, ont tressailli 
d'allégresse. Ils iront visiter leur antique ber- 
ceau , et peut-être les siècles modernes verront 
un jour renaitre , à l'ombre de la liberté, Athènes | 
et sa splendeur. 


Mais nous, qui, depuis si longtems, conservons 


( zor ) 
-æn dépôt le précieux héritage des malheureux 
Grecs, devons-nous le répudier par cela seul que 
. ce ne sont point des richesses indigènes. Négli- 
gerons-hous de puiser l'or à pleines mains dans 
cette mine féconde, pour en aller chercher péni- 
blement quelques parcelles au milieu de la rouille 
des traditions gothiques ?. Quand nous ne fai- 
sions encore que sortir de la barbarie , devions- 
“nous repousser les règles du goff tracées par des 
critiques judicieux d’après les ouvrages des hommes 
de génie? Devions - nous attendre, pour nous 
former des principes littéraires, que des esprits 
supérieurs eussent deviné d'eux-mêmes et l’art 
et le goût et ses principes ? G’eût été pousser 
jusqu’à un excès bien ridicule la fierté nationale ; 
nous eussions pu attendre longtems nos Milton 
et nos Shakespeare , et pour quelques beautés ; 
vierges encore, mais rudes et sauvages, quelles 
sublies conceptions n’aurions-nous pas eu à 
regretter... L’ Angleterre nous vante son. théâtre 
et s’applaudit. de rie. pas le devoir à l'antiquité ; 
mais ; je le demande, quel est le Français qui 
oserait lui .envier_ce triste avantage et se plaindre 
que le génie d’un Corneille, d’un Racine, d'un 
Voltaire ait fait alliance avec le génie des Sophocle 
et des Euripide ? quel est celui, qui, après avoir 
.. lu les drames , quelquefois sublimes , mais presque 


( z02 ) 


joujours barbares et moñstrueux du théâtré a» 
glais , ne se félicite de l'heureuse docilité de nos 
auteurs qui , énrse soumettant au joug des règles , 
ent prévenu les écarts .de leur imagination’, et 
l'ont retenue dans les bornes , au delà desquelles 
il n’y a plus de véritable beauté, mais vas. 
ration , enflure , mauvais goût? , en 


| Peut- être he romantiques sont-ils plus heureux 
et plus justes dans le reproche de timidité qu'ils 
ont adressé à notre théâtre. Il ne l’à que trop 
mérité depuis Corredle jusqu’à Poltaire , tant que 
nos: auteurs dramatiques ont craint d’effaroucher 
un public ombrageux en puisant leurs sujets dans 
notre histoire moderne. Le: succès de Tencrède 
et d’Adélaïde Duguesclin vit ‘ensuite démentirt 
cette injuste défiance: Les siècles de l’héroïsme 
et de: la galanterie chevaleresque. offrent à notre 
théâtre des- caractères nouveaux , et pours ainsi 
dite .de nouvelles: passions. L'amour surtout y 
abonde'en effets tragiques inconnus aux anciens. 
L'amour chez eux, ples voisin de la nature , 
était plutôt un' instinct qu'une passion, et il ne 
rencontrait pas assez d'obstacles dans les croyances: 
religieuses, et: dans les habitudes sociales pour 
produire, comme.dans:les sociétés moderiies, ces' 
terribles explosions qui l'ont rendi si intéressant- 


( ro3 ) 

et si dramatique. Nous devons ‘donc aplaudir 
aux efforts des littérateurs qui ont travaillé à 
naturaliser notre histoire .sur notre scène. fans 
doute, en se rapprochant de notre époque, les 
hommes et les événemiens qu'on nous présente 
perdent cette grandeur fantastique que produit 
l'illusion de la perspective ; mais d’un autre côté, 
ils captivent bien mieux notre attention , en ré- 
veillant l'esprit national, en mettant en scène 
des opinions , des intérêts qui sont les nôtres, 
‘en liant les destinées des sociétés actuelles aux 
destinées de quelques génies supérieurs dont 
l'auteur nous force à admirer les grandes actions, 
ou à en déplorer les fautes et les infortunes. 


L'école de M." de Stai, , en. renouvellant 
contre les unités classiques , l'attaque qui leur a 
été si souvent livrée, n’a fait que reproduire 
dés raisonnemens vingt fois réfutés par les maîtres 
de l’art eux-mêmes. Cependant quelqu’orthodéxes 
que soient nos opinions littéraires , nous soimes 
forcés de convenir qu'il est résulté de ces at- 
taques. une heureuse innovation pour notre lit- 
téräture. Tout en respectant l’inviolable urité 
d'action qui est commandée par ‘la naturé même 
de l'esprit humain incapable de bien suivre deux 
grandes idées à la fois, quelques auteurs mo- 
dernes ont dérogé avec “succès” x cette ürité 


C1o4 ) 

munitieuse de lieu et de tems qui, pour conserver 
une prétendue illusion théâtrale, accumule les 
invraiserblances, fait tramer une: conspiration 
dans le palais même du-tyran, et entasse en 
vingt-quatre heures plus d’intrigues , d’'événemens, 
de révolutions que, dans l’ordre des choses, un 
mois entier n’en pourrait présenter. C’est sans 
_doule avec une extrême circonspection qu’une 
main habile doit innover sur un objet aussi dé- 
licat, mais nous pensons qu’on rendrait en effet 
un grand service à notre théâtre, en relâchant 
un peu les entraves rigoureuses dans lesquelles 
il a été si longtems comprimé. 


Nous arrivons enfin à cette seconde division 
de l’école romantique qui s’énorgueillit d’avoir 
pour chef l’illustre auteur du génie du .christia- 
nisme. Nous sommes encore pour lui des con- 
temporains , el nous ne savons pas quel jugement 
la postérité substituera aux éloges passionnés de 
ses nombreux disciples et aux critiques haineuses 
de ses détracteurs. Admirateurs nous-mêmes d’un 
si beau talent, qu'il nous soit permis d'en si- 

_‘gmaler les écarts, parce qu'ils sont contagieux 
comme tous les défauts des hommes supérieurs: 

Au reste, si la justice nous impose l'obligation 

” de critiquer quelquefois l’homme de lettres , nous 

“ne craignons pas qu’on nous accuse: de vouloir 


| | ( 105 } 
frondet l'#omme d'état, et M." de Chéteaubriant 
lui-même qui à donné de si beaux exemples d'in-" 
dépendance littéraire, ne pourrait que mépriser 


un écrivain qui ‘Sacrifierait ka vérité à la crainte 
de ie : ha en nigie . a : 


tu 4 + 
CRE * 


‘ Les orages & la révolution française , en ac 
cumulant les malheurs sur la jeunesse de M" de. 
Chéteaubrient; rembrunirent d’une teinte mélan: 
colique l'imagination vive et brillante dont l'avait 
doué la nature; Amant de la gloire, avide de 
tendres épanchemens , il cherchait autour de lui 
des objets dignes de recevoir toute l'expression 
de ce que sentait son âme, lorsque sortant du 
sein de ses ruines récentes, avec ses antiques . 
souvenirs et sa splendeur de dix-huit siècles, /e 
génie du christianisme sembla fui âpparaître tout- 
à-coup. Comme elle dût enflammer une âme jeune 
et ardenté:; cetté grande et heureuse pensée d’é- 
lever un monüment à la gloire de la religion de 
ses pères, d’une ‘religion Si profonde dans ses 
mystères’, :si noble dans'son culte ; si touchante 
dans sa ‘morale ! L’exécution générale a répond 
à la beauté de ka‘ conception. Mais il ne suffit 
pas à la pléire de l'architecte d'avoir élevé sür 
uù ‘nobte plat un majestueux “édifice, ‘il faût 
encore. que soñ goût et son häbileté “brilient 
dans le éhoix dés ornemeñs ; et°c'est ici qué 44 


14 


( 106 ) 

critique s'attaque, à l’auteur du génie du christia- 
nisme. Malheureusement pour s'élever à la hau- 
teur de son sujet, il a cru devoir recourir à cette, 
prose batarde qui se pare ambitieusement des ri- 
chesses de la poësie. Entre ses mains on l’a vue 
resplendir d’un éclat éblouissant , et des écrivains 
présomptueux se sont flaités de lui conserver ce 
prestige. Ils possédaient les mêmes couleurs ; ils 
ont cru qu’il ne s'agissait que de les prodiguer , 
et disciples maladroits d’un maitre habile , ils 
ont fait ressortir ses défauts par la IBRNEERS 
de leurs imitations... . © :,,: 

. C'est ainsi que toutes le branches de la ltté- 
_rature ont été infectées plus que jamais de la 
maladie descriptive. C’est de cette nouvelle école 
que sont sortis ces romanciers du ferrible et .du 
m ystérieux , ces coryphées du néologisme et de 
l'incersion ; des tableaux sans fin et sans variété, 
une monotone mélancolie, d’éternelles méditations, 
ont rendu fatigantes ( ou glaciales des compositions: 
estimables « du reste. Nos.j ne poëtes sont de- 
venus de NOUVEAUX young qu'on retrouve sans. 
cesse dans de Silence des lombeaux , sux les ruines 
du monastère amique., sur les. bords, du Lorreut 
de la vie, ou bien encore, sur es nvages de de: | 
mer. immense : -de l'éternité. Leur. style, comme, 
leurs idées , a. a pris une. feinte barre et sauvage ;: 


* 
L 


| { ro7 .) 
et notre langue dont ‘la précision et là clarté 
étaient autrefois des plas ‘beaux ornemens , lors- 
qu'elle n'était encore que classique, ‘est devenue 
tout-ä-coup sous la plume dé bes écriväins, 70- 
-miantique , Ossianique , vapoñeuse, c'ést-à-dire , 
fort. peu intelligible pout céux qui ne sont pàs 
initiés à la mysticité du sentiment , pour ces esprits 
val gaires quis ’effarouchent d’une pensée présentée 
à travers DoiNes et Li nuages. 


| C'est peut-être aussi à la nouvelle école que 
nous sommes redevables du genre nouveäu de 
trâgédies prétendues saintes. qui envahissent de- 
puis quelque tems nos théâtres. Les combats de 
- la: rebgion et des passions: dans le cœur humain 
:sorit sans doute une source d'effets très-drama- 
1 tiques , mais pour qu'ils intéressent , touchent, 
:-atendrissent le:spectateur , il faut que la croyance 
-dé cette religion ‘soit profondément : énracinée 
. dans son âme, et malheureusemient eette foi vite 
estpeu commune de nos jours. parmi ‘le public 
qui juge les ouvrages de la scène. Aussi , ‘par 
exeaple, quel est celni: quii,. ne tenant aucun | 
Compte des troyances religieuses dé la mère des 
Mechabées, n'appèle fanatisme atroce le coù- 
rage de cette femme qui dévoue sa jeune et norñ- 
-breuse: famille aux plus affreux supplices plutôt 
‘que. de transgresser un précepte très-secondaire 


(108 ) 

: de sa religion ? Sans doute , 1e chrétién n’en juge 
pas ainsi, mais il ne s’agit pas. de faire une 
œuvre sainte, il. s’agit de faire une œuvre dra- 
_matique, et elle ne peut l'être si les sentimens 
sur lesquels elle est basée ne sont pas adoptés 
généralement par le public qui doit la juger. 


Autres tems, autres idées! toutes les nôtres 
sont tournées maintement vers les grands intérêts 
des peuples, qui se discutent sous nos yeux, 
-que nous 4iscutons-nous-mêmes par ‘nos repré- 
.sentans. Ce ne sont plus des fictions mytholo- 
 giques ou romanesques , ce. ne sont plus:même 
les héroïques abnégations inspirées par.une re- 
_. ligion divine que nous demandons'aux muses tra- 
_giques ;. ce.sont les grandes leçons de l’histoire 
qu'elles doivent dérouler à nos yeux ; ce sont 
. les ressorts de la politique des grands qu’elles 
. doivent faire jouer devant les peuples ; c’est l'a- 
moôur dela patrie et des bons princes, le res- 
Apect des lois, et la haine de l'injustice; c’est le 
- sentiment de la fierté-nationale ;..et le désir de 
la prospérité commune qu’elles doivent réveiller , 
. exciter, enflammer dans'nos âmes, Voilà k source 
.à Jaquelle notre vieille Kttérature . doit aller :se 
retremper ; voilà les innovations que:la raison 
: même autorise et: commande ; et malheur aux 
écrivains , qui, s'abusant sur le: goût et l'esprit 


| ‘C109.) 
de leur siècle, voudront lui inprimér une &- 
rection contraire, ou lui faire adopter dans ‘les 
_-idées et -dans le :style des ‘nouvenutés :qu'il-ié- 
prouve ! abandonnés dans les routes hasardeuses 
.qu'ils auront tentées , ils verront leur: réputation 
éphémère s’édipser tans. les jeuts, jusqu’à ee 
qu elle se perde bientôt dans -un éternel :oubli. 
. Certes, ce ‘n'est pas M de Chüteanbriant qui 
«peut craindre une .pareille destinée. Les grands 
-talens , ‘quelles que soient leurs aberrations , 
-portent toujours avec eux le sceau de leur ir- 
mortalité ; mais combien d'écrivains qui, pou- 
_vant arriver à la gloire en suivant ses véritables 
‘sentiers , s’en sont éloignés à jamais , en 3 
‘rant sur les traces d’un brillant météore! * 

- Comme il n’entre pas dans notre plan de nous 
‘occupér des-romans, qui, exécütés avec plus ou 
“moïns de succès d'après les doctrines classiques, : 
n’ont exercé aucune influence sur la littérature, 

et encore moins de cette foule d’avortons qu’en- 
‘fante chaque jour la facilité même du genre , ; 

que dévore l’oisiveté de nos grandes villes , et qui 
ne survivent guëres au mois qui les a vus naître. 

“Nous diroïs maintenant quelques mots des romans 
inouveaux que la traduction de l'anglais et de l'alle- 
‘mand dans notre e langue nous a fait’ connaître. | 


Te 


“romanciers actuels ‘de np na connus ‘en 


‘Ç r0 ) 

France ,:le seul qui mérite, -dans un cadre aussi 
æestreint que le nôtre, une mention. particulière. 
. Mais on se tromperait bien si on le prenait pour 
an :adepte : de l’école romantique. À l'exception 
rdé la manie descriptive dont il ne sait pas se 
garder, c’est un des plus:vrais interprètes de 
Ja mature que l'Allemagne ait produits. Son style 
‘est  clair:.et. simple , sa manière douce et abon- 
.dante , et l’on trouve dans ses tableaux de la 
vie privée et du.bonheur domestique, des traits 
-dune naïveté charmante ; un artiste dirait de lui: 
-€’ mr un excellent peintre PRIOR 


CL Angleterre à nous présente « deux écrivains d'un 
ordre supérieur, qui, chacun dans des genres 
différens, ont illustré la littérature de leur pays 
‘et rendu leur réputation européenne , comme leurs 
ouvrages. Lord Byron, par la tournure de ses 
idées et la couleur de son style, se rattache à 
‘la secte des romantiques , et au premier coup- 
| d'œil il présente quelqu’analagie avec M' de 
‘Chéteaubriant, mais on s’apperçoit bientôt, même 
à ‘travers la pâleur des traductions, que la flamme 
Une mélancolie plus ob. : pne méditation 
qui. creuse plus avant la pensée humaine dis- 
tinguent assez le chantre du cOKsairé, de l'auteur 
d'#tala, et bord B yron du moins, dans Ja brûlante . 


( xrs ) 
énergie de son style. dans la sublime ‘hardissse 
de ses images, pa pas besoin d’excuses; il chante 
sur la Îyre et qui oserait en limiter la hauteur? 


Rival de gloire de lord Biron, WP. alter-Scot, 
sous un râpport, pent être appelé le Barthélemy 
‘de l’Angleterre. Comme le’savant auteur d’Æna- 
“charsis.,  füt vingt ans un érudit laborieux ; 
avant d’être —dittérateur. Bien différent de ‘tant 
“d’autres qui, sans études, sans aucun fonds so- 
lide, prennent une démangeaison d'écrire pour 
une vocation littéraire , ‘et quelques éclairs d’ima- 
gination pour la révélation d'un vrai talent, 
FValter Scot sentit la nécessité d'amasser beau: 

toup avant de produire. Il consuma sa jeunesse 
_ dans des recherches pénibles sur les antiquités 
nationales de.l’Angletèrre : et de l'Écosse. Il eut 
à compulser un nombre infini de vieilles chro- 
piques , des inscriptions à déchiffrer, des ruines 
à parcourir , des savans à interroger , et ce ne 
fut qu'après avoir acquis un trésor immense d'é 
rudition, qu'il se crut digne d'entrer dans là 
carrière, Tant: de travaux ne restèrent pas sang 
récompense , .et.la reconnaissance de ses lecteurs 
Ja proclamé Je père du roman historique. 
"Nous possédions’ bien däns nôtre littératurè 
quelques romans dont les peintures sé rattachent 
aux époques Ÿes' plus: saïlarites dé nos annales: 


( 112 ) 
mais on y retrouve plutôt l’histoire des intrigues 
de la cour et des amour de nos princes que Île 
tableau de l’esprit et des mœurs de la nation. 
Tels furent en France ; jusqu’à nos jours, la 


forme du gouvernement, le genre de. nos ins- 


titutions, la tournure des esprits que le palais 
de nos: Rois'fut:comme un centre lumineux où 
tous les rayons vinrent aboutir, et tous les re- 
gards se fixer. Tout ce qu'il y avait de distingué 
dans tous les genres tendait à s'approcher de ce 


foyer de lninière. La cour seulé attirait et pro: 


tégeait lés gens de lettres ; les gens de lettres ne 
voyaient et ne peignaierit que la cour. Le reste 
de la nation était en oubli. Les mœurs n'avaient 
rien de stable , les caractères rien de fortement 
prononté. Étourdie: ou philosophe sous un roi 
évaporé ou raisonnable , licencieuse avec un jeune 
prince , dévote avec un vieux monarque, la cour 
recevait toutes les impulsions ét les communi- 
quait presqu'aussi facileent aux classes éclairées. 
C'est de ‘à que nous est vente en partie cette 
légèreté française , cètle incénstance dans les 
idées et dans les usages qui nôus à jusqü” ici 
distingués des autres peuples, mais qui semblé 
disparaître. tous les jours: ef faire. place à une 
réflexion plus mûre et -plus. grave, C'est à cette 
couse. aussi peut-être qu'il faut attribuer l'absence 


Ç 113 } 
d'un esprit. natignal bién: caractérigf ; -ef: cette 
instabilité: de nos mœyrs eût mis. sn défait. le 
peintre .l Je plus, subtil. +;en :même-tems qu'une CE 


vilisation raffinée eut répandu sur .SRs tableaux 
une ‘teinté d'uniformité irop monotones. ” 


Au: contraire l'histoire si räfnätique de Pan | 
os ÿ des” éternelles’ rivalités des différentes 
nations : qui la conquirent ; es convulsions polis 
tiques. où religieuses %u sein ‘desquelles s'élei 
vèrent:tant d'hommes extraordinaires par kurs 
crimes , “ou:leurs vertus; cette fierté nâtionäle 

quis sépare le peuplé anglais des autres peuples 
de: l'Europe, encoré plus qué là 'ièr ne lé Sépéré 
du continent ; ‘sa‘pärticipation dans les affäires 
de l'État ; sa ténacité dans’ses-habitudes ‘commé 
dans ses opinions ; toutes ces circonstanites réunies 
déunent à la nation onglaise une: physionomie 
trancharnite ; et'offrént''une: vaste moisson à 
peintre de mœurs : de caractères. 


24 alter Scott, n ‘est pas resté au-dessous de 
aussi beau. sujet ;.sans doute on peut écrire avec 
plus de précision:; nouer une intrigue. avec plus 
d'art, et surtont la. dénouer par des moyens 
moins vulgaires ; ; on peut traiter l'amour avec 
plus d’habileté et de sentiment, et observer plus 
scrupuleusement les règles de la gradation d'in- 
térèt ; mais  leriqu' ils " de mettre le lécteur : 

| 15 


re 


Cérg ) | 
eh atèie ; de’ Le: téhdre- éontémporain des éré 
herberis iet'üfes” déteurs s'de-lui faire voir’; ‘jusqu 
dans Ruis imbitidres détail, les lent 6ù ün tai 
“ent”magiqhie l'A pour aitii dire tranépürté, les 
usages du pays, l'intériéur de la cabäné , ou du 
palais , et jusqu'au maintien ‘des personnages/qui 
semblent converser avec. lui,. c’est ‘alors. :qüe 
Walter Scott est vraiment original. et: presqu'ini- 
mitable. Faut-il descendre dans le tœur humain ; 
y prendre Ja nature sur le fait; nor pas la :ptindte 
. mais la faire parler,, la faire agir ; révéler les 
_ sentimens Jes plus cachés par umgesié, un regard, 
un sourire ; rendre la vértu aimable , la-scélé 
ratesse effrayante, sans dogmatiser, mais en mer 
tant à nu l'âme du scélérat et celle de l’hoïhmie 
de bien; faut-il nous montrer dans le calme de leur 
vie privée les grands que l'histoire ne nons montre 


que sur le théâtre ; faut-il évoquer l'âme altière de 


 l'implacable Elisabeth, faire revivre là sensible 
et infortunée Marie Stuart; dévouer au mépris 
comme à ses remords le vil courtisan Leicester ? 
. “PValter Scott nous révèle alors toute l'étendue et là 
profondeur de son talent, et la littérature anglaise, 
_ à côté des Fielding et des Richardson peut placer 
‘encore un que PRIS _ cœur bumain. 


| Puissent nos romanciers ne pas Risser és 
à si utiles exemples. Puissent-ls , après avoir 


(a15) 

si 5 lopitems. appayi.notre. littérature. par. leur 
stérile fécondité , l'enrichir enfin de productions 
plus solides qui attesiohtéet de l'étude et du talent ; + 
ie on puisse. lire avec.fruit et citer.avec honneur, 

pérons qu éclairés énfin par le goût de l'expé- ; 
riente, ceux qur s'étaient laissé éblouir par les 
illusions de la nouveauté, rentreront dans la route 
des sainés doctrines , et qu’ils ne ‘feront plus de. : 
leurs ouvrages comme une 0saÿgue incokérente 
et sans goût où viennent s’entasser pêle - mêle 
des fragmens dé toute espèce de poësie épique, 
tragique, élégiaque , pastorale et . descriptive. 
Quand les romans ne seront plus un rend lez-vous no 
général des lieux.communs les plus usés. ñ ei d. Les 
plus ennuyeuses éescriptions ; quand. on L e re- 
connaîtra une véritable connaissance de # "nomme 
et de a société , un sentiment vrai, TR langage : 
pur et maturel, quand | on.ÿ ! rene. sontrera. une 
science aimable C2 une 1e pion de douce L 86 


Ag e 


lévera dé l'espèce de discrédit où a fait tomber 
la nultitude des : mauvais. ouvrages . et dans Un 
siècle où l'instruction est devenue un des pre- 
miers besoins de l'homme , ‘il pourra Servir à 
propager , dans toutes les-classos dé la.seciété, 

le goût des lettres, des. connaissances. utiles : “eb 


vpé morale agréable et-pure, a 


. DITS HR DOS Ro rer 
. He ch, 17 DUDS ESSAI. ” £ 
SUR L'ORIGINE ET L'ANTIQUITÉ DES const 


RS NRURT 


en . (Er EL DÉPARTEMENT | Lo si 
Le nu, tr GE ocr fn ; Rte 


THE “PAS - DE- ÉANA IR... 


+ ‘ 
+ 
À. 


| 1. "ORIGINE de à plpast des villes et des eux 


fabités este couverte d’é épaisses ténèbres : : les tradi- 
tions Sont mensongères , et l'histoire qui transmet 


PAR 


mr A ‘ün ‘silence absolu sur 6e sujet intéressant” 
7 faut donc pèrcer à travers d’une profonde nuit 
pe découvrir Jes traces des établissemens dont 
| ifficultés , que d' écueils. dans cette recherche s si 
l'histoire générale et les fastes particuliers. de 
| chaque province pe peuvent pas. servir de guide ? 


Lorsque j'ai cherchét'origine des communes du: 
département du Pas-de-Calais, j'ai trouvé très-peu 


de lumières dans les monuméns histériqués ; j'ai’ 


om oo + Poe RS 
pes 


(117) | 
dû recourir, lorsqu'ils m'ont manqué, aux étymo- 
Jogies des nonis rendas probables par plusieurs 
circonstances de tems et dé lieu qui ont pà in- 
fluer sur leur appellation, Cette méthode entière- 
ment neuve m'a permis de classer les lieux dont 
je parle par ordre de tems et selon les diverses 
périodes politiques par lesquelles ce pays a passé 
depuis vingt siècles, | 


J'ai divisé mon ouvräge en quatre époques 
qui présentent ensemble un tableau d’après lequel 
on pourra se former une idée assez précise de 
l'état du pays , de la marche et des progrès de 
la civilisation qui peut être appréciée selon le 
nombre et la nature des établissemens qui se 
rapportent à chacune de ces époques. Je n’ose- 
rais affirmer que toutes Îles étymologies sont 
exactement en rapport avec les circonstances que 
je leur assigne , et je suis lon de donner mon 
systéme comme une autorité. On sent qu'il est 
facile de s’égarer dans une route aussi incertaine. 


VILLES ET COMMUNES ANTÉRIEURES À L’ARRIVÉE 
DES ROMAINS DANS LES GAULES. 


“Arras. — Cette ville, une des plus anciennes 
de la Gaule, existait longtems avant J. César 
qui, dans le huitième livre des commentaires , 


ji 


 (r8) 

lui donne le nom de Nemetocenna. Ce nom peut 
faire penser que cette ville tire son. origine des 
Némètes, peuples de la Germanie qui, selon 
Tacite, de Moribus Germanorum cap. 28, s'étaient 
établis dans la Gaule-Belgique , sur les bords du 
Rhin. Le secours que les .Atrébates tirèrent des 
. Germains qui habitaient en deçà du Rhin, lors 
de la révolte de la Belgique arrivée lan de Rome 
702, donne du poids à cette conjecture, et fait 
croire qu'il existait entre ces deux peuples une 
étroite alliance fondée sur une colonisation. 


Thérouanne. — _ Taruenna. Était la, capitale de 
la Morinie. Cette ville, qui à joui de quelque 
célébrité, est réduite à l'état d’un jai depuis 
l'année 1553. | | | 


Montreuil. — Son “is est béchise , êlle 
passe pour avoir été une ville de la Morinie. 
On sait qu'elle était déjà fortifiée en 850. Læ 
plpart des géographes traduisent son nom par 
Monasteriolum. 


Boulogne — Connue dans l'antiquité sous le 
nom de Pesoriacus portus, était un des hâvres les 
plus renommés de la Gaule-Belgique. L'empereur 


Claude s’y.embarqua l'an 4r de notre ère pour 


aller soumeire. les-Bretons révoltés, Cette ville 


Eu 

he prit le nom de Va qué plusieurs siècles 
après. César ne parle pas ‘dû -port Pesriac, il 
s'embarqua au port ccius qué l’on croit retrouvet 
dans le bourg. de Wissant. | 


Âîre, — Heria. Lien dédié à Hérian ou le 
guerrier, ‘divinité da: second ordre chez les | 


Gaulois. 


” Hérin’ _— - Hermies. - — _ Hériaville. - — Here 
juetaghen.” — -’ Herrnicourt. Lieux consacrés à 
Trmin, Irmensul où Hermion, noms sous les- 
quels les Gaulois adoraient Mercure. 


Œ CRE 


| Tortequénne. — . Tortéfontäiné, Lieux consa* 
erés : à qe où : Teolès, ; dieu de + guerré, È 
Css Los Pr + | isques. +. Fiscand 
Gui. On sait que les Gaulois honoraient le Gui, 
et ces trois endroits étaient vaisihs des forêts. : 


: Sailly-en-Ostrevent, — Sakus:ad Ostréboñtes. 
L'Ostrevent ,pétite contrée du’ ci-devant Artois; 
tire son nom des Ostrebantes ( Atrébates:oriet- 
taux), dont le pays s’étendait, à ce que l’on : 
croit , le lông des rives dela Sensée , et com- 
prenait ce qui forme maintenant les cantons de 
“Marquion , d’Oisy et partie de eux de Vitry 
d'Hénin-Liétard ét de Carvin. | 


(ro) 
Hanescamps. — Hennonum .campi.: La fon- 
dation de ce village. est probablement due à des 
émigrans du Hainaut , Hannones.. 


Erin-sur-la Ternoise. — Son nom signifie île 
| de l'ouest, c’est celui de l'Irlande ; il est cem- 

posé des mois galliques z2 île, ears et par con- 
traction er ouest. 


Tr 


Ysques. — Jsca. C'est te nom d'un fleuve 
d'Angletérre , lEr; ce “village et le “précédent 
seraient-ils des colonies de la Grande-Bretagne ? 
cette hypothèse n’est pas. dénuée de fondement, 
car les émigrations , dans ces tems reculés; ‘étaient 
fréquentes et réciproques .de nation, à nation, 
et selon le témoignage des. anciens géographes 
et des bardes dont la tradition nous a conservé 
les chants historiques ; on retrouvait encore, au 
commencement du moÿen âge, des traces de co- 
lonies belgés . dans l'Écosse et les îles voisines. 


Senlis. — Senlecques. — Sÿanectes. C'était, 
avant J. César , le. nom de:la:ville eee 
de son territoire. 


Selles. — Sala. Ce nom commun aux diverses 
nations celtiques signifie maison. Si on.préférait 
le traduire par cela loge, maison, il appar- 
tiendrait à la seconde époque. 


- ((-rar )) 
“DÉFUIS Do. DES ROMAINS JUSQU'À: 
oo | E’ENVASION DES HE SEE HER 


‘Le séjour des Komäins dans le. pays dès Atré: 
‘bates et des Morins y occasionna d'heureux chan- 
gemens : on dessécha des marais, on défrichà 

‘les terres : lek arts furent cultivés, et le tom- 
-merce ; facilité par les-.ports,; les rivières, ét 
surtout par les moyens de ceinmunication. qui 
furent établis, . (9 fit naître l’industrie .et. des 
mœurs moins. ‘ féroces. Beaucoup. de villages 
“doivent au séjour : des Romains , I origine et 
leur dénomination ; et les étymologies , à cette 
ue commencent à étre un guide assez sûr. 


* Mercatel, , Bereurÿ lémiplum. - — - Bellone, Bel- 
ne _Janum, — Fampoux, Fan pollucis. 
. Vis. Vis. Lieu dédié à JL force , . divinité 
slégorique… . | ee 


EUX er 


Dainville, “Dicre. dla. _ | Houdain . Hs 


Dm: — PUOUMR = neime se men ma 2 


ÆS +. Man 2 Aa 


e® €) On’ retrouve encor: passés parties de: ces: bèlles 
eyoies ronmiainei ,-vonstrüites ‘par ‘ordre: d'Agrippa , sous 
-le règne d'Acgqste t pe lon appelle «communément 
ichaussées”: Brunèhauf, pavte :que : éette.reitie les fit ré= 
“parer: Une de cesnchausées, asiez :biéni. ‘conservée ; tra- 
:yprse disgoualement :kf: département ‘du. 'S-E. au. N:.-0. 
depuis: les -envirotis :dé : Bepanme. jusqu'au ; dessus” de 
Tourneliem ;. à quelques heues..de Si.-Omer.. - Réretne 
| 16 


«C:122)) 
 dianæ fanum. — .Vendin. Vexctricis. dianæ 
fanum. N y a'plusieurs lieux de ce‘som. — Nesle, 
. Weleis ,. surnom, de Diane. Tous endroits copsa- 
_crés à cette déesse dont le culfe dût ètre agréäble 
à: un peuple chasseur: 


. Famechon, ‘Æerculis rs Frs RE 
diese un des surnoms- ae lés.. __— don- 
maient à Hercule: É ire 


“Oille, | Orionis villa où 1 On oile ; Orus : sur- 


ou 


4. . + la 


j 


* Pronville. Re val Lico dédié: à nerve 
Pronaïs. TV Thélus , Dei  lucus..— Averdoing ; x 
“'Averruncent dü, les dieux veuillent nous pré- 
BELVEr, ‘de Averrunicus, divinité. que To on invoquäit 
pour détourner les malheurs. — Tel, Tsigis 
fanum. — Isbergue , Mons isidis. (*) — bios, 
“Diviurh & divo, Kieu consacré à quelque divikité. 


- CD me pat 
—…— .— en ce ES 


er (9) Beculte d'Isjs-fut: aphortéde Face does les Gaules 
“vers. le dentièms::siècle de--notre ere. Par les vestigss 
qu'on: en a -retrémyéil:paraîtrquil, vu fautant de fa- 
eur qu'à ‘Rome rième ou : le rtemple \de .céhle: déesse fut 
-abittu et relevé huit :fors en 4os Bas: et: fait per: 0@- 
Æäsiénner Hi sælitède des autrlé dés dieux indigènes qui 
‘étaient ‘afors si négligés, que:selon Properce ;:l'araignée 
7 filait paisiblembnt-sa toile. Welaait arénea fénum.,'n 


| Ci33) 
ex n'ai pas trouvé d’autres noms: dont létys 
Pr Fee ait des. rapports centmns avec le culte 
introduit par les Romains ; je passe maintenant 
à ceux résultant de Jeur régime politique. 


‘Coulogne (Boulontais), Colonia. — Condeite ; 
Condita, — “Rombly, Roma polis. Îly a deux 
villages de ce nom , l’un près d'Étaples , ane 
au-dessus. de Béthune, L. 


Étrun. au confluent du Gy 2 avec la. Scarpe. 
— Hestrus au nord de St.-Pol, dérivent comme 
Étairés petite \ ville du département du Nord, de 
Hoœteria , compagnie étrangère. — Éterpigny, 
Eïterum pignus, ‘ôtage étranger. — Concliy, 
Concio ‘assemblée. — Conchil-le- Temple, ro 
ed templum réunion au temple. . 


. Ces différens. his disséminés Sur tous 
les points du territoire étaient des colonies ou 
plutôt des cantonnemens permanens destinés : à 


kb. », , leg. 5. A reste sçette divinité ‘égyptienne ènt 
dés ‘adorateurs : dans la plus grande partie. de l'Egrope 
alors connue. à cause de l'engouement des ‘peuples pous 
les mystères; la tradition rapperte quielle ent-à Arras 
un temple sur l'emplacement Jde, l'Hôtel-Dies. La .rug 
des Bouchers do Cité en re retenu Le: net du 
rué d'Isis, - : | 


C124 ) 
contenir l’humeur inquiète des: naturels du pays ; 
qui avaient, au rapport des historiens, beaucoup 
de penchant : à la révolte. MO 


* Angres , de Angaria, poste , ‘ou de Angarius ; 
maitre de poste. On peut conclure de ce nom 
qu'une poste était établie en cet endroit sous Îles 
empereurs. (9. . 


Amplier , Ampliatus pagus. Village nd 
— Mainil. — Mesnil. — Manile de maneo, (mau- 
vaise latinité ) pour mænia, murs, et par exten- 
sion, maison. — Haute-Mainil, 4/%a Mænia. 
Penin : Penates de peñas, mot peu usité, maison. 


. Les villages dont le nom se termine en ville , 
comme Veuville , et ceux en Villers et Vülliers, 
comme Villers, Fonquevillers, Longvilliers, dont 
il existe un grand nombre dans ce département , 
dans la ci-devant Picardie et la Normandie , ônt 
DR un la plûpart une origine 


… () L'origine’ dés postes date d'üné häüte antiquité; 
car Xénophon (Cyropédie) rapporte que Cyrus fit bâtir 
‘des ‘écuries à a distance de chaque journée de cheval, 
ët ÿ mit des ‘chevaux: pour lé service des courriers. Leur 
établissement ; en :occident , ne remonte qu'au sièclé 
_d'Augüste. Des relais ; uniquement. -déétinés au service 
public: éthient étehlin dans toutes les provinces. de l'eua- 
pire du Lems de Dioclétien, : _:be 


| (25) 

romaine. Lés premiers viennent de via, maison 
de plaisance ou simplement métairie , et les autres 
de villaris , qui concerne la maison des champs. 
Ces métairies ont été le noyau de tous ces vil-. 
lages, et le corps du nom auquel est ajouté la 
terminaison résulte le plus souvent d'une CI - 
‘constance accessoire purement locale. 


- Willervat, Vallis villaris. — Méripré, Heri 
pratum. — La Herlière ; ; Herilis villa, maison 
" maître. 70 | d 


© Escales Seale. les échelles. Ce village a donné 
par la suite son nom à la ville de Calais , ‘qui 
ne fut bâtie qu'en 1227. . 


© 


Noms tirés de la situation en dit: 1 


Adiüfer, Ad inferos , ainsi nommé , parce qu'il 
se trouve à la descente de la vallée où le. Cojeul 
prend: sa source.—Assonval, J’allis assonans, vallée 
retentissante. — Avion, 4yia, forêt ou lieux inac- 
cessibles, sans chemins. — Barâtre, ‘Barathrum, 
gouffre, est situé à la descente d’une vallée. 
— Bimont, Bimons. — Blangermont, B/andus 
mons. Beaumont. — Blangerval, Blanda vallis, 
agréable vallée, — Douchy, Dulciacum. — Diéval, 
Diei vallis ; vallée du jour. .— Fauquembergue ; 
Fauces mOn lu , défilé entre des montagnes. 


: ( 226 ) 

— “Gandieinpré, Gaudiens pratum , belle plaine. 
—-Herly, - Heri lucus , boïs du maître. — Ligny ; 
à Ligno, bois. — Lignereüil (diniautif), petit 
bois. — Montauban, Mons albanus , mont blanc; 
ainsi appellé de la nature de son sol calcaire. 
=—-Outreau, près Boulogne, He ab bis 

parc à huîtres. — Mons, Mons. : … ” so 


Saudemont, Sa/tus montis , deskente de la mon- . 
tagne. — Saulty, Saltus, bois. — Sally. -—— L'é- 
tymologie de ce nom est différente selon les lo- 
calités. Les villages ainsi nommés, qui se trouvent 
en plaine comme Sailly-au-Bois , doivent se fra- 
duire par sallus ; ou salictum , LSaussaye ; et ceux 
qui se trouveñt Fipres que rivière de salientes , 
jets d’eau. | 


: Wal. — va. — bug etc. Fais, 
vallon. 


| ‘Lés noms qui süiveut résultent de la nation 
des lieux près des rivières ; . 


Ac. ho = Agnez. die eu 
— Aix. — Alquines.. — Allouagne de Æ4gnio 
ou-aqua. — Ablain de Abluere, laver. — Ames. 
— Amettes. — Ham. — ‘Hames de Hamus ; 
hiämecon. — Amblain ; Hamus blandus. —Blangy. 
— Blinzét ôu _—— Blondum :vadum , gué 


tre 


Ci27) 
commode. Blyndecques. — Blequin, Rlaedum 
iœquor,, belle:eau.— Brimeux ,  Brymd. — Bous- 
<henil ; Burous nisinosus ,:endrait matécageus. 
4 Écques.. —-: Esquedeques,; — : Heæcines. 
‘sf WVestecqués ;; Equor. —:Etaing Stage. 
æ Elnés ow Ennes. — Ernn Hénin de Æricre, 


‘iraversèr à la nage'— Guéinapjies’,:7 adum, pa. 


+ Gy, #ddum, petite rivière inst nonimée, parce 
-qu'élleest guéable depuis sa source. jusqu’à sôh 
-embouchure: (3 Gauchin ;': Gaudiers 46, 
belle eau. Eps: de Spargere: = :hdos; Toius 
de: vo. = Loëz ,:idérm. : Lambres de Zawm- 
derare;:urrosers sx ER re 7 ‘dn 
in D DE 


5 22 :aueutnt; ob 0 ct tes 
… Lavenie “Jare dia Maruil M Min! ne 
ginosur, Gags, maréçagent,r Paluel de, Palus, 
petit marais. — Pelves, autrefois P 2elues. ‘ marais ; ; 
je doute , malgré, la certitude de son étymologié ; ; 
“que ce. village” ‘Soit: fort Anciens ear -tout/porte 
‘à, croire que , la vallée de la. pr était, il y a 


mi à dix: siècles, ‘beaucoup } plus nue qu'au- 


0) Ce pésseau. et. dispapt, ex quelques. mètres r. 
Moat-Céar sur ] vel on voit des a restes assez congi 
dérables dun camp, romain, ‘que la “tradition” attribuè 
äux légiotis "ae te “tapitaine. J'ai ‘écrit {°c Süjet he US 
sertatioh: Qui est. insérée ‘&iHs 16 Hnétéirés dé 1 Sbeidié 


* soyale des antiquaires de Era: © :7 f) juc!) 


( 128 ) 
jourd'hui, et que les hauteurs qui la couronnent - 
se sont dégradées. ét: affaissées. successivement 
depuis le défrichement des forêts qui les cou- 
vraient presqu’entièrement au midi. El est encore 
plus probäble que le bassin a été comblé par 
-quelqu’inondation ; ce qui le prouverait, c’est 
qu’on a trouvé dans les toarbières ,' dela partie 
‘méridionale entre Fampoux et Vitry ;.à une pro- 
fondeur de six à sept mètres, des vases de térre 
d'une forme antique ; tels que depetites am- 
‘phores’ et des lacrymatoires, ainsi que des osse- 
mens d'animaux, des pièces. de .bois de chat- 
pente et même des arbres entiers devenus noirs 
comme de l’ébène et d’une dureté excessive. .H 
n'est pas rare de trouver encore de ces objels 
“dans le ford des tourbières. On me pardoïnèera 
‘cette ‘digressiôn ärngère à mon 'éujet” parce 
qu "elle intéresse sous LC rappôrt de : géologie. 


Pres , Pres. # ps proies: Fre _ 


—_ jubrometz,  Vherr-mressis, riche moisson on 
jardin fértilé, 2 Avesnies , APERE. # ÿ a plu- 
sieurs villages dé. ce nom. _ - Harävesne, : Aïarè 
CLERAM. -—— Haute- -Âveëne , . Alia avena, Ü Y: eut 
Jx'au moyen âge une commanderie de templiers 
dont on voit encore des ruines. ; : =!  : 


| Nènns tirés de Létonoinie parale Ci des arts; ; 


—.: 129 > | 
Bouts. : —  Bouret. _ Bus. — Buire, Buris : 


pièce d’une charrue , pour charrue, _ Farbus x 
. Buridis Jeter: 


\ ns — Grignÿ : Granarium, grange, gre- 
nier. Si. ces étymologies sont exactes le village 
de Grenay ,. Yu la stérilité de son.sol, n’a pu 
être nommé ainsi que par Euphémisme. — Beu- 
vrequin. — Beuvry. — Bofiles. — Labeuvrière ; 
Bovilia, bouveries. — Boiry, Boarius, qui con- 
“cerne les bœufs. — Boileux. — Boyelles, Bu- 
‘eulus, ‘bouvier: — Bucquoy, Bucostenum ou 
Bucetum, lieux où l’on fait paître les “bœufs. 
— Bouvignies, Bovini ignis, feu du bouvier, 
— Boyaval. Boom ou Valhuon, Vallis boum, 
vallée des bœufs. Ces étymologies se trouvent en- 
‘core confirmées par celle du nom de la petite 
‘ville d'Armentières (Nord), Armentaris , haras 
‘de SES ou de gros bétail." 


Brebières de 7 erpez , “brebis. _— Ouve. - — Hou- 
vain , Ovinum septum, parc de moutons. — Hou- 
-vigneuil, idem, diminutif.—N élu de Ve ellüs, toison. 
— Vieil - Hesdin ; (Hæœdinum , qui concerne les 
‘chèvres). Cette ville, fondée en 302, a été dé- 
‘truite par ordre de Charles Quint, en 1553, et 
n'est plus maintenant qu uñ village. (La ville 


1 


( 130 ) 


actuelle d'Hesdin est moderne.) — Hesdigneuil , 
même origine et diminutif. | | 


Pernes de Perneo , filer, ou de Enare, tra- 
verser à la nage. — Couin de Covinus, charriot 
de guerre. — Fillièvre, Figliniæ faber, fabrique 
de poterie de terre. — Le Corroy de Corrigia, 
courroye. — Lorgies,; de Lorica, cuirasse. 


Noms tirés. du règne végétal 


Attin ,  Atinia, (espèce d’orme). — Canette- 
mont, & Canetto , lieu planté de joncs. — Ca- 
rency , à la source de Souchez , Carectum, lieu 
couvert de glayeuls, Carex. — Écout. — Es- 
cuires. — Esquières, Æsculelum , lieu planté de 
“hêtres. — Fruges, Frugifer , lieu abondant en 
fruits. — Fleurbaix, Fos baccatus. — Escli- 
_meux, Scolymus chardon. — Herbelle, Herbula. 
— Hersin, Ericeus ab erice, bruyère. — Oignies ; 
Ononium ortie. — Pommiers, Pomarium, verger. 
— Querquant, Quercetum, quesnaye. — Vio- 
lames, /iolarium, lieu abondant en violettes. 
— Viry. — Wamin. — Wimille. — Wismes, 
Viminalia a vimine, lieux plantés d’osiers. 
— Wirwignes, V’erbenarium a verbena, verveine. 
Cette plante servait dans les cérémonies civiles 
<t religieuses des Romains. 


t 31 ). .. 
| | 
DEPUIS L "INVASION DES FRANCS ; EN 4oo » 
JUSQU "AU DIXIÈME. SIÈCLE, 


Cette troisième otre. malgré Leu incursions 
fréquentes des Barbares , et les désastres qui en 


furent la suite, n’est guère moins riche que la 
précédente en établissemens. de communes. : 


Lens, autrefois’ Eleur , dont un: petit villagé 
voisin a retenu le nom. Un fait historique prouvè 
son antiquité L'an 446, Clodion, chef des 
Francs ripuaires, que quelques historiens appel- 
lent Roi de France, fut surpris et défait près de 
cette ville par Aëtius , général de Valentinien IE, 
Empereur d'Occident, lorsqu'il célébrait les nôces 
. d'un des principaux chefs de son armée. L'abbé 
Dubos (histoire de l'établissement des Francs 
dans les Gaules), prétend, je ne sais sur quelle 
autorité, que cette action a eu lieu près du Vieil- 
Hesdin. On croit qu'il y avait à Éleux une maison 
royale sous les princes Mérovingiens. (*) 


(*) Les rois francs de la première race n'avaient pas 
de résidence fixe , ils habitaient souvent des maisons de 
plaisance qui n'étaient à proprement parler que ‘des 
métairies, chef-lieu d'un domaine particulier, telles que 
celles d° Attigoy-sur-l'Aisne ; de Vaudreuil, près Rouen ; 3: 
Chelles , près Cambrai ; Épiney-sur-Seine, etc. Cette 
coutume, au réste, est conforme aux mœurs et usages 


( 132 ) 
Frenck, dans le Ponthieu, est . probablement 
un’ cantorinement de Francs établi : vers l’an 500, 
HE Cararic régnait sur les Morins. 


ue T « 


Cdi Legal, Dit aqua. Gall, mot 
celtique , veut dire étranger... | 


SC D 


Audinghem. ‘— Audembert. Guerrier d'Odin. 
Ces deux villages, si toutefois l'étymologie n'est 
pas fausse , devraient leur origine aux incursions 
des Normands que l’on sait avoir fait quelques 
établissemens dans le nord de k France. 


 Waïlus. Da mot celtique #7r, guerre et 


Lucus, bois sacré. — Warhizel, même “origine, 
| diminutif. | 


Arleux , Arlodium. _ ! Auchy ; : ‘Alciacume: 
Au - le- Château , Castrum alciacum. — Oisy, 
Œsiacum. — Nitry, Victoriacum. — Aubigay 
4 lbiniacum ou Sancti albinj fanum. 


Souchez , sur la rivière du même nom , Aù- 
trefois fortifié On- be salu H y à a 


| des, Fr rancs , , comme je le dirai ci-après. L'intendant de | 
ces maisons est appellé par Grégoire de Tours, Major 
. Vüllæ. Cette fonction a donné naissance, par la suite, 
à celle de maire du palais quand les rois eurent des 
villes de résidence. 


hit . N 4 
+ d He 4 « + +. dJ 


(133 ) 


ans des vestiges de ses “fortifications. _ Fleur 
Floriacum. 


à Qriemph-Motte, Mont Thiers ainsi nominié 
de Thierry II qui fut enterré à l’abbaye de St.- 
Waast d'Arras. — Pas ,- Fauces ,'id est port ; 
ainsi:nommé à cause de sasitnation entre des 


montagnes ‘ très - rapprochées. Ce bourg a eu 
auirefois le titre de ie Lie _e 


St. Omer. — | Était c connue F7 le. Ge sièdla | 
sous le nom de Sithieu. Elle doit son nom.moœ 
derne à St-Omer , et son agrandissement à St.: 
Bertin qui y. fonda un monastère. , 


Court. — C'est pendant les’ trois derniers 
siècles de l'établissement des Francs que Tl'où 
doit placer l’origine. dés villages dont lé nom 
se termine en court, desquels il y a 72 dans 
le département ; et dont il existe un très-grand 
nombre dans le Gambrésis ; ls Picardie’ et l'Isle: 
de-Frânce. Les savans 6e. sont partägés- sur la 
" signification de ce mot: éow2; quelques-uns: le 
font dérirer de GCwia Cour ou Siége de justicé 
seignenriale. Cette étymologie ne me paraît pas 
satisfaisante non plus que lés autres qui ont été 
données à ce mot; car sous:la r." Race les 
terres concédées aux. Leudes par ke Prince. n'é; | 
taient que des bénéfices personnels et amovibles : 


| (134) 
aücun droit de justice n'y fut attaché que quand 
par la force des choses et les çoncessions ar- 
rachées à la faiblesse. du gouvernement, les béné- 
fices devinrent inamovibles et héréditaires dans les 
familles. des titulaires. Les justices seigneuriales 
ne furent définitivement établies qu'après le règrie 
de Charles-le-Chauve , et furent démembrées de 
la juridiction et du ressort des, ducs et des 
comtes , auxquels appartenait légalement l'ad- 
fliviisträtion de: la justice. Le mot court ne vient 
donc pas de” Curia; ; je crois en àvoir trouvé li 
véritable acception: Les Francs étaient: uüné nation 
sortie de la Germanie, or ‘Tacite de -Moribus 
Germanorum, cap. 16, dit : « Nullas :Germa-- 
» nmorum populis urbes habitari satis'notum est ; 
». ne pati quidem inter se junctas, sedes. Colunt 
». discreti, ac diversi, ut fons, ut campus, ut 
?. nemus placuit.. Vicos: locant pon ‘in: nostruni 
» ‘rOrem. connexis: ac cokiærentibus: œdificiis.y 
»! suam quisque domum spalio. crdumdat, sive 
»'adversus casus . ignis. remedium.{» sive inscitià 
»-œdificandi. » Le passage.est clair-et forniel ; 
Vespace qui environne'la maison ‘est: justement 
Je terminaison court qui vient de cors, cortis , 
enclos , enceinté ; mot qui däns la basse latinité 
des chartres ést changé:en celui de curfs,, qu’on 
retrouve dans courtil appellation usitée ‘dans 


(135 ) 


les campagnes et qui signifie jardin enclos de 
murs ou de hayes. Les Francs après la con 
quête furent longtems à modifier ‘leurs usages,, 
et s'établirent chacun à leur convenance dans 
les terres vacantes ou les domaines concédés ; 
leurs habitations isolées et encloses (curtis) 
furent le noyau de tous les ns dont il s’agit 
dans cette dissertation. C7 


Courcelles. — | Conis celle, oge ou maison 
de l'enclos. | 


. La fondation des vilagés qui périent . noms 
patronymiques «sancti N.. . Jarum » au nombre 
de 30 environ, date du 7. ap 9. siècle : si 
toute fois cette dénomination ne leur a pas fät 
pérdre leur nom primitif ;:ce qu’il est maintenaüt 
presqu impossible e constater. 


4e 


Lapugnoy autrefois Ecques Pugnoy. - — ps 
pugnæ , rivière du combat. — Beugny autrefois 
Bugny de Pugna. — Beugniatre Pugnæ atrum , 
cimetière du combat. — Atre vient de .4trium 

€”) La maison et l'enclos qui en dépend était la seule 
propriélé des Francs ; et selon le titre 62 du pactus legts 
salicæ était le partage exclusif des enfans mâles et ne 


sortait pes de la famille. De là est venu le mot manoir 
de mansre rester, … 


e. + — 


(36) 
‘cour , ou de Æfrum foyer , feu , et par extension 
“maison. — Souastre, Sub afrum. Les cimetières 
-ont été longtems appelés Âtres, du mot Æ4ter 
‘atra Noir. Cette acception a été prise originai- 
rement dans le sens figuré. ie terra, terre 
. ‘funeste, terre de deuil. 


Sars. — Essart, = Lesart. … Ransart. — Bé- 
thonsart. — Sarton, et autres. Tous ces noms 
‘sont dérivés de exartus , exartum , essartum , 
sartum , terre défrichée , forêt coupée , ou de 
 Æxar labourer. — Delette, Deleta villa , rasée , 


__.ruinée. — Favreuil de favilla, flamme, étincelle, 


cendres. — Sapignies, Cœsus igni, détruit par le 
“feu. Probablement ces villages ayant été ruinés 
.par les guerres qui ont si longtems désolé la 
province en ont perdu leur nom primitif ; et les 
établissemens qui leur ont sticcédé ont pris leur 
‘nouveäu nom de ces désastres mêmes. 


LL ancien petit éanton d'Arrouaise, près Ba- 
paume, tire son nom de arrosa (du verbe ar- 
nn terre razée , ruinée. | 


DEPUIS L'AN 900 di A L ‘AN 1200. 


Marck (Calaisis }. Ce mot ce frontière : 
que l’on a appellé marches jusqu'au 16. siècle. 


| (37) | 
Ce village était alors frontière du côté de la 
nu 


| Marquion , Village alors, frontière du côté dn 
Cambrésis. — Marquise: (Boulonnais ). Ces. deux 
poms. viennent de Marchio (basse latinité ). 
… Marquis , officier préposé à la garde des-marclies 
ou frontières. Cette qualification, aujourd’hui un 
vain titre, était-alors un emploi efféctif. — Bailleul 

( plusieurs villages de ce nom) a ballivio bailli, — 
Bailleulmont. — Baïlleulyal, même origine. Ces 
noms carectérisent cette époque où les seigneurs 
déjà las d'exercer le plus beau de leurs privi- | 
liges, Ja justice, en déléguèrent: l'administration 
L des officiers subalternes. 


| Capelle ( etses. s dérivés) Sacelhum , petit temples 
= VieikMoutier V. épis DRE LL 


.L origine des: villages suiyans qui tirent re 
nom de quelques. chconstancés locales. résuliant 
du défrichement des.foréts, est: due, je crois:, 
aux travaux agricoles: des: moines. | 


‘Carvin 3  Carpineum lieu planté -de. charmes; 
— Crisy, Cerasonte.a .Cerasis, lieu planté ‘de. 
cérisiers. —. Crecques. + Créqux, tirent leur: 
nom du vieux mot nb si Prunus syhestris , 

18 


(138) 
prunier sauvage. — Epinoy. — L'Epine ; spi- 
netum , lieu plauté d’épines. — Fresnes. — Fres- 
. noy , fraxinetum , lieu planté de frênes. — Le 
Quesnoy. — Rouvroy, Quercetum , Quesnaye. 
— Rougefaye, Rubra fagus, faine rouge. = 
Saulsoy, salichm, saufsaye: — Thilloy. ou 
Tilloy. — Tilly, #/iacetum , lieu planté de tilleuls. 


Ces noms et ceux du même genre repris à 
la fin de la seconde et de la troisième époque 
établissent d’une manière positive une grande 
partie de l’ancienne statistique forestière du dé: 
pie | 

Estrées ou Etrées. — Ce nom commun à quel- 
ques villages d'Artois et pays voisins a été l’objet 
de recherches vaines , parce que l’on a voulu gé- 
néraliser son étymologie. Il peut selon moi se 
traduire sûrement par extra, hors, au-delà , par 
exterior extérieur, ou par extraneus étranger, 
en ayant égard aux diverses circonstances qui 
peuvent différencier, l'application du mot. Par 
exemple la .rue de St.-Jean-en-Lestrée , à Arras, 
étant située hors des murs. de la Cité qui re- 
 gardaient la ville, le mot en Lestrée signifiait 
indifféremment ad. exteriorem ou extra muros. 
—Etrée-WVamin, extra viminalia. —. Estrée- 
Cauchy , extrd calcarium: — suis à - Lestrées ; 
Salictum exiraneum. 


( 139.) 

La Cauchie, calcarium ‘chaufour. — Cauchy- 
à-la-Tour, même origine. — Sauchy-Cauchy 
” salictim calcarii. — Âcheville. — Achiet, tire- 
raient-ils leurs noms du vieux mot achier, heu 
où l’on place les ruches d’abeilles ? — Beau- 
rains , rain ou rainceau vieux mot qui veut dire 
branche d'arbre , lisière d’un bois. — Beaumetz ; 
beau jardin , le mot metz signifiait aütrefois jardin, 
il est dérivé .de meto cueillir, :moissonner. = 
_Metz-en-Couture ; eouture- culura signifiait un 
grand champ cultivé. Ce mot conserve encore 
la même acception dans les campagnes. — La 
- Coutüre , idem. — Couturelle , /dem, diminutif, 
— Rerneville, Daronis villa ; maison du baron, 
de Ber mot gaulois qui signifiait seigneur , d’où 
l’on a dit bernage pour baronagium baronnage. 
— Barly, baronis lueus. —Campagne, campania. 
“Cambrin. — Camiers, de camera , voûte d’un 
pont. RE 


Duisans : ce mot vient probablement du verbe 
_ musité dujre, convenir, être agréable. — Haïloy;: 
allodium aleu. — Fief, de fœdus ou fides. — 
Puisieux , nommé Pusiau par Beaumanoir dans 
l'ancienne coûtume de Picardie. — Croix. — | 
 Croisette. — Croisille, de Crur. — Bapaume était 
aù 11. siècle un château fort. — Béthune n’est 
‘guères connue que depuis le 11. siècle. — 


Cigo) 
Vaux. — Trois-Vaux. — Beauvois. — Beauvoir, 
+—. Belval.. — Beaufort. — Fortel. -— Neufchâtel. 
— Beaumont. — Maisoncelle , anciens villages 
le nom n’a pes besoin de commentaire, 


Je bus ici ces recherches ; la première 
époque comprend 22 communes, la seconde 
497 , la troisième 138, la dernière 61 ; au total 
418. Il en reste encore plus de.4oo dont je n'ai 
pu découvrir l'origine, où qui m'ont paru plus 


modernes que le douzième siècle , terme de mes | 


investigations. Sans doute il en est beaucoup 
dans le nombre qui remontent à une plus haute 
antiquité, mais la nomenclatore d’une quantité 
de villages , surtout des arrendissemens de Bou- 
logne , St.-Omer et Béthune , m’a offert des dif- 
ficultés insurmontables par le mélange. des ra- 
cines celtiques avec les. terminaisons-de plusieurs 
idiômes , avec lesquels je ne suis point familiarisé. 


: Je termine par quelques réflexions sur les éty- 
mologies en général , afin de justifier eelles qui 


pourraient paraître forcées ou hasardées. dans 


_ cet ouvrage. Ées seules choses-qui peuvent guider 
sûrement l'étymologiste sont, le génie des 
langues , leurs rapports entre elles , les altéra- 
tions. et changenrens qu’elles ont subies aux di- 
verses- époques de-la eivilisatlow, là relation des 


Cr41) 

notis avec lés localités, le circonstähcés pote 
tiques, etc., et 1 E ne faut pas craindre de re- 
monter aux sources les plus éloignées pour y 
puiser lés connaissancés qie Foh techetche. Cette 
étude pénible ne conduit pas toujours-à la vérité, 

etbien des originés soit fausses par la raison 
que des noms qui sont homonymes dans. des 
langues différentes n'ont souvent aucune syno- 
nimie; et fon tomberait dans d'étranges « erreurs 
si l’on n'y prenait pas garde, 


Les langues, lors de-leur corruption par 
quelque cause qué te soit ét notimment par leur 
mélange avec des idiômes étrangers, n’ont plus 
rien de fixe pour l'arrangement des lettres et 
Forfhographe des mofs. Îl en est de même lorsqié 
Je Hañgage n’est pas éncore fixé, Ceti expliqué 
les différences que Fon peut rémarquér entré 
Fes noms tels qu’on lés proñonté et qu'on les 
écrit, et là raciné de: éés mêmes noms qui ap- 
prend comment ilÿ ont été composés et formés 
ns le priñcipe. 


C142) 


NOTICE 
SUR LES LYCOPERDON 


EE . DE LINNÉ, 


ET SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE CARPOBOLUS , MICH., 


GENRE A AJOUTER A LA FLORE FRANÇAISE, 
Par J, B. H, J. DEsmAzIÈRES | Membre correspondant, 


enprnthe-jn$ f (0 GEt méme 


ed 


D EPUIS que l'immortel Linné a publié la 


_vingt-quatrième classe de son système, ou sa 


cryptogamie , il s’est opéré une révolution to- 
tale dans la manière d’envisager les productions 
qu’elle renferme. C’est aux travaux de Bulliard, de 
Persoon, et de quelques autres savans distingués, 
que nous sommes redevables de l’heureuse inno- 
vation survenue dans l'étude de cette grande 
branche du règne végétal. Jusqu'à lors, le res- 
pect que l’on portait à celui qui avait longtems 
tenu le sceptre de la science ne permettait point 
que l’on réfléchit sur plusieurs parties de ses 
ouvrages laissées défectueuses ; on suivait très- 


Ca) 
exactement les fbutes qu'il avait tracées sans: 
ôser jamais s’en écarter. Mais enfin., en rendant. 
‘à Linné tous les honneurs qui lui sont dûs, et 
sans enlever aucun fleuron de. sa couronne, 
quelques botanistes , doués d’un coup - d'œil. 
prompt et juste , de cette activité d’esprit qui ne. 
connaît point le repos tant qu'il reste quelque. 
chose à observer ou à découvrir ; sentirent que: 
l'on peut encore perfectionner, en retouchant 
ou réformant plusieurs ‘groupes créés par le. 
naturaliste suédois , et qu’il ne put tout voir ni. 
tout décrire , puisqu'il aborda toutes les parties. 
de l’histoire naturelle qu'il sut peindre à grands 
traits , éclairé du flambeau de son génie. 


. On aura une idée des bouleversemens survenus. 
dans la cryptogamie du species plantarum, si l'on. 
considère seulement une des familles de cette 
classe, les Fungus. Cet ouvrage les réunit enr. 
dix genres , et l’on en compte à présent soixante 
et dix environ, selon les méthodes. Les genres. 
adoptés ou formés par Linné étaient bien éloignés 
de pouvoir satisfaire pour ranger naturellement. 
toutes les espèces observées depuis peu, et, 
bien insuffisans même pour toutes celles qu'il 
y a décrites, entassées, pour ainsi dire , les uns 
sur les autres. quoique d’une organisation très- 
différente. Les Lycoperdon nous en offrent un: 


Ci44) 

exemple frappant : les caractères de te genre; 
conservés par Batsch, Bolton, Schæffer, Jussien, 
Bulliard , Ventenat, les consistaient en vn péri 
dium membraneux ou coriace., globuleux ou py- 
_ riforme, sessile ou stinité, lisse. ou rugueux, nu. 
ou entouré d'une. sorte de volve s'ousrant. en 
étoile, d'abord charuu et solide intérieurement, 
ensuile creux el.vide., aptès avoir lancé, par une. 
œWwertwre plus ou moins régulière qui: se fait ordi-. 
näiremeut à son somme! ,.une poussière séininale: 
très-ahondante, verdétre, pourpre. où nairdtre, 
é RENE de filamens, 


Il est facile de, s’appercevoir, qu'une organi-. 
sation aussi variée pouvait présenter une série 
de caractères propres x établir, non-seulement 
de nouveaux genres, mais encore plusieurs or- 
dres natürels , "et que diverses espèces que l'on 
ff entrer dans les Lycoperden (Eye. cpidendrum, 
Erc. Carpobolus , Lin. , etc.), n’en avaient pas 
même le caräctère le plus essentiel , consistant 
dans la substance interne charnue et solide, qui: 
se’ transforme ensuite en.une poussière Lnone | 
dante entremélée de filamens. 


Deux ordres , renfermant ensemble. trente-un. | | 
geures, résultat, d'observations : sucepessives -et. 
plus :esactes, ont. été présentés, en'1894 , par: 


(145 ) 
M.' Persoon dans son Synopsis fungorum, comme 
les cadres dans lesquels les Lycoperdon de Linné 
et de ses imitaleurs pouvaient trouver assez na- 
. turellement leur place. Dans ses sarcocarpes, 
c'est-à-dire , dans les angiocarpes charnus et 
plems, plusieurs espèces ont fait partie dés 
genres #uber et sphærobolus * , et dans les der- 
matocarpes , c’est-à-dire, dans les anglocarpes 
.membraneux, voriaces ou’ valus , remplis de 
poussière intérieurement, toutes les autres se 
sont distribuées dans les genres Baïtarea 
Geastrum. Bovista, Tulesioma, Lycoperdon, 
Scleroderme , Lycogala , Diderma , Physarum , 
ÆZrichia, Onygena, Uredo, Œcidium, etc. Le 
Lycoperdor radiatum ( Lin :) a été même rejeté 
dans les Gymnocarpes hyménothèques , sous le 
nom de Peziza radiata; mais Tode, avec raison, - 
en éloignant ce petit champignon des Lycoperdon, 
n'avait pas voulu le réunir au genre Peziza , et 
l'avait décrit, dès l’année 1790, comme. un 
$Sphærobolus ( Sph. Rosaceus), genre dans lequel . 
il ne peut pas encore être placé. Enfin, le savant 
Mycolague, cité plus haut, a reconnu depuis 
‘la publication de son Synopsis fungorum, que 


” 


* * Le genre Sphærobolus, Toëe et Persoon, est le même 
ques celui que j'appelle éd ne 


19 


f 
C:146) 
cette production , et quelques autres, non moins 
singulières , devaient former un genre particulier 
qu'il.a nommé Sfictis , distingué des Peziza par 
les caracières suivans : « Coriaceo membranacea, 
» capulæ formis , sicca, ligno inunersa , limbo 
»-prominente aut absoluto ». ( myc. œurop. ) 


Malgré toutes ses réformes , utiles sans doute, 
on sentira facilement que chacun des deux ordres 
dont il est ici question présente encore des 
caractères divers trop importans pour ne pas 
être susceptibles de sous-divisions, ou plutôt 
pour être conservés tels qu'ils ont été présentés. 
Dans les Sarcocarpes, par exemple, l’organisation 
des Scterotium et des Tuber est tout-à-fait dif- 
férente de celle des autres genres. de cet ordre. 
Ces fongosités sont uniquement formées d’une 
chair solide et compacte dans laquelle les graines 
sont répandues ; cette chair, dans le genre 
Tuber, paraît comme marbrée par la présence 
des veines dirigées en divers sens; dans le 
genre Sclerotium elle est homogène et revêtue 
d'une écorce dure. Dans les trois autres genres 
sarcocarpiens au contraire, c’est-à-dire, dans 
des genres Péobolus, Thelebolus et Sphærobolué, 
les graines sont bien aussi réunies en un corps 
charnu , mais toutes les parties de ces cryp- 
tozames n’ont point cette censistance , et les 


C4) | 

plus extérieurés présentent les enveloppes mem-" 
branacées des dérmatocarpes. Les membranies' 
s'écartent ou s’entrouvrent même comme dans ce 
troisième ordre ayec lequel ces fangus anomaux 
ont les plus grands rapports. D'un autre. côté, 

la présence ou l'absence des enveloppes sémini-: 
fères dans les dermatocarpes offre un caractère: 
majeur .qui ne permet pas de réunir en un seul. 
groupe les productions très - nombreuses com 

pr ises dans cet’ ordre. 


D’après ces considérations , et quelques autres 
qu’il n’entre pas dans le plan que je me suis pro- 
posé de développer ici, je pense qu’il serait plus 
conforme aux principes d’une bonne classification 
d'établir quatre ordres dans lesquels viendraient 
se ranger plus naturellement les espèces du genre: 
Lycoperdon de Linné, ainsi que tous les genres : 
des deux ordres dont je viéns de parler. 


Le 1. ordre aurait pour earactères : graines 
ou capsules se présentant sous la forme de. 
poussière extrémement fine non entremélée de. 
filamens, toujours dépourvues d'enveloppe propre 
ou peridium , mais le plus souvent recouverles 
ou entourées par l'épiderme des plantes sous. 
lequel naissent la plépart de ces champiguons 
purasites, les ‘deux genres Puccinia et. Unede 


C148) 
le formeraient en entier. Le genre Bullaria de. 
M: de Candolle trouverait ici sa place, s’il était 
utile de le conserver , mais il est évident que 
l'espèce unique qui le compose ne peut être 
séparée des Puccinia dont elle ne se distingue : 
que par la station bien insuffisante pour former 
seule un caractère générique. Cet ordre serait 
très-bien placé en tête des Sarcocarpes, pour 
offrir un passage naturel aux Gymnocarpes, dans 
une méthode qui commenceräit par cette dernière 
classe, 


- Le 2. ordre réunirait les champignons à 
graines ou capsules très-nombreuses , souvent 
entremélées de filamens, et se présentant toujours, 
dans le parfait développement, sous la forme de 
poussière fine et très-abondanté renfermée dans 
un réceptacle ou peridium, compose de membranes 
simples ou doubles et de formes ou de consistances 
diverses , maïs faisant toujours partie de la plante 
même. Cet ordre, assez nombreux et susceptible 
de bonnes divisions, commencerait par les genres 
AEcidiumn, * Rastelia &t Peridernium, Link, pré- 


‘# Quelques naturalistes, et particulièrement Mr A. 
Brongniart, pensent que Île peridium des Æcidium est 
uhiquement formé par l'épiderme soulevé de la feuille , 
lequel, en s'épaississant , forme autour des capsules nne 


C9 ) 


sentant un passage naturel des Uredo du 1. 

‘ordre à celui-ci , qui renfermerait encore tous 
les autres genres dermatocarpiens auxquels il 

faudrait encore ajouter les Pisolethus de l’auteur 
que je viens de citer. | 


Le 3.° ordre serait composé des trois derniers 
genres des Sarcocarpes, c’est-à-dire, des Piobolus, 
 Thelebolus et Spærobolus , auxquels viendrait se 
réunir le genre Cyathus sous les caractères sui- 
vans : graines ou capsules constamment amassées 

en un corpuscule charnu, sphérique ou lentiforme, . 
( vesicula seminifera de Tode et de Persoon) 
porté ou enveloppé par un receptacle ou peridium 
membranacé de formes ou de consistances diverses. 


— Enfin, le 4.° ordre pourrait être défini: graines 
ou capsules souvent presque inapercevables , 


sorte de cupule charnue ou membraneuse, Des observations 
microscopiques qui me sont prepres ne m'ont pas conduit 
à partager cette opinion , parce que je n'ai pu reconnaître 
dans ce peridium, toujours d'une couleur différente de 
celle de la feuille, l'organisation anatomique de son épi- 
derme mince et diaphane que lou retrouve encore très- 
visiblement en cet état dans les genres Puccinte et Uredo. 
D'ailleurs, quelque soit la manière de considérer l'en- 
veloppe de capsules dans les Æcidium, ce genre devra 
toujours être placé entre les Uredo et les véritables on, 
perdonées. 


( 150 ) 
éparses dans une masse charnue ‘et solidé com- 
posant la plante entière qui est quelquefois revêtue 
d'une écorce noire et dure. C’est ici que les Sclero- 
lium et les Tuber trouveraient leur place. Les 
prolongemens filamenteux des ÆErysiphe et des 
Rhizoctoma rejettent ces genres dans un ordre 
voisin de celui qui renferme les Bissus. 


Mon but n'étant pas de présenter actuellement 
une nouvelle distribution des champignons , je 
n'ai pas voulu créer des noms particuliers pour 
désigner les groupes que je viens de signaler. 
D'ailleurs , ces observations ne doivent être con- 
sidérées que comme une portion de l’ébauche 
d'un travail complet que je prépare sur cet 
objet. Je ne les étendrai pas davantage, peut-être 
les trouvera-t-on déjà trop longues ou déplacées ; 
cependant je les ai cru nécessaires pour faire 
ressortir plus distinctement les caractères du 3.° 
ordre dans lequel se trouve le genre qui va m’oc- 
cuper, c’est-à-dire, le genre Carpobolus encore 
peu connu parce qu'il n’a pu être observé que 
par un très-petit nombre de botanistes. 


/ 
” Ce troisième ordre , ainsi que je l’ai dit plus 
haut, est composé des genres Cyafhus, Pilobolus, 
Thelebolus et Carpobolus (‘Sphærobolus Pers. ) Je 
caractérise ce dernier : graines amassées en ur. 


| Crôr) 
Seul corpuscule charnu, sphérique et sessile, enve- 
Joppé d’une volve membraneuse, très - mince et 
fugace, entourée elle-même par un peridium ou sac 
extérieur globuleux et épais qui, dans le parfait 
développement, Se divise au sommet en plusieurs 
dents droites ou ouvertes en étoiles. 


Il se distingue parfaitement bien du genre 
Cyathus en ce que dans celui-ci les graines sont 
dans une même coupe amassées en plusieurs 
corpuscules pédicellés et lenti iformes ; des genres 
Pilobolus et Thelebolus par. la conformation 
du réceptacle : dans les Pi/obolus c’est un pédi- 
celle gréle et hydrophone , c’est-à-dire, se ter- 
minant par une vésicule pleine d’eau, surmontée 
du corps charnu * ;' dans les Thelebolus ce ré- 
ceptacle n’est, comme dans la Trichia, qu'une 
membrane mince, étendue et commune à plusieurs 
individus sessiles, globuleux, ouverts au sommet 
enun orifice arrondi et entier. Le genre Carpobolus 
au premier coup-d'œil, paraît aussi très-voisin 


* La place de ce-petit fungus très-curieux, que Scopoli 
nous a fait connaître le premier sous le nom de Mucor 
obliquus (F1. carn. t. 2 p. 494. ) ne me paraît pas encore 
bien déterminée : il s'éloigne des autres genres de l'ordre 
par la forme bizarre de son réceptacle , et sur-tout par 
le corps charnu non eaveloppé mais simplement supporté 
La cet grgnne. . 


( 152 ) 

| des Geastrum, C'est absolument là même structure; 
“mais il eh diffère essentiellement par la substance 
interne qui, dans ceux-ci, se convertit en une 
poussière séminale, abondante et dispersible en- | 
tremélée de quelques filamens. 


C'est à Micheli , qui en 1729 publia ses nova 
bplantarum genera, que nous devons la première 
connaissance du genre qui m'occupe. Dans cet. 
‘ouvrage profond et étonnant, qui répandit tant 
de lumière sur l’histoire des champignons, il 
lui donne lé nom de Carpobolus, de deux mots 
| grecs qui signifient fruit et je jette, je lance, (fungus 
qui lance son fruit ).. Quoiqu'il fut très-bien ca- 
_ ractérisé par ce botaniste, Linné crut que l’espèce 
unique qu'il renfermait devait être réunie aux. 
“Lycoperdon, et il la décrivit dans son species 
plantarum sous le nom de Lyc Carpobolus. À son 
exemple , Haller, Batsch, Sowerby et OEder, 
partägèrent la même erreur et commirent la même 
faute ; cependant , dès l’année 1763, Adanson 
dans ses familles des plantes, puis Willdenow 
dans sa ffora berolinensis publiée en 1787, ré- 
tablirent le genre Carpobolus de Micheli. On 
regrette que Tode qui observa avec tant de soins 
les petites fongosités qui croissent dans le duché 
de Mecklembourg, en reconnaissant l’existence-de 
ce genre , lui imposa , sans raison ; le. nom : ‘de 


C153 } 
Sphirobolùs consacré. à so tour far Gmelin daié 
son Systema naturæ ; et par. Persoon ‘dans son 
Synopsis fungorur. Ce nom , tiré aussi de deux 
“mots grecs qui signifient sphère ; je lance, ou, a 
l'on veut je{ de sphère, est sans doute ; quoiqu’en 
at dit Fode:, moms expressif que le premier; 
je ne l’adopterai donc point. Faire révivre le nom 
créé par Micheli est -une justice que tout homme 
impartial aimera à rendre à ce savant célèbre ; et 
si l'on veut éviter une partie de la confusion qui 
menace les sciences naturelles , et sur-tout la bo- 
taniqüe , 1. faut absolument établir en principe 
que lorsqu'un nom a été imposé à un: être quel- 
conque ; on doit religieusement le maintenir , dès 
qu'il n’est ni ridicule ni barbare, dès qu'il ne 
donne pas une idée fausse de cet être ; c’est un 
titre . sacré qe pero  a..le, droit d'anéantir. 


Les auteurs que je viens de nn sont | 
les seuls, je er ais, qui aient parlé de là Carpobole; 
quelques uns d’entre eux ne l ont pas même vue, 
‘et. n'ont pa conséquemment ajouter aux descrip” 
tions qu’en. avaient. donné leurs “prédécesseur S. 
* Quoiqu'il en soit, cette petite. cryptogame excitera 
la curiosité et fixera toujours l'attention des bo- 
tanistes qui pourront la rencontrer par sa manière 
de lancer au loin ses semences réunies sous la 
forme de petite:bombe. Le.sayant -prpfesseur'de. 

| 20 


_ (154) 


Flotence , que j'ai dté, ajônte à sa description. 


. eDüm -generis ‘hujns plantes: perinstraremus 


»:plura olim ligni. marcidi frustula carpobolës 


» onusta. Arcula lignes uinam loge, dimidiam 
» uero lata, aigue alla ircinsimus ,. ea vero in 
» cubiculo nastre depositü., nocte insequenie non 
» aliter ac talitro percussa creberrimè. imsonuif, 
» Reperti deindè manè fructus operculo, vel pa 
» rieli undique adhærentes n. Ce bruit entendu 
par Micheli, et.qu’il compare à celui que produit 
une chiquenaude, est vraiment bien extraordinaire 
_ dans un aussi petit étre ; et lon aurait peine à 


croire au merveilleux de cette histoire , si elle 


n'était pas rapportée par un observateur aussi 
exact et aussi $incère. | | 

… Le genre Carpoholus n’est composé jusqu'à 
_ présent que de deux espèces : la première est 


nommée Lycoperdon Carpobolus par Linné et | 
Sphærobolus Stellatua par Tode.; la seconde que 


_ je nomme Carpobolus Cyclophorus ( de deux mots 
grecs, cercle ét je porte), n'a pas encore été 


décrite; je l'a trouvée, ainsi que l'autre, dans 


: Ïes environs de Lille : voici ses taractères: 
‘Carpobole porte-cercle.Carpobolas cyclophorus, N: 
RE 

Elle se présente soûs la forme d'une pelite 


+ on 


Sole. 7.4 eng tnt pt —.$ pe penses ee. k 1 un 


Ç155 3 

boule de trois, à quatre. millimètres de diamètre. 
Sa première enveloppe. ; d’une couleur fauve , 
est épaisse , charnue, légèrement velüe en dehors 
Crus à la loupe) : arrondie à la base, et fendué 
au sommet en Six, quelquefois sept. ou huit divi- 
sions dentifarmes. Elle renferme une membrane où 
volve fort mince, blanche, sphérique, marquée, 
horizontalement et dans son milieu d’un grand 
cercle d’un rouge orangé très-vif; cette mem: 
brane se crève dans le parfait développement ; ‘. 
se replie ensuite sur ellémême, puis disparaît, 
En s’ouvrant , elle a Livré passage au corpuscule 
charnn , formé par la réunien des semences SOUS 
la forme d'une très-petite vésicule ronde et brune. 
Cette espèce croit sur. la paille humide, je l'ai 
rencontrée en automne dans les bois de Ver- 
linghem. Observée chez moi pendant quelques 
jours , elle m'a présenté une propriété hygro- 
métrique assez remarquable , en resserrant très- 
sensiblement les divisions de sa première enve- 
loppe quand l’air était sec, et les étendant lorsqu'il 
était chargé d'humidité. Jai pu saisir aussi l'instant 
favorable où l’enveloppe, se retournant avec 
élasticité, projette au loin le globule qu’elle ren- 
ferme comme une bombe qui sort de son mortier. 
Les fruits une fois lancés au dehors, la plante 
abandonne sa forme convexe et s’affaisse en per: 
dant la moitié de son volume. 


6:56) 

La Carpobole étoilée diffère principalement de 
cetie'espèce par sa grandeur, sa fôrme plus allon- 
gée, ses divisions plus courtes et plis larges , et 
surtout par l'absence de la ceiriture rouge; j'ajoute 
‘que sa station n’est pas la mênie : elle croit sur’ 
les étocs , les charpentes à demi-pourries , et sur” 
la sciure de bois humide dans laquelle elle est. 
enfoncée ; la Carpobole porte-cercle, au contraire, | 
se trouve sur les chaimes des graminées. | 


t ‘f + j' 


+ Buliard', qui a passé une partie de sa vie * 
l'étude dés champignons, n’a pas connu les deux* 
plantes que je viens de mentionner ; elles n’ont: 
point été décrites par M. de Candolle et devront 
être ajoutées à la flore françaisé. 


8 Les 4 


Ca57 ) 


OUVERTURES 


DE PAILLE INCOMBUSTIBLES, 


Par M. : “Tuuerrs-Mavronr 


E s - } 
: D LS . 3 
3 


L, Société d’Arràs pour l'encouragement des 
sciences, lettres et arts a proposé pour Pun des 
sujets d'un concours qu elle ouvrait pour l'année 
1819, la solution de cette question : Quels sont 
les moyens les plüs économiques de suppléer le 
Chaume dans les couvertures des habitations rn- : 
rales, ou, tout au moins, de faire disparaître 
les dangers et les inconvéniens de cette espèce 
de couverture ! LS 


Je connaissais dors une sorte. de: couverturé | 
en paille qui donne la solution complette de ce 
problême, mais je ne connaissais pas encore de 
_ moyen assez facile de l’exéeuter pour que je pussé 
le proposer. M. le comte Louis de Clermont-Ton- 
nerre, Lieutenant-général des armées du Roi, Com- 
mandeur de l'Ordre royal et militaire de St.-Louis, 
mon beau-frère ; avait vu, dans: une contrée-de 
l'empire Russé. où , généralement , les maisons - 


( 158 } 
. Sont couvertes en bois, un bourg entièrement 
détruit par les flammes où il ne restait que les 
maisons couvertes en chaume. Frappé de cette 
singularité il-s’enquit de sa cause : il apprit. que 
la paille qui couvrait ces maisons ‘était imprégnée 
d'argile. Rendu , après un long exil , à sa patrie, 
où il avait tout perdu fors l'honneur, il se. 
réfugia chez moi, à à campagne, il essaya d'y 
faire couvrir en paille un bâtiment de la manière 
qué lui avait été indiquée en Rassie : ilen vint 
à-bout, mais par des moyens si difficiles qu’ils 
étaient: impraticables dans l'usage ordinaire, En 
1819 M. l’amiral Mardwinot, ministre d'état de 
l'empereur de Russie, vint le, voir. et passa 
_ quelques jours avec Fa :. je le questionnai sur 
les couvertures, de paille incombustible , il les 
connaissait. beancoup , il m'en fit l'éloge le plus 
complet sous tous les rapports , et il m’excita 
de la manière la plus pressante à tâcher de les 
introdurre dans’ ce pays-ci;. 1 m’mdiqua en même 
toms:ude manière très-facile de les consinare. 
L'avis d'un tel hommemepouvast me laisser aucune 
incertitude. Aussitôt après :son départ je fs dé- 
moriter ‘une couverture de chaume poar la faire 
reconstruire selon ses procédés; j'ai parfaitement 
réussi : il nè s’agit que de verser successivement 
sur chaque couche :de paille placée et étendue 
de da manière ordinare , de Fargile délmpée 


( r59 ) 


avec de l’eau; les couches de paille ne doivent 


avoir que la moitié de l'épaisseur des couvertures 
ordinaires, c’est-à-dire, environ 2 décimètres 
(7 à 8 pouces ) et même un peu moins; plus 
épaisses il pourrait arriver que le mortier délayé 
ne les traversât pas bien entièrement et ne les 
collât pas bien sur les lattes ou verges qui su 
supportent , car la païlle n’est pas attachée d’un 
autre manière, d'ailleurs l'expérience à ver 
que cette épäisseur suffit pour que les couvertures 
durent aussi longtems que la charpente qui:kes 
porte, et le surplus ne serait qu’ane surcharge 
dangereuse: Il ne faut pas employer ces bâtons ou 
verges appelés ici ployons avec ‘lesquels on fixe 
ordinaïirement, en es liant fortement par les deux 
bouts avec une hart, les brassées de païlte qu’on 
appelle ici pamelles et, mieux dans d'autres en- 
droits , javelles. Ces ployons seraient non seu- 
fement inutiles mais même nuisibles en ce qu'ils 
émpécheraient la parfaite adhésion qui deit exister 
dans toutes les parties de la couverture, tellement 
qu elle ne forme qu'une masse ue ssh sans 
aucun use , . 


‘ 


-| Quoique la has de ou laquelle ou 
Fa première couche de la couverture sait pres- 
qu'inataqeable au feu, il nelaisse pas que d’être 


prudent dela rendre toutà fait incompustible en | 


(‘160 }. 
la garnissant. d'argile an ut en : dedans et en: 
| dehors, 


On peut employer indifféremment pour ces. 
couvertures, la longue paille ou le chaume, mais la 
première couche doit toujours être de longue paille 
qu'on fixe aux lattes ou à la verge par une tresse 
de paille que tous les couvreurs savent faire; cette 
couche étant fixée, on l’arrose avec de l'argile 
délayée de manière qu’elle en soit bien imprégnée; 
on place ensuite la seconde couche, mais celle-ci 
n'a pas besoin d’être arrêtée par une tresse, on la 
contient suffisamment au moyen d'un lourd soli- 
veau qu'on pose sur son extrémité supérieure ; ; 
ce soliveau long d’environ un mètre (3 pieds) 
est suspendu par le moyen d’une ficelle plus longue 
que lui , attachée à ses deux bouts et qui traverse 
un crochet mobile qu'on accroche à la latte ou 
verge supérieure ; quand cette seconde. couche 
est bien arrosée d'argile et suffisamment mastiquée- 
avec le battoir comme dans les couvertures or- 
dinaires, elle. tient toute seule , on. décroche le 
soliveau qu’on suspend plus haut pour être rap- 
porté sur la nouvelle couche qu’on va placer, 
le crochet doit être immobile pour que le soli- 
veau soit toujours couché horizontalement, H 
serait absolument possible. -de.se dispenser de 
da tresse: pour soutenir -la--première couche. de 


{ 161 ) 

paillé ; en’ la soutenant de même par le soliveau 
jusau'x ce qu’ellesoit baignée d'argile. Plus court 
que la longue paille, le chaurhe se soutient seul 
sans: le secours du: soliveat. . D L 
DR A ÉHRRRRILEE PRE 
* Cetie sorte de biere est d'une extrême 
sélidité i elle est “également à l'épreuve du vent 

ét ‘Mu ‘feu ;i et’ A ‘est jaïnais’ sujette à ‘aucune autre 
réparation qu'à! Ventretren” du faïtage fait coïnme 
à l'ordinaire : avec delà boie où de l'argile trés: 
brasse. J'ai fait-démokr la première : qui avait été 
faite ici cinq ans auparaÿant ;' les chevrons et la 
vergé Se sont trouvés aussi frais’ et aussi blancs 
qu’au montént de là consttuctioii ; ce qui prouve 
que: l’huinidité ‘ne l'aväit pas du tout’ pénétrée, 
Plusieurs essais faits publiquement devant M. le 
Préfet du ‘départefnent ‘de la Somnié , pour les 
allumer, ont liés incombustibilité äbsolue 


re 


dés ‘5 5 db: : d LE 

Les charpéotes ordinaires: suffisent j'ai fait 
établir: il:y a’ deux:ans, une: paréihé éouvér ture 
sur une:charpénte vieille et très-faible: quisrésiité 
bien jusqu'aujourd'hui; néanmoins ;' comimie 6 
nespeut pas $e dissimuler que: ces couvertures 
doivent étre:un peu’ plus ‘pésantes ,iet'icomitre 
gles: doivent ‘durer autant : que la‘'étiatpente:: 5 
conbeïlerais à ceux : qui prépätént. dé toits ‘pos 
être ainsi coëvesis ;: de lesaiforètr ta plu. à. 


21I 


6 164 ) 

. Aux premièr es couvertures. de. celte: espèce 'que 
j'ai, fait. construire ,: doux! guvriers.-étaisit, em: 
ployés pour faire.le mortier. et peur le portes 
aux couvreurs ; celte besogne pénible st-coûteuse 
a été simplifiée et reudue facile par le moyen d’une 
machine fort simple qui n’est.qu'une hante échelle 
double portée sur des roulettes , telles. qu’on en 
employe dans Les. jardins..et.dans les. parcs pour 
tondre les hautes. palissades ;. 0p'pose horizonta: 
lement -SUT deux échelons une traverse de bois 
épaisse d'environ un décimftre. (3 à 4 pouces ), on 
dresse verticalement. dans l’intérieur de !l'échelle 
un mât haut de 8 à:9 mètres ( a4:à 27. pieds ), 
le bout d’en haut, passe entre.les deux échelons 
les plis élevés , il doit. y être serré de manière 
à tourner aisément mais sans. ballotement ; pour 
cet effet on, peut le contenir par. des tasseaux 
attachés aux- échelons, ou Je faire passer à travers 
une lunette ouverte dans un morceau de planche 
qu’on atiacherait aux -échélons ; le:gros bout’ ou 
le pied | de ce mât taillé en. pointe ‘posé: dans une 
coche ronde entaillée dans la traverse:dént il a été 
parlé.ci-devant et placée de nfanière:que l’échollé 
étant posée horizontalerent.le mât soit terticalt 
Au -hant: de, ee: mât .est fixéun bras dé potence 
long, d'environ 2: mètres (6 “pieds )r; :soutenü; 
salon lusagé,,: par un lien; -an béut de:ic-buns 
de potence #st-otiachée une ‘ponke:qui sert à 


» 


(163) 
élever le éceau rempli d'argile ; le couvrèur, par 
le moyen d’une cofdé atfachée ÿrès de la poulie, 
âttire jusqu’à lui le sceau, en faisant tourner le mât 
sur son pivot. Cette machine facilite tellement le 
travail qu’un seul ouvrier , même une femme, 
suffit pour faire le mortier et en fournir le cou- 
Re | _S à Je ruse Dao OR 


sen eies 


Cette manière de couvrir n’est pas plus dis- 
pendieuse que la manière ordinaire ; l'épargne 
de la moitié de. la paille, des ployons et. des 
harts compense. amplement ce que voûte um 
manœuvre pour préparer le mortier et lé servir 
au couvreur ; quant à celui-ci, débarrassé du 
travail de lier des - ployons , il avaice plus vite. 

” Comme les descriptions des machines même 
les plus simples, toujours assez claires pour ceux 
qui les connaissent, peuvent, ne pas l'être pour 
ceux qui ne les connaissent pass, un croquis. de 
yertures de pales incombustibles pourra en 
faciliter la construction ou donner des idées pour 
en imaginer une plus ingéniense. 


n. ” 1 


-R À PP o R T 
4 ir SUR 
ME Ban USE TROMBE, | 
Par M. ninatots. Membre PRPAANE Ee 
. +0 ee | 
JL. six juillet 1822 léthermomètre était àtreize 
degrés de Réaumur, il s’éleva vers le midi à 
22, hauteurs égales à celles de ja vene 


[Le bits qui marquait 28 ponces. 7 “ie, 
‘varia très-peu dans, la journée ; le vent était sud- 
ouest, aux girouettes les plus élevées ; le tems 
était orageux dans l'éloignement , sur-tout à l'est; 
il Pétait aussi au sud-ouest. Le tonnerre s'était 
fait entendre de ces deux points depuis deux 
heures du matin ; à quatre héures quarante mi- 
nütes le soleil avait franchi les nuages épais qui 
le couvraient à son lever. 


Le vent soufflait dans des directions différentes; 
les nuages les plus élevés venaient du nord , ils 
étaient d'un blanc clair , et en lames prolongées: 
leur mouvement était presqu’insensible ; d'autres 


( 165 ) 

nuages passaient mäjestueusement au-dessous de 
ceux-ci, et à une distance marquée ; ils étaient 
heaucoup plus grands, et allaient du sud au 
nord; le soleil par ses rayons donnait à leurs 
bords le plus bel aspect, du côté de l’orient ; 
leur base était noire, confondue avec l’horison, 
leur bord ouest soufré. Dans le même moment 
des parties nombreuses de nuages, qui semblaient 
“s'être détachées des orages sud-est et ouest ; 
traversaient la région la plus basse avec une 
rapidité étonnante. 


* Les nuages, les vents divergens n’exerçaient 
aucune influence sur la région habitée; le tems 
était calme, on remarquait seulement des inter- 
alles d’obscurité assez considérable. Les orages 
qui paraissaient se former de la jonction des 
. nuages qui venaient du nord et du sud, étaient 
_ bientôt éloignés par le vent sud-ouest , qui était 
ne dominant. 


. À une Lhenre trais-quarts , un orage violent 
couvrait la ville de St.-Omer et ses environs : le 
vent sud-ouest était impétueux. Plusieurs arbres 
furent cassés et déracinés ; une averse qui dura 
près de deux heures était accompagnée de grélons 
et de glaçons -du poids de deux à trois onces ; ; 
les éclairs et le, tonnerre se faisaient remarquer 


{ 166 ) 
à St.-Omér et h Aire, ou plutôt dans un entour 
de quatre heùes du village d’Assonval ; l’obseurité 
| fut égale à celle de deux. Heures es le os 
du soleil. 


La foudre a brisé di arbre sur les fortifications 
de cette place ; .on apprit le soir que le tems 
le plus affreux avait eu lieu à Aire; que beaucoup 
de vitres avait été cassées par les glaçons , et 
qu'une trombe avait exercé. de grands ravages 
à Witternesse et à Lambres , villages situés à 
une demi-lieue de cette ville. 


"Je m'y transportai le lendemain et rerontai 
la ligne que la trombe avait parcourue, afin 
d'y recueillir les renseignemens propres à satis- 
faire ma curiosité et de bibi] en rendrè 
compte G) | ue 


. Le six juillet , à une is suis na minutes 
de l'après-midi, dans la plaine d’Assonval, Liu 


* G)M. Désmarquoy, docterir en médecine à St.lOmer, 
aûteur du rapport qui précède , semble n'avoir pus suivi 
en sens contraire la ligne que le météore a partourue 
_ depuis la propriélé de Relingue , contre Lillers, appars 
tenaut à M. le comte de Foulers ( point qui a reçu son 
dernier ricochet et le seul que j'aie examiué avec quelques 
solns ), miais seulement de Lambres qui e en est distant 
de deux Hiènes. ré | 


(167) | 
situé à six. lieués ‘sud-ouest: de St.-Omer , six 
lieues sud-est de. Boulogne (1) ;.des laboureurs 
durent quitter leur :charrue à cause de l'obscurité, 
et par la crainte : d'un: orage: dent ils étaient me- 
vacés. Ils virent. des nuages venant de différens 
points se rassembler avec précipitation au-dessus 
de la ‘plaine qu’ils-abandonnaient. Bientôt ces 
_ puages n'en formètent qu'un seul qui couvrait 
- entièrement :Kéur  honson;, ds ‘apperçuréent un 
moment après une vapeur épaisse d’une coùûleur 
de soufre en combustion qui desceedait du nuage: 
elle format un:côre renversé, dont la nte faisait 
la base ; la pârtie inférieure du cône. qui des+ 
cendait sur Ja terre, fernta Mentôt, en tonrnioyant 
| avec une vitesse. considérable, une masse oblongue 
de trente pieds environ ; détachée du nuage elle 
s'éleva € en faisant le bruit d’ une une bombe de gros 
calibre : ‘qui é éclate , laissant sur la terre un en- 
foncement en forme de bassin de 20 à 25 pieds 


Ye ee “où SH sud let deù 
etivirons de Lilleri qu'elle: a touché , Ie temg était couvert 
ét oragéux ; depuis le matin, Île tonmerre se faisait fait 
blement entendre, mais rien n'annéncait nn état outras 
- prdinaire-de. l'alinosphère ;‘perseane :à :Eïklers h'oboerve 
le:bamanètre ni le.thermomètre ;:où sait:que Îes chaleurs 
de: l'éts' de r$as ontblé encessiwes | la température da 
‘jour-dù apparut se météore destructeur ne. ane pas 
ÉRDRREURE ‘cdbe des Souts précédenss::: 2: !» 


+ 


( 168 ) 
de circonférence et de 3 à 4 de profondeur à 
son milieu. À peine éloigné de cent pas. de ce 
point de départ , et dirigeant sa route de l’ouest 
à l’est , là trombe franchit la haie d’un manoir 
amaé , y abat une grange ; et donne à la maison 
plus solidement bâtie, une secousse que le fermier 
a comparée À celle d'un tremblement. de térré. 
Elle avait, en franchissant la haie, déchiré et 
emporté la couronne des arbres les plus forts ; 
vingt-cinq à trente étaient renversés et couchés 
en sens divérs, de manière à prouver que 
trombe faisait son chemin avec ‘un mouvement 
de circonférence sur elle-même (1):D’autres arbres 
furent enlevés et accrochés ainsi que leurs cou: 
ronnes , au sommet des plus pes arbres ( dé 


L 


a) ta marche de Îa. ions était tellement rapide 
et son passage paraissait tellement instantané qu il au- 
rait été difficile d'affirmer le sens dans lequel elle mar- 
chait,-Sa direction ne s'est-laïssée reconnaître qu'au’ sens 
le plus alongé ‘de :5es dévastations.. Les arbres ‘étaient 
couchés en tous: les éens , rien n'wdiquait de: quelle 
partie de l'horison était arrivée la force qui les avait 
. renversés. Cependant si on rapprache Îles .observations 
_de M. Desmarquoy , de oelles faites à: Lilless;,: on :en 
concluèra que la -distanee de 10 à 12 lieues environ qui 
sépare la ‘ commuie d'Assonval de.celle.de Lillers: ra 
_été parcourue.qu'en trois quarts d'heure: is ‘beare; 
et que la trombe ‘marchait: de l'ouest à l'est, +: : 


Cab } 
Bo.à vo. pieds de-haut:) (1). après -çes premiers 
effets, la trombe a parcouru une distance de deux 
Jieues. sans toucher à la terre , emportant dans 
son. épaisseur.de ;très-grosses: branches d'arbres 
qu'elle. vomissait.à droite et:à.gapche. avec bruit, 
jusqu'à: ce: qu'arrivée à la pointe. élevée du is 
de Fauquembergue , elle y arracha de, nouveau 
la tête de splusieurs arbres que. l’on vit passer 
avec elle : au éssus ‘da Village de Vêndonne situé 


au sn pied de R Pre du côté est de la’forét. D 


sa ä: 5, 


:2" ; ‘5 CRDP 


2 Me ñe ft dans cette été «æautré avi 
que d’énféver ‘ün ‘sÿcômoté tHéstgros ‘dns triré 
prairie ‘ét Les x Hétrouve À'une distante ‘dé 
de 608: püs. ” sh Vo oi . en s : 


LÉ 


MOT ER terre:comeidérablement: sers a 
frès-gtand nombre. de grus.a5btes qupique plantés dans 
gun sol léger. et: humide où. Le. devaique. être. facilement 


déracinés D furent. brisés ou plutôt ue à des hentenrs 


plus © ou moins éloignées dé terre. ns ü une iéné franges 


PAP ss 


üun'où plusieurs arbres! éfiént#inss Coupés-ou teiversé 


sans que ceux qui les touchaient immédiatement. sien 
| seulement perdu, pne feuille, on bien un seul arbre était 


resté intact au inilieu da abaitis général. ‘D'autres 


n'étaient pue tgrduë et Tendus ‘daniÿ ur lorigüeur.' Où 


ä ‘aperçut ‘nullé par aicune {träcé'de feu; ‘non plus” dué 
dans les’ environs Aire. It fe parait pas qu'à Lilerÿ 


le passage den trombe: ait: été accompagné de grêle Li 
come, dans. les. environs de. St.-Oner. . 
22 : 


Ras: ; 


. 4-3 
… 


Ÿ 


. Cie ) 

Continuant Sa fouté À 1 iiahière”d'un boulet 
Qui frappe la terré ét 'se rélève , la trombe s’est 
portée au village d’Audinctun : où ellé a abattu 
lt toiture’ -de trois maisons ‘et enlèvé : encore 
plusieiis arbres ,:eñtre autres , cind” ormes ‘d'une 
très- -grande hauteur; tous cinq” Sértant d' uné 
méme sobché, D 


| Au: sortir dela vallée où. sont situ © ces deux 
de villages. Ja trembe,. s 'éleva, que ‘une 
montagne , dite de Capelle : ‘plusieurs paysans 
qu.> dabouraient,,-examinaient, gvec effrot ce 


phéasnine extranrdipaire Hraverser leurs: habi- 


isn eurent que le tems de se coucher. en se nu 
fortement à-leurs-instrumens aratoires ;_ils re- 
marquèrént'avec surprise: que leurs: ohavaux 
étârent' tristes ‘Et? né $’effrayatent pas le-sot 
d'üuné châtrue fut enfonce dans’ la térré , “assez 
fortement pc pour (résister : aux efforts. de trois che- 
xaux: ils, Fmplorèent pre: pioche pour. ne, paÿ 
Ja. casser. :: uit Locale cf sn zres one ie 


Ni Ce fût par ces “liboureiié ‘ “phicés sur cette 
ponlagne de ‘manière à la voir arriver et con- 
tinuer sa route ,: que je parvips. à connaître à- 
peu-près. sa forme, sa grandeur ,. et les. élémens 
présumés qui pouvaient entrer-das ‘sa compe- 


sition. Sa forme était ovale’; sa- hauteur leur 


EN 


(171) 

parut de trente pieds environ ; son diamètre de 
vingt ; elle tournait dans sa marche de manière 
à présenter chaçune de ses faces avec précipitation. 
Il sortait de tems en tems des.globes de feu de son 
centre, souvent aussi des globes de vapeurs 
soufrées ; les ‘uns et les autres rejettaient au loin 
des branches que le météore avait entrainées de 
très-loin. Le bruit qu'il faisait dans sa marche 
rapide, était semblable à celui d’une voiture 
pesante attelée de six chevaux courant au galop 
$ur un chemin pavé ; on entendait aussi une ex- 
plosion semblable à celle d’un fusil, à: ‘chaque 
sortie d'un globe de feu ou de pe | 


Le vent qui ‘était  anéliens. \ , un, 
sifflement ‘terrible. Sa: marche continuait à être 
celle d’un: -obüs ; après avoir déchiré la terre ,. 
emporté tout ce qui lui résistait, la trombe s’é- 
levait au-dessus du sol, pour aller à une hieue;; 
quelquefois à deux lieues :de distance ,. recom- 
mencer ses ravages. C’est ainsi qu’en. quittant 
_ ke ':mont Capelle, la trombe ; suivant toujours. 
‘la même direction, a été enlever différentes 
meules de foin et beaucoup d'arbres x Erny- 
St.-Julien , distant d’une lieue de la moritagne 
de ce village j jusqu'à ritternesse. À une distance 
de. trois lieues, la trombe ne fit aucun ravage 
marquant , on reconnut seulement à la montagne 


(r72) 
qui sépare Erny d’Etiées-Blanche', un sillon de 
h largeur de 3o pas, qui détruisit quelques 
grains sur la longueur de trente air de terre 
placés au sommet , Q) | 


x Elle s’est dirigée alors ù vallée. de Wit- 
(race et Lambres pour y exercer de plus 
grands ravages ; le : pue village: composé 
de quarante maisons n’en conservait que huit 
intactes ., trente-deux maisons avec leurs granges 
furent renversées , une énorme£ quantité d'arbres 
abattus, déchirés et-emportés à une grande dis- 
tance; on remarque dans ces deux villages; que les 
pignons et les murs des maisons furent couchés 
d’une manière divergente de dedans en dehors. 
À Lambres le désastre ne fut pas moins considé- 
rablé’; en läbourant la plaine qui sépare ces deux 
communes, distantes d'une demi-lieue , elle æ 
” détruit ét enlevé tout ce qu’elle rencontrait ; 
plusieurs personnes distinguèrent parfaitement 
son mouvement de rotation .sur ‘elle-même, et 
sa ne d'un brun soufré , qui dépendait d'un 

. (7) Dans les hieux. où les arbres furent brisés et ar 
raéhés = les bâtimens renversés, les récoltes sur pied 
. n'éprouvérent aucun dommage , excepté entré Erny-St.- 
Julien et Etrées-Blanche que la trombe enleva quelques 


récoltes ; et c'est le seul point où cette circonstance s'est 
éflerte à l'observation. | 


C:73) 

foyer ardent qui occupait son centre et d'où 
sortaient des éclats de vapeurs bitumineuses (ex: . 
pression des témoins) précédés d’une lumière 
instantanée. Ces vapeurs étaient en tout sembla- 
bles à celles qui s'élèvent du bitume en combustion. 
Les arbres qui entouraient l'église de Lambres 
furent cassés et déracinés ; le mur et le toit de 
la maison du curé enlevés .et dix-huit maisons, 
la plûpart bâties en briques , sapées à leurs 
fondemens , avec le phénomène extraordinaire 
de l'écartement des murs renversés en dehors; ce 
qui doit Joe plus extraordinaire c'est que 
personne n’a été victime de ce fléau, même dans 
ces deux derniers villages ; un seul habitant de 
 Witternesse a été griévement blessé au bras par 
une poutrelle. 


Après ce dernier désastre, la trombe parut 
se diviser ; une partie s’est dissipée dans les 
airs, l’autre qui ne paraissait plus qu’un nuage 
chassé par un vent impétueux, venant du nord- 
ouest, s’est portée sur Lillers, bourg à trois 
heues de Lambres et a causé de grands dom- 
mages dans les prairies de M. de Foulers en y. 
cassant et déracinant plus de deux cents arbres, 

“les plus élevés des environs (x). Cette partie, 


(1) A Relingue, les arbres seuls ont été atteints par 


C:74) | 


._ déjà affaiblie dans sa marche ; s'est dissipée à 


son tour à trois heures de l’après-midi ; le tems 
_ était cälme , le ciel presqu’entièrement découvert 
et le tonnerre, qui n'avait cessé de se faire en- 
tendre de tous les points de l’horison, a fini au 
même moment. La soirée et la nuit suivantes 
furent RE “ 


Ces sacs: heureusement très-rares dans 
nos riches contr ées, ont eé peu remarqués jusqu'à 
ce jour , sans doute parce que ceux qui l'ont pré- 
cédé .ont eu une marche plus rapide, et que les 
maux et les ravages qu'ils ont produits ont été 
de peu d'importance ; ils ne sont cependant pas 
sans -exemple, et j'en citerai. deux, dont on a 
inséré l’histoire dans les observations météoro- 
logiques de ce département imprimées en 1808 
cten RE 


\ 


Ja trombe, les bâtimens n'ont présque point souffert, 
La trombe a commencé à se faire sentir à la limite 
des propriétés de M. de Foalers, vers le villäge d'Ec- 
quedecques , les a assaillies inopinément et traversées er 
entier sur une largear de cent à deux cens pas; elle 
était déja dissipée pour ne plus reparaître avant d'être 
arrivée aux premières. maisons de Lillers, qui ne sont 
pas à plus de dix mivutes de chemiri dù principe dé 
son invasion sur le point où la durée de son passage 
ne fut que de deux minules environ, .._ ... . 


(175) 

Le premier était entièrement lummeux et eù 
orme de globe, de la même grandeur que celle 
du soleil à son coucher, il eut lieu le 17 sep- 
témbre 1787, à dix heures trente minutes du 
soir ; sa direction fut du sud-ouest de Boulogne 
au nord-est ; la ‘himière qu'il: répandait dans .5a 
marche a effrayé tous les habitans depuis. Bou- 
logne jusqu’à Tournai. Ce globe lumineux ne ft 
qu'une ‘ explosion’ à; St:: - Augustin ,. abbaye près 
de Thérouanne , la porte d'entrée fut arrachée, 
ses gonds jettés à cinquante. pas, tout le fer 
qui lui appartenait fut aimianté, j'en conserve 
un morceau ; le bruit de cette explosion fut égal 
à celui d'une bombe qui éclate ; on pèénsait à 
Aire, éloigné de’ quatre lieues , ‘que la poudrièré 
d'Équerdes, pr ès St:Omef , avait fait explosion ; 
le ciel était beau , le tes cale ; le théxmomètre 
de Réaumur marquäit qüatorze degrés , le ba: 
romètre vingt-neuf pouces. Je n'ai pu connaître 
ni son origine , ni sa terminaisom, | | 


Une autre SR j'ai pu jai en 
1782, au mois de septembre , était une trombe 
d eau, elle s'est formée au-dessus d’une vaste 
prairie , à vingt minutes d’Aire , à trois “heurès L 
de Taprès-midi ; le éiel était orageux , les nuages 
qui se croisaient én tous sens se rassemblèrent 
en un seul point, on vit descendre de la nue, 


Là 


« 


Cr78D 
ayec précipitation, une vapeur légère qui s'é- 
paissit bientôt en formant un cône, qui, un 
instant après s'être arrondi sur la terre, fut 
poussé par un coup de vent violent, du sud- 
ouest au nord-ouest de cette ville ; cette trombe, 
en traversant une autre prairie où blanchissaient 
des toiles, y.enleva une femme qui s’est trouvée 
enveloppée par une toile qu’elle voulait attacher 
à un piquet ,. elle fut trouvée Gb ss à une 
demi lieue plus loin. | | | 


Le Shan annuaire statistique rend compte 
d’ une trombe semblable à celle du 6 juillet der- 
nier, et dont les effets furent presqu'aussi dé- 
sastreux, elle eut lieu le 28 mars 1812. Éllé 
détruisit, en quatre à cinq minutes, dix- huit 
maisons dans la commune de Wailly, les dé- 
bris furent poriés à une très-grande distance. 
Ses terribles effets ont été plus considérables 
à Fouquières , où soixante maisons ont été ren- 
versées ; on à remarqué aussi qe les murs sont 


tombés de côtés différents. 


® 
* + 


Enfin, Valmont de Bomare, , dans son di 
tionnaire d'histoire naturelle , rapporte les effets 
d’une trombe de terre qui à passé, le 9 avril 
. 4770, à  Pommiers , arrondissement € de Boulogné: 


8 : 
t « # FE " : dre DS +? 
z re - mn a 
“ ; 


Ca77 ) 


CN OTICE oo 
SUR LA CULTURE DU GRAND MAIS 


DE FENSYLVANIE, 


Par M: Husdie | Membre résident. 


Lonsouz, lannée dernière, je rendis compte 
à la Société royale d'Arras du résultat de mes 
essais sur la culture de diverses plantes exotiques, 
je rangeai le grand maïs de Pensylvanie (zea) 
dans la classe de celles qui se naturaliseraient 
difficilement dans nos climats septentrionaux. Un 
premier essai ne devait pas suffire pour me con- 
vaincre ; mais si j'ai obtenu cette anhée quelque 
succès , ne dois-je pas l’attribuer en partie à } 
chaleur extraordinaire de la saison , qui nous 
a fait jouir des avantages des régions les plus 
favorisées de la nature. Quoiqu'il en soit, une 
culture mieux entendue, des observations plus 
exactes , des expériences dirigées avec Soin , me 
mettent maintenant à même de.porter un juge 
ment certain sur ce que l'on peut espérer de 
la culture du grand maïs dans ce | département. 


. Ce beau végétal a le poït du roseau ; sa tige 
ronde et noueusé par paskiral ‘qui a presque 
23 


.. (18) 

la consistance du bambou, s'élère à près de trois 
mètres de hauteur, y compris le panicule de 
fleurs mâles qui la couronne. À l’aisselle des feuilles 
intermédiaires qui sont larges et fort ‘longues se 
trouvent les fleurs femelles disposées en épi très- 
serré sur un axe charnu caché sous plusieurs 
enveloppes. Lorsque la. plante est au tiers de 
_son accroissement, deux surgeons partent du pied, 
qui n'atteignent que les deux tiers de la hau- 
teur de la tige principale, Cette tige, ainsi que 
Chacun des deux surgeons , porte ordinairement 
deux épis. Les rapports qui existerit entre cette 
variété et le maïs, connu dans ce pays sous le 
nom de blé de Turguie , me dispense d'en donner 
une JeRCDHOR plus détaillée. 


‘ Le grand mas, plus que tautes ses variétés : 
demande ,. pour prospérer , un sol riche et pro- 
fond , une terre bien préparée et fortement fumée. 
Le 29 mars 1822 , j'en plantai dix grains dans 
autant de trous detrois centimètres de profondeur, 
à trente-trois centimètres de distance l’un de 
Pautre , en bonne terre, à l'exposition du midi. 
Cinq grains étaient levés vingt-quatre jours après: 
Les cinq autres grains (probablement de mau- 
_vaise qualité) n’ont pas levé. La sécheresse 
vuisit aux progrès de la végétation du maïs ; je 
lui donuai un ÉRESULEE sun et un engrais 


Ca99 ). 

liquide vers le r5 mai; les tiges avaïent alors 
35 centimètres dé hauteur : l'effet de cette opé> 
ration fut si sensible que 15 jours après (époque 
du second binage } la hauteur des tiges était plus 
que doublée. Le troisième binage fut donné avec 
arrosement d'engrais liquide comm les précédens 
le 14 juin : les tiges s’élevaient à r mètre 16 
centimètres, et Îles surgeons sortis de chaque 
pied à 16 ceritimètres. Je buttai lgèrément quatre 
jours après et repandis de l’engrais en poudre 
autour de chaque pied : les panicules de. fleurs 
qui terminent les tiges se montrèrent dans les 
premiers jours de juillet, la floraison dura plus 
d’un mois, les épis commencèrent à paraîtré à 
la fin .de juillet, époque où les pieds de maïs 
avaient 2 mètres 5o centimètres. Les surgeons 
fleurirent au commencement d’août ; le 15 les épis 
étaient sortis : deux de ces surgeons s’élevaient 
alors à 2 mètres 32 centimètres , et les autres à 
1 mètre 78 centimètres. D > 

Le grand rapport dé maïs est 7 constant 
pour. qu’il dut être. l'objet exclusif de mes re- 
cherches ; 1 m’importait bien davantage de m'as: 
Surér par des expériences si les procédés ustels 
de-sa culture n'étaient pas vicieux ; j'ai sacrifié 
dans ce dessein une partie des espérances que 
me donnaient ma récolte. | 


Ci80) 
_ Les personnés qui cultivent le maïs en France 


sont assez généralement dans l'usage de casser  : 


Jes panicules de fleurs et la sommité des tiges au 
premier nœud, quand les fleurs commencent à 
sécher ; on prétend par ce moyen ainsi que par 
l'exfoliation @ÿ; bas de la tige hûter : maturité | 
du fruit. 


D'autres arrachent les surgeons, prétendant 
que les deux épis de la tige principale en prof- 
teront mieux , seront plus gros, plus productifs 
que les six épis qu’eut produit la plante intacte. 


_ D'autres enfin ont coutume de butter le mais 
comme des PORN de terre. 


| y ai consacré à mes expériences deux plantes 
. auxquelles j'ai fait subir les diverses opérations 
ci-dessus : le résultat infiniment inférieur de leur 
produit (comme on va le voir) m’a convaincu 
que tout retranchement fait à une plante est nui- 
sible à sa fructification ; que la surabondance de 
sève qu’il occasionne, loin de tourner à l’avantage 
du-fruit, se'réduit à un luxe de feuilles qui en : 
absorbe et fait avorter beaucoup de germes, et 

eri retarde même la maturité. Le buttage tel qu'il. 
se pratique nuit à l'accroissement des plantes en. 
détruisant une, partie du chevelu des racines. 

Cette opération me paraît: cependant nécessaire , 


CO Ca) 
mais .elle doit être faite avec la plus grande pré- 
caution : les binages même LorvenE être dormés | 
peu prOIgnse | | 


Le 8 octobre, huit épis provenus de trois tiges 
intactes et de leurs surgeons ont été récoltés par- 
faitement murs ; ils ont donné ensemble 138: : 
grains , C'est-à-dire 460 pour 1. 


Le 17 du même mois, quatre épis provenant | 
des deux tiges mutilées pour mes expériences, ont 
été récoltés sans être au point de maturité desi- 
rable ; ils étaient inégalement et peu garnis : ils 
ne contenaient ensemble que 357 grains, c'est- 
à-dire 178 -pour «. 


Les cinq pieds de maïs portaient en totalité 
vingt-un épis, mais comme neuf n’ont pas fruc- 
tiñié, ma récolte effective est de douze épis ren- 
fermant ensemble 1738 grains de bonne ICQ (1) 


© En arrachant les tiges j'ai reconnu que le pa: 
quet de racines de chacune avait au moins 60 
centimètres de circonférence sur 18 de pro- 
fondeur , sans y compendre l'immense quantité 


«) La farine da grand mais est moins sablonneuse 
et plus riche en gluten que celle des autres variétés s 
et serait plus facilement convertie en pain. ‘ 


« 


L (182 ) | 

de chevelu qui s'étend à uñe grande distañce. 
Malgré que la terre eut été bien famée, que 
divers engrais y eussent été répandus abon- 
damment et à plusieurs reprises. pendant la crois- 

sance du maïs, elle n'a presque plus rien de 
végétal et ressemble à une poussière insensible 

ét improductive, c’est ce dont on pourra plei- 
nement se convaincre par la vue de l'échantillon 
que je dépose sur le bureau, Il est donc évident 
que cette plante est épuisante au plus haut degré, 
que ‘sa culturè nécessite beaucoup d' engrais ; et 
je ne sais quelle plante on dés hi faire suc- 
céder. 

Malgré son produit considérable, le i 
maïs ne peut devenir dans ce pays l’objet d'une 
culture eri grand, car outre qu’il épuise le sol, | 
qu'il exige beaucoup de. frais et de soins, "RouÉ 
pouvons dire avec quelque certitude qu’il ne 

-_‘urira pas une année sur trois. Nous avons dans 
d’autres céréales de quoi nous consoler de l’obs- 
tacle que notre climat met à L culture du grand 

. maïs qui ne sera guère pour nous qu'une plante 
de curiosité ; (r) mais il serait à desirer que l’on 


‘ (r) M serait utile cependant de faire encore des essais ; 
Je grain en dégéuérent un: peu pourrait peut-être s6 
| naturaliser et donner une bonne. vordis : Lis bi 
d'en continues lg caltures. 


(183) 
cultivat davantage le mas dit 8% de Torque , 
notamment la variété à grains jaunes que l’on 
est sûr dans ce pays de voir mûrir chaque année 
et à toute exposition : (1) il! demande une terre 
moins forte, moins d'engrais et de soins, et 
on peut avec succès lui faire succéder les plantes 
fourrageuses ; il rend communément 250 à 300 
pour 1. Les volailles sont très-friandes de ce grain 
qu on pourra employer plus utilement (comme 
on le fait dans les départemens méridionaux ) 
à la nourriture de l'homme, quand on sera par- 
venu à améliorer les procédés de sa panification. 


a  . 


(1) Je plante chaque « aunée du. blé. de Turquie et la - 
récolte n'a jamais manqué ; même « en 4816, année ex- 
trémement piinenee ° 


 C184 ) 


ROUSSEAU ET LE DUELLISTE,, 
-POËME. 
QUI À OBTENU LA 1." MENTION HONORABLE, 
Por M: ConNE, d Arras. 
pate En etec—— 
| ss Què scelesti ruitis?. Gur | 


_ dexteris aptantur enses ?.. 
 Horacsz. Epode wir. 


Sous le’ poids de sa gloire et le poids des chagrins, 
Au bord de son tombeau qu'il creusait de ses mains, | 
Par d'éternels tourmens expiant son génie, | 
Rousseau ,» voyait pâlir le flambeau de sa vie. 

Un jour il avait fui le trouble des cités; 

De spectacles hideux, trop longtems attristés, 

Ses yeux avec transport revoyaient la natnre, 

Les côteaux, le vallon, sa riante verdure, 

Et dans la paix des champs, flétri par la douleur, | 
Son cœur semblait encor s'entrouvrir au bonheur. 

Au sein de la forêt, sous un antique ombrage, 
Rèveur, il s'égarait dans des murs de feuillage, 

Mais soudain il s'arrête ; il écoute. Une voix 


À troublé tout-àa-coup le calme de ces bois ; 


- (185) 
* Des mots entrecoupés ont frappé son oreilles 
" Un sentiment confus dans son âme s'éveille; | 
Il s'avance, Non loin, au pied d'un chêne assis, : 
L'œil sombre, ardent, le front chargé de noirs soucis, 
Un jeune homime , tantôt dans un morne silence ; 
Semble nourrir la -haine et rêver la vengeance, 
Tantôt par des acçens qu'arrache la douleur, 
11 trahit les transports d’une sombre fareur..… 
Un livre est: dans ses mains : il l'ouvre, il le dévore, 
_ £t bientôt le rejette et le reprend encore. ‘ 
À son regard sinistre, à son trouble, on dirait 
. Un coupable contraint de lire son arrêt. : 
Son transport s'est calmé, mais ce calme est farouche; 
H repousse le livré ; il soupire ; et sa bouche, 
Du poids qui l'oppressait soulage ainsi son cœur : 
« Oui, Rousseau, tu dis vrai. C’est un barbare honneur, 
L'honneur qui veut du sang pour laver une injure. : 
La voix de la raison, le cri de la nature ; 
Et la loi méconnue, et le ciel outragé, : 
Tout condamne et maudit l'horrible préjugé 
Qai sous un nom sacré nous ordonne le crime; . 
Fait d'un gladiateur un mortel magnanime, 
Et d'un fer assassin armant nos bras cruels, 
Éternise le sanig. sur ses affreux autels. 
Oui, ce fatal, honneur, je le hais, je le brave... . 
Il parle... je me tais. J'obéis .en. esclaves... 
| 


24 


(186) | 
J'en gémis!... Mais Roussehus lorsque ti Aoble vêit, 
_ Servait l'humanité, revéndiquait sés drüftés | 
Lorsque des träifs brélars de tà atiâté Elouéñt ; 
Tu foudroyais ce monstie, erfant dé la vegéañce, 
Rousseau ; le deshonneur rougistait-5l t6ti Frônt? 
Ton cœur æ séchait-il, flétri par un dfftéat ? 
Non, tu ne sentais pas dans des télves brüläntés, 
D'un sang jeune, irrité, les akdeats bouillehnahtes; : 
Tu montais k la gloirè et tes nobles travaux; Oo 
Blessaient envain les yenx de tes obscurs rivéux: 
Les lauriers protégaient ton front contre l'envie y, 
Mais moi, jeune, et sans nom, nu sentier de la vie, 
J'avançäis, appuyé sur de frèles soutiens, 
L'innocence et l'honneur 3 c'étaient-là mes seuls biens, - 
Quelques fleurs sous mes pas recouvraiént. uu âbîme ; 
L'infâme catomhie attendait sa victime ; 
Elle a tàri pour moi les sources dà bonheur, 
D'un nuage perfide ; ob$curci inon honneur, : 
De ses plus noirs poisoné Hétri mon innocence ; 
Et je vivrais encor ! je vivrais sans vengeanée ! | 
Non, nou, tant que mon sang, ce sang deshomofe: : | 
Fera battre ce cœur qu'un traître a ‘déchiré s 
Je poursuivrai l'autedr de l'affront qui m'xocsblé, 
_ J'aurai soif de soh smg, et d'un bras implacable,  : 
Je saurai tôt ou tard äller trouver son cœur; 
Pour y laver ma honte, y rèssaisit l'honneur, ‘| 


_ 


Si je tombe, trahi par l'ipjpste fortune , 

Je quitterai du moins yne yie impartpne, 

Sans regrets et.sans tache. p I] dit, Et dans ses yenx, 
L'éclair étincelait ouf np front soyrcilleux : 

I se lève. Sopdain Rousseau vers li s'ayance : 
Arrête, où courais-ty , jeune homme ? A la vengfanpe 


— Au crime , malheureux ! — Au crime ! lil n'en est pas 


CES rs 


Quand l'hongeur ontragé lui-même arme nos a 
.— Mais où donc as-tu lu cette Joi sanguinaire? | 

— Mais vous qui me parlez d'une voix gi sévère, 
Quels sont vos droits ? - — Un cœur ami de la vertu ; 
Mes cheveux blancs, mon nom, pent-être ; il t'est conny. 


Rousseau, —— Rougseau 7" ‘entende-je? ; — Eh bien! ce 
nom t'élonne. | 


Oui, Rousseau , dont le cœur te plaint et te pardonne. 
Malheureut ! Quoi ! si jeune et de sang altéré ! 
Sans moi, tu couraîs: donc d’un bras désespéré 
Racheter ton honneur au prix d'un homicide? 
Insensé! garde-toi d'une vertu: perfide, : “+ 
Qui du nom de Fhonneur colore -des forfaits. + 
De l'honneur véritable elle n'a point les traits: | 

Elle est basse, hydeuse, ardente à la vengeance; 

Il est noble, il est grand et dédaigne l'offénse..….. 

Tu ne m'écoutes pass — Ah j'ai tout entendu, 

Et ton Hvre éloquent déjà m'avait vaincu. 

Oui ma faible raison devant toi shumilie : 

Mais mon cœur. ne sait pas dévorer l’infdmie. 


(. 188 ). 
Eh! que m'importe à moi qu'un austère censeur , 
Proscrive la vengeance et les lois de l'honrieur. 
Je n'ai point su me faire un front assez stoïque , 
Pour braver le mépris plein d'un calme héroïque, 
Ce mépris , il m'attend : il flétrirait mou nom, | 
On dirait que la peur m'a dicté le pardon, ‘ 
‘Je verrais més amis, honteux de ma présence, 
Sourire avec dédain et vanter ma clémence, 
Sûr de l'impunité le lâche m'outrager, 
Et m'apprendre trop tard enfin à me venger. 
Non, laisse-moi courir où mon destin m'etitraîne. 
Le ciel, linjuste ciel me poursuit de sa haine, 
N'accuse que lui seul. Lui seul condüit mon bras, 
‘Adieu, Rousseau... Plains moi... Mais ne m'arrèête pas 
En finissant , sa main pressait la main du sage 
Rousseau ,. l'émotion altérait son visage. |. 
— Un seul instant, dit-il, arrête ; infortuné ! 
Suis-moi.... Suis-moi ,» te dis-je. Incertain, étonné, 
nl hésitait ; Rousseau loin de ces bois l'entraîne ; . 
D'un pas silencieux, ils regagnent la plaine, 
. 7. Déjà l'astre du jour avait fui l'horison ; 
Les mourantes clartés de son dernier çayon re 
Des voiles: de la nuit adoucissaient les ombres; | 
Plus triste et non moins beau sous des Leintes plus sombres, 
L'aspect de la nature éveillait dans les cœurs. anse EE . 
Et la mélancolie et les plaisirs réveurs, 


(189) , 

. C'était l'heureux moment de cette paix profonde 

Où loin de la splendeur , loin du fracas du monde > : 

L'homme désabusé , philosophe un instant, | 

Interroge son cœur, en lui-même descend, 

Vertueux +. goûte en paix le prix de l'innocence ; 

Et coupable, s'éveille aux cris de la vengeance. 

De la nuit cependant le lugubre flambeau, 

Venait de la nature éclairer le tableau ; 

De ses pêles rayons la lueur incertaine , 

Se prolongeait au loin sur l'uniforme plaine: 

Un seul bosquet plus sombre arrétait les regards. 

Des tombeaux de gazon sous des cyprès épars ; 

Des monumens de deuil , mais sans faste inutile, 

Attestaient de la. mort quelque champêtre asyle, | 
C'est-là qu'enfin Rousseau vient suspendre ses pas. - 

A : l'aspect de des lieux où règne le trépas, 

Surpris, mais non troublé, son compagnon l'arrête: : 

— Voilà donc l'argument que ta raison m'apprête, 

Les douleurs dela mort, les terreurs du tombeau! : - 

Tu ne me connais pas, Tu m'outrages, Rousseau. 

— Non, jeune homnmie , je rends justice à ton courage: 

Ce n'est point de ta peur l'avilissant langage, 

Que je veux faire ici. retentir dans ton cœur. 

Non, non, je lui réserve un plus noble vainqueur. L 

Mais approche. Tu vois cette tombe récente... 


"+ 


Ah ! que ne peux-tu voir la victime sanglante, 


| ( 190 ) 

- Dont un barbare honneur arma la faible main; 
Qui, tombant sous un fer mille fois assassin, 
Au printergps de ses jours, cruellement ravie, 
Vint engloutir iei sa jeunesse et sa vies 
L'infortuné! jadis, aux jaurs de son bonheur, 
Moi, je l'ai vu brillant d'espérance et d'ardeur L 
. De la vie à long traits goûter la douce ivresse j 
Vain espoir ! ses vertus, ses talens , sa jeunesse, 
Ne l'ont point défendu de la faux du trépas. 

Il est tombé. Ses yeux ne se rouvriront pas; 
La terre a dévoré sa dépouille mortelle; 20 
Tout s'est évanoui dans: la nuit éternelle... 

— Eh lien, Que:veux-tà donc? Qué j je plaigne son sort ? 
Non Rousseau. Épi du: moins, il est heureux : ä dort. 
— © pd'un cœur insensible égoïisme farouche! - 
Quoi! ces mots sontrils bien: échappés de {a bogche: 
11 est heureux ! cruel] pouryu ua: de see maux, 

On rgnsontse l'oubli dans la sa des tombogix,  : -- 
Qu'impoxte Jes. tourmegs des sœurs qus l'an déchire: 
Qu'une mère succombe an depil , à son débres -.. : 
Qu'importe da nature eù.5es cris suparfus 

Dans le fond de la tombe on ne les entend plus ; 

On est heurepx.. y Cruel! Ma pitié t'ahaudonng.…. 

_ Mais OR Rasspre toi. Va ! mon cœur. te pardonne : 
Tu n'as point sntenda Les lamentables cris, 

Dont ung mère en pleurs redemandait son fils. 


Tes yeux ne lo 


Sur ce marbre | 


Le couvrir de 


D'on affreux : 
Puis à soû fils 
Adrester douc 
N'avait-l pa 
De se trouv 
De rendre t 
Et sa mère 
L'ingrat! : 
Et cohdau 
Eh bier 
Jeune ho: 
Et a mt 
Dis-moi 
Yaut- 
En à 
Je ne 
Tu: 
Ve S 

Ce « 

Pa 

N 


Cigr ) 
Tes yeux-ne l'ont point vi, ici s pâle; tremblante, 
Sur ce ntarbre glacé se pencher expiradté, : 
Le couvrir de bsisers, et duiester vetit foib, 
D'un affreux point d'honneur les. meurttières lois & 
Puis à soh fils ingrat d'une voix presqu'éfeinte 
Adresser doucemeut sa maternelle plaintèe 
N'avait-il pds promis d'einbelir ses vitix ess; 
De se trouvér ehcore entré ss bras mburans , 
De rendre quelque joue des honneurs à sd œndre Bises 
Et sa nière au tombea vient dé ke voir descendré ! 
L'ingrat ! À l'a ttahie Il à uavré sos tœar, 
Et cohdalneë sa mère à mourir du douteur ! 

Eh bien ! Est-il heureux l'auteur de turit d'alarimes , 
Jeune homme? Ah !duns tes feux je veis roulet dés term}, 
Et la mère sai déute est pyréseutg k ton ‘cœuri 
Dis-moi, Faut: aussi l'intinoler à l'honneur ? 

Faut-il aussi ; répohds, que lè fer sanguinkire, : 

En déchirant toh seiñ aille forger ta mète 7 

Je ne te retiens plas Tu restes; tu frémis j 

Tu nt plès céminel; embrassestsoi, Mon fs. 

Je faisais à toi éur inb crablle itjare, 

Ce èœüt, il h'ést point éburd au eri de la mature,” 
Par l'iiour dé t@ rhbre à là vie énchutné ; 

Non; tù de rütpihs pas ée lien fortème, 

Mais quoi ! péubif eator tu gardes lé tilende1 : 

Je te coipfend. Peut-être wee affreûsé ‘espérance, 


(192) 
Te berce en ce moment et flatte ton courroux, 
La mort peut t'épargner et réserver ses coups s : 
Pour le fatal objet d'une implacable haine ; | 
Ton bras peut assouvir sa vengeance inhumaine, 
Et de ta mère encor soutenir les vieux jours. 
. Ah! que ton bras plutôt t'épargnant son secours ; 
Te livre sans défense au fer de l'homicide ! 
Et puissé-je plutôt voir sur ton front livide, 
Les traces de ton sang , les horreurs du trépas, 
Que le sang d'un rival dégoûtant de ton bras! 
Tu ne sais pas encore de quel poids effroyabie, 
” Le sang de la victime est au .cœur du coupable ; 
Quels terribles vengeurs poursuivent les forfaits ; : : | 
© mon fils! puisses-tu ne l'apprendre jamais, 
Innocent, outragé tu ne.conaais encore, 
Que les chagrins cuisans dont le feu te dévore. 
_ Hélas ! il est un feu cent: fois plus flétrissant , . 
Un feu dont la fureur s'accroît en vieillissant . 
Sur la terre allumé par le courroux céleste, . | 
Au cœur de l'assassin il s'attache, il y rest@,.  - 
_ Le ronge lentement et le suit chez les morts; : 
O mon fils ; crains ce feu qu'allument les remords, 
Tu souffres j mais ta main est du moins innocente. 
Ton sommeil est tranquille. Une ombre menaçante, 
Ne vient point t'évaller de ses lugubres cris; 


Tu ne vois point- des mots en traits de sang écrits, 


(193) 

T'annoncer' lé trépas, l'heure de Îà veñigéäice ; 
Mon fils, gatde toujours cetté heureuse idiocenéés 

Dés vétérans du meurtre , äffréux gladiätéurs, 1 
Qui mettent chaque jour quelque familte ex pleurs, 
Et qui, pour s'en vanter, égorgeant des victitnes ; 
Comptent avec orgueil le nombre de leurs crimés, 
Ak ? ceux-là te diront que leur cœur sanÿ remords, 
N'entend point cetté voix et du sang et des morts, 
Ne les crois pas, mon fils, ils s'abusent éux-mêmés'; 
Mais lé réveil approche. A leurs momens tuprêmes, 
La nature outragée aura repris ses droits ; 
Ils l'entendront enfin cette effroyablé voix ; 
A la sombre élrté des torches funéräirés , 
Îls verront , pléns d'éflroi , sur leur“ mains meurtrières, 
Un sang inéffacable, uñ séng âccosätéor, 
Et d'un affreni destif, fünèste avétt-coureur , 
L'implacable remords dritié pour léàr supptice. 
O mon Dieu! quels tourmens teur garde ta justice 7... 
Quels sort attend R haut lés coipäblés inortels..…. 
Je réspecte en tremblant tes sécréts éternels, 

A ces mots il se têt. Une grande petiséé 
Bemblaïl peser alors sur son dine éppréée, , 
Son regard était fixé, ef tout-à=roup ses yévÉ, ” 
Brillans d'un feu nouveau s'élévaieñt vers lés deux 
On: eut dit que son âme: à là terre râvie, 


Allait revoir enfin sa célésie- pitrié; 
| 25 


| .. ag) 
Æt bientôt sur la terre abattus, ses regards ; 
Ærraient avidement sur les tombeaux épars, | 
Comme s'il eut voulu, libre enfin d'y descendre, 
Des morts silencieux interroger la cendre, 
Écarter de ses yeux le terrestre bandeau ; 


Et pénétrer vivant dans un monde nouveau, 


« O toi, dit-il enfin, toi qui d'un front tranquille; | 


Courais braver la mort, y chercher un asyle, 
Jeune homme, as-tu percé cet immense avenir, : 
Qui commence au tombeau pour ne jamais fair ? 
As-tu d'un ciel obscur éclairci les nuages? 


Sondé cet océan sans fond et sans rivages ? 


Est-de un dieu de clémence, est-ce un dieu de courroux, 


Ge dieu qui nous attend, qui doit nous juger tous? : 


Est-ce un jour de bonheur, est-ce un jour de vengeance ; 


Le jour qui doit finir ta fragile existence ? 


Tu n'en sais rien encor , jeune homme ; et tu pourrais 


D'un destin inconnu devancer les arrêts! 

Crains un affreux réveil à ton heure fatale, 

TCrains de rentrer trop tôt dans la nuit sépulchrale, 
Ah ! moi-même courbé sous un doute accablant, 

Au bord de mon tombeau je m'arrête en tremblant ; 
Quelques faibles vertus me rassurent à peine, 


Et peut-être, Ô mon Dieu , j'ai mérité ta haine! 


Grand Dieu, quand les humains au tribunal traînés , | 


Pâles , dans la poussière à tes pieds prosternés, 


Atterdront de 
Peut-être en 
De tes fils ég 
Tu pourras | 
Mais le cœu 
Éteigoit da 
Mais le co 
Dieu vens 
Non, mo 
L'impitoy 
Jeune ho 
KR peut 
— Fh! 
Rousse 
Mas 
Dont 
Parto 


| Cr95 } 
Attemdkont de lèur sort l'éternelle sentènce , 
Peut-être en ce grand jour signalant ta clémence; 
De tes fils égarés , excusant lè mallieür;, 
. Tu pourras pardonner l'ignorance-et erreur; ” 
Mais le cœur inhumain qui de vengeance avide ;. 
Étcignit dans le sang une soif homicide, 
Mais le cœur qui n'a su pardonuer un affront;- 
Dieu vengeur ; pourra-t-il espérer le pardon 2. 
Non, mon fils, non-jamnais, H a dicté. lui-même. 
_ L'impitoyable arrêt de son malheur suprême. . 
Jeune homme, tu m'entends. Ton sort est dans tes mains, 
Et peut-être ce jour va fixer tes destins... 
— Eh! bien. Je saurai vivre ct dévorer l'outrage.. 
Rousseau , tu m'as donné ce sublime courage ». 
M ais permets-moi du moins de haïr ces mortels, . 
Dont les absurdes lois , les préjugés cruels, 
Partout devant mes pas entr'ouvrant un abime 
Me forcent à choisir de l'opprobre ou du erime. 
L'opprobre !... Ah ! ce nom .seul réveillé ma fureur! 
N'importe. J'ai choisi. Je foule aux pieds l'honneur. 
_— L'honneur sera toujours le prix du vrai courage, 
| O mon fils , laisse-moi couronner mon ouvragè, 
 Amener à tes pieds ton cruel ennemi _—… | 
- Et peut-être, bien, plus » te donner un ami.n: 
I se tait 5 il s'éloigne et disparaît dans l'ombre.. 
L'aurore cependant succède à l& nuit sombre ;. | 


C 196 } : EL 
Ronussean ne revint pas. Vingt fois l'astre du j jour “RE 
S'allama , s'éteignit sur les bois d ‘alentour ; ; 
Roussean ne cherchait plus leur ombre tutélaire, . 
Rousseau ne vegait plus y rêver solitaire ; . 
Ses ; jours étaient. comptés F et Rousseau n'était plus 
Sur ses restes mortels au tombeau descendus, 
Deux agms, qu'uniseait un lieu plein de charmes, | 
Vinrent confondre un jour leurs regrets et leurs larmes : 
« O Rousseau, disaient-ils, jauis encore du meinss. 
D'un spectacle bien doux qu'ont préparé tes sins ; : 
Vois nos cœurs désarmés ; et. jadis ennemies, 
Vois nos mains sur ta tombe à jamais réunies. » 


( 197 ) | 


RAPPORT 
Per M: Puis , Membre résident. 


i. 


B sn RES 
CN] e 
à + 


Messieurs, 


e : 
“ : , e 


* ‘( 


L, Société Me. commerce, sciences 


et arts du département de la Marge a avait _ 
la question suivante: Jin 


« Quelle est, dans l’état T de la Fri 
» et dans ses rapports avec Îes nations étran- 
» » gères, l'extension que l’industrie, dirigée vers 

» l'intérêt national, doit donner aux différens 
» genres d’inventions qui suppléent le tr avail de 
» l’homme par le travail des machines Po» 


Elle a décerné le prix du concours, dans sa 
séance publique du 7 août 1827, an mémoire de 
M Paris, ancien sous-préfet. 


L'importance de cette question, Pa 
sous un point de vue général, et le grand intérêt 
qu’elle offre pour le département du Pas-de-Çalais 
en particulier à cause de la fabriçation de Ja 
dentelle, m'ont déterminé à vous présenter un. 


| | ( 198 } L 

aperçu du compte rendu de.ce mémoire par 
M." Tessier, dans le journal des savans du : mois 
d'avril 1622. 


Suivant l'auteur , les inventions qui suppléent 


le travail des hommes donnent une grande exten- 


sion à l’industrie, et il cherche. à prouver que, 
dans l’état actuel, les peuples modernes sont, 
ainsi que les anciens, d'autant plus industrieux, 
commerçans, riches et civilisés, que l'usage 
des machines y est généralement adopté, de 
sorte qu'il suffirait de la‘ connaissance exacte 
des progrès de l'application des machines et 
des procédés chymiques aux arts industriels 
» chez les diverses nations dans tous les âges, 
» pour dresser un tableau comparatif. de degré 
» de civilisation, de richesse et de puissance 
>» relative auquel étaient ou sont parvenus les 
» peuples des différentes parties du monde. » 


RENE ET 


« ° l 


Las 
% 


. Il établit l'utilité de tous les moyens qui éco- 
nomisent le tems, la main-d'œuvre et par consé- 
quent les frais de production. Il comprend parmi 
ces moyens ceux qui perfectionnent les preduits , 
. bien ‘qu’ils ne réduisent ni le tems ni la main- 

_ d'œuvre. Quelques-uns lui paraissent propres à 


et 


_faire produire, savoir : l'adresse manuelle ou la 


dettérité ; la. division du travail, l’améhoration 


(199 ) 
des procédés , et l'emploi des machines et appa- 
rails ; c’est de ce dernier qu’il s’agit particulière- 
ment dans le mémoire. Sous le nom demachines, 
M:' Paris entend tout ce qui facilite et perfectionne 
la production , c’est-à-dire, les instrumens méca: 
niques et physiques et les agens chymiques. 


M: Paris n’a pas laissé sans réponse les ob- 
jections faites contre l'introduction des machines. 
Il les. expôse successivement ; elles se réduisent 
à celles-ci : la crise politique qui travaille l'An- 
gleterre et qui, dit-on, à sa source principale 
dans les moyens faciles qu’elle emploie pour pro 
duire , lesquels moyens deshéritent le pauvre du 
travail, sans dédommagement. L’encombrement 
de ses magasins, résultant de l’excessive pro- 
duction. Les ouvriers privés de travail ne con- 
sommant plus. L'introduction des machines don+ 
nant au fabricant aisé, qui peut les établir, une 
prééminence sur le petit fabricant, pour qui elles 
sont très-chères , favorisant le monopole de l’in- 
_ dustrie manufacturière et l’accumulation déme- 
surée des richesses, Enfin la crainte que l’emploi 
des machines n’exigeant des ouvriers qui les font 
agir. qu'un travail simple , toujours le même, ne 
les abrutisse, et n’affaiblisse leurs qualités intel- 
lectuelles, n’ayant plus besoin d'intelligence. 


C 306 


M! Paris né pensé pas qué l'emploi des-ra- 
chines réduise # clisse laborieüse des oùvriers 
à manquer de travail, et il recotait que plus 
les machiñes 5e raultiphent dans en pays et plus 
Re nombre des ouvriers s’ÿ aceroit, 


I1 est de fait que la consommation d’une mar- 
chandise augmente en proportion de ce que son 
prix baisse; elle est à la portéé d'un plus grand 

nombre de personnes, et celles qui déjà en fe- 
saient usage en. consomment davantage. L’ auteur 


prend pour exemple le sucre qui, lors du sys- 


tême confinental, a valu en France cinq francs la 

livre. La consommation était alors de 14,000,000 

de livres par an, maintenant que cefte matière 

“est de beaucoup meilleur marché la consomma- 
tion s "élève à à 80 000,000 de livres. | 


- Hya trente ans, ba consémmiation da cotum 
p'allait pas enr France à tros sdtions de kio- 
grarmnres, dont les déut tiers arrivarent du Levans. 
En 1812 elle s'est élevée à t1,000,006, et em 
1840 à 223,500,0D0... 


AP égard dés midchies simples, telles qie le 
mécanisme pout” li dénitellé et les tissus , il serait 
peut étré perniis , Messieurs, de rie pas partager 
l'opinion de M.' Paris, parce que cés machines 
remplaçant en entier le travail de l'homme et leur 


marche 


elles al 
que s0 
pour 
Mais : 
ordre 
celles 
sant 
“dige 
Trav: 
lexé 
“sidé 


bar 


| (205 ) 
marche ne fesant pas “naître d’autres travaux j 
elles absorbent toute la main-d'œuvre, et, quelle 
“que soit la consommation, ‘elles. sont suffisantes 
pour y pourvoir ,.sans le secours des vuvriers, 
Mais il n'en est pas de même des machines d'un 
ordre plus relevé, telles que, par: exemple, 
telles à vapeur; où l'eau et le feu, en se réunis- 
sant, se prétent des forces qui tiennent du pro- 
«dige et donnent la possibilité d'entreprendre .des 
travaux auxquels on. n'aurait pas songé , et dont 
l'exécution nécessite l'emploi d’un nombre con- 
‘“sidérable de bras. Îl ne serait peut-être pas trop 
:hardi de dire que les machines de ce genre aug- 
mentent la quantité des subsistances de l’homme, 
dans le sens qu'appliquées à des, manéges elles 
tiennent la place d’un grand nombre de chevaux 
‘à la nourriture desquels on consatre. des terres 
“propres à à produire. des coméstibles. L'emploi 
“qu on fait de ces machines , dans la navigation , 
ne peut que. présenter des avantages sans incon- | 
vénient pour les ouvriers. | 


_ L'éncoinbrement dés produits 4 des. Pt 
be. en Angleterre, cette espèce. de pééthore de 
:Pindustrie britannique ; qu’on:attribue générale- 
‘ment à l'introduction des machinés , : tient «à | 
d’auitres:causes ; suivaht l’auteur du mémoire: On 

peut “considérer : comme. l'une.des principales , 
| | | 26 


(206 3 


l'espérance des fabricans de celte mation de pou 


voir au moment dé la paix, jeter sur le continent, 
stec avantage , nine quantité immense de- mar- 
ækandises de keurs fabriques. Leur cupidité fat 
déçue par les progrès dans les fabrications qui 
se fesaient partout remarquer. et sxirtout en France. 
£ette cause serait suffisante ; mais on peut y 
ajouter l’'énormité de:l’impôt, la cherté du pair, 
‘souteaue par la défense de. l'importation: des 
grains ,. tant que le quarter de fronrent est an- 


dessous de guare-vingt shilings. Enâa ke sys 


‘tême de prolbition dont l'Angleterre ‘a donné 
-le dangereux exemple, et qu a réagi sur elle 
-par à réciprocité des prehibitions. mn 


Tel est l’objet de la première partie ‘du mé- 
moire de M. Paris ; dans la seconde, il tend à 
prouver l'utilité, en France, de l'application des 
machines aux arts industriels , relativement à la 
‘richesse. « En moins de trente ans, dit-il, malgré 
_» la plus terrible crise politique, malgré les 
» guerres les plus meurtrières , malgré la perte 
+» de nos colonies et la longue privation de tout 
‘» commerce , là France a fait des progrès:si ra- 
-» pides dans les sciences, dans les arts, que 
» k population s’est accrue d'un sixième, tt que 
.» la fortime publique a plus que doublé par l'ac- 
.» cumulation des capitaux de taute nature. :». 


| € 307.) 
Ses valet et le part que les machines 7 
te dans l'augmentation des richesses et dela 
population, on pourrait encore indiquer comme 
. use l'introduction de la vaccine et la grande 
quantité de tèrres rentrées dans le commerce par 
la suppression , en France , de presque tous les 
établissemens de main-merte. | | 
M: Paris ajoute: d'autres assertions à l'appui 
de son opimog. Je ne pourrais les déduire ici sans 
outre-passer les bornes que je dois me prescrire et 
sans m exposer à abuser de vosmamens; d’ ailleurs 
pour le faire avec quelque fruit il faudrait woir 
sous les yeux l’ouvrage même. Mais je ne puis 
résister au desir de faire mention d’une objection 
importante que M." Paris se fait, et À laquelle il 
répond d'une manière aussi juste qu "ingénieuse., 
en empruntant le langage de la physiologie. 
© Voici l'objection : la muMiplicité des manufac- 
tures, dira-t-on, bien que l'établissement .dés 
machines , pour ‘celles qui en:emploient, réduise 
de beaucoup ke nombre de bras, prive l'agri- 
culture d’une grande quantité d'individus, qui 
préfèrent: ce genre de travaux, moins pénibles 
et plus Hucratifs. M:' Paris répond que, dans 
un. État-vaste et populeux, les intérêts de l’a- 
griculture, de l’industrie et. du commerce se 
_ confondent. I ajouté :.« On peut comparer l'in. 
». dustrie: générale à une es dont l'i industrie 


( 508 } 

» ägritole est la racine , et les industries manufac- 
» turières et commerciales , les tiges. Si la racine 
» souffre , les tiges languissent ; si les tiges sont 
>» malades, la racine, à qui la circulation ne ra: 
» mène plus qu’une sève appauvrie , dépérit. La 
» plante ne prospère que lorsque toutes les par- 
» ties, jouissant d’une égale vigueur , la sève 
» fournie en abondance par la racine, circule 
» et s’élabore librement dans les tiges qu’elle 
» alimente ct grossit, et redescend en partie dans 
» la racine pour la fortifier. Cet organe devenu 
» plus robuste, remplit ses fonctions avec une 
» nouvelle énergie , transmet plus d’alimens aux 
» tiges, qui lui rendent à leur tour plus de sucs 
» élaborés ; échange de services qui ne s’arrête 
» qu au terme désigné par la nature » 


M. Paris rappelle ensuite que la mécanique 
et la chimie n'ont pas moins aidé l’agriculture 
que les arts, $oit par les usines rurales , le per- 


 fectionnemeut des anciens instrumens d’agricul- 


ture .et l'invention des nouveaux ; par l’épuration 
des huiles de graines , leur emploi dans la fabri- 
cation du savon; par la conversion des pommes 
de terre en alcool et par ses préparations ; par 
les amélioratiuns dans l’art ce faire le: vin ; par 
la fabrication du sucre de betteraves et de l’indigo 


 de‘pastel ; par le-perfectionnemerit de la teinture - 


( 209 ) | 
de garance, la carbonisation du bois en vase 
clos , la distillation du vinaigre pyro-ligneux , etc. 


Enfin, le mémoire de M: Paris, par l’idée 
qu’on peut s’en former, sur le compte rendu 
dans le journal des savans , du mois d’avril der- 
nier, est digne d'attirer l'attention publique à 
cause des questions qu’il traite et par la manière 
dont elles y sont traitées, 


_ La ville d'Arras, et divers autres points du 
département. du Pas-de-Calais, ont un grand in- 
térêt à savoir si l'introduction des machines, 


dans la fabrication des objets principaux de leur 


commerce , sera funeste ou favorable à la classe. 

ouvrière. Suivant les hypothèses posées par 
M:' Paris, les ouvriers n’ont rien à craindre de 
ce nouveau systême. Quand on considère, Mes- 
sieurs , avec quel soin les choses humaines se 
compensent et, si j'ose m'exprimer ainsi, s’équi- 
librent ; on est porté à adopter l'opinion de 
M: Paris, en mettant même. de côté tous_Îes 
calculs commerciaux qui entrent dans ses: dis- 
cussions. Mais: si un dérangement mômenñtané, 

résultat d’une forte impulsion donnée à un sys- 
tême quelconque, ne peut pas plonger dans:la 
misère une-partie considérable de la population 
d'un royaume ; je ne puis. le garantir comme 
homme et je dois le crandrecommeadministrateur. 


LS 


( are ) 
| En | 
RAPPORT 
SUR LES PERFECTIONNËMENS 
| APPORTÉS | 


DANS LA CONSTRUCTION DES rtanos, 
Por M: NVAGNER, Luthier à Arras. L 


— rh @hée ee — : 
Membres de le Commission nommée par la Sociék 
royale d'Arras. e 
MM. LALLART, HarerrEe, BERGÉ DE VASSENAU , ; 
l TERNNCK et Cor, ppOreur nn 
4 
Mrsarons. RE ER ne 


M: Wagner, “dmirilié en à cette ville, duibier 
ét facteur de pianos, lequel. a ‘déjà obtone ui 
brevet d’mvention et un deperfettionnement pour 
des améliorations qu’il a apportées dns la cons- 
truction de sés mstramens , s’est‘adressé à vons 
-par lettre du 25 juillet 1823 , pour vous prie 
‘de vouloir bien désigner uné commission qui 
serait chargée ‘d’exeminer un piand qu'il venah 
de termêner et auquel il avait ‘adapté Tes diverses 
amkorations + cénsacrées par kes brevets’ qui ln 


/ 


# 


ent é 
rager | 
aussi 


( 217 D 

enè été accordés. Toujours empressés d’encqu- 
rager les arts et l'industrie, vous vous: êtes rendus 
aussitôt au desir manifesté par M: Wagner, & 
vons avez. nermmé une commission pour procéder 
à l'examen attentif des pianos dont ä s'agissait, 
et vous rendre ensuite un compie exact, de ses 
rues | | 

L Bésigné 4 par mes héséshlii éolléques pour 
rédiger ce rapport. je ne me suis chargé de ce 
trévail qu'avec une, extrême défiance. Le pen de 
connaissances que je possède das là partie d'art 
qui nous ‘occupait, mme rende mois, que lot 
autre capable de m'en bien acquitter ; je me bor- 
nerai donc, Méssieurs ,'ä vous détailler lé plus 
clairement: qu’il me: sera- possible , , les divers 


. changemens : imaginés par M: Wagner, dans la 


manière de consiruire ses pianos, et. à vous 
pxposer les réshltats que votre commission croit 
devoir en résulier.. + | 


D - 


Ce qui à d'abbrä atüré noûe attention dans 
l'examen du piano achevé”’dans les ateliers de 
M:- Wagner; est le moyen aussi. simple qu'ingé- 
pieux, par lequel ce Iuthier.est parveau à baisser 
tant Facçord -du piano. d'pn :derni,ion,. et. pour 
lequel 4 a obtegu up brevet d'invention. : 


(. 188 ) 

Eh! que m'importe à moi qu'un austère censeur, 
Proscrive la vengeance et les lois de l'honneur. 
Je n'ai point su me faire un front aséez ‘étoïque . 
Pour braver le mépris plein d'un calme néroiques | 
Ce mépris , il m'attend : il flétrirait mou nom, 
On dirait que la peur m'a dicté lé pardon, 
Je verrais mes amis, honteux de ma présence, 
Sourire avec dédain et vanter ma clémence, 
Sûr de l'impunité le lâche m'outrager, 
Et m'apprendre trop tard enfin à me venger. 
Non, laisse-moi courir où mon destin m'eritraîne. 
Le ciel, linjuste ciel me poursuit de sa haine, 
N'accuse que lui seul. Lui seul conduit mon bras, 
‘Adieu, Rousseau... Plains moi... Mais ne m'arrèêle pass 

En finissant , sa main pressait la main du sage 
Rousseau , l'émotion altérait son visage. , 
— Un seul instant, dit-il, arrête, infortuné ! 
 Suis-moi…. Suis-moi » te dis-je. Ipcertain, étonné, 
H hésitait ; Rousseau loin de ces bois l'entraîne ji 
D'un pas silencieux, ils regagnent la plaine, 


7 Déja l'astre du jour avait fui l'horison ; 


Les mourantes clartés de son dernier rayon, , 


Des voiles: de la nuit adoucissaient les ombres; 


Plus triste et non moins beau sous des teintes plus sombres; 
L'aspect de la nature éveillait dans les cœuré ae e. à 


Et la mélançolie et Les plaisirs réveurs. 


"“ 


| (189) , 

. C'était l’heureux moment de cette paix profonde 

Où loin de la splendeur , lom du fracas du monde ; 

L'homme désabusé , philosophe un instant, 

Interroge sou cœur , en lui-même descend, 

Vertueux ». goûte en paix le prix de l'innocence ; 

Et coupable, s'éveille aux cris de la vengeance. 

De la nuit cependant le lugubre flambeau, 

Venait de la nature éclairer le tableau ; 

De ses piles rayons la lueur incertaine , 

Se prolongeait au loin sur l'uniforme plaine: 

Ua seul bosquet plus sombre arrétait les regards. 

Des tombeaux de gazon sous des cyprès épars ; 

Des monumens de deuil , mais sans faste inutile, 

Attestaient de la. mort quelque champêtre asyle, | 
C'est-là qu'enfin Rousseau vient suspendre ses pas. - 

A : l'aspect de des lieux où règne le trépas, 

Surpris, mais non troublé, son compagnon l'arrête : 

— Voilà donc l'argament que ta raison m'apprête:, 

Les douleurs de:la mort, les terreurs du tombeau! : : 

Tu ne me: connais pas. Tu m'outrages, Rousseau. | 

— Non, jeune homme , je rends justice à ton courage: 

Ce n'est point de la peur l'avitissant langage, 

Que je veux faire ici retenir dans ton cœur. | ; 

Non, non, jé lui réserve un plus noble vainqueur. i 

Mais approche. Tu vois cette tombe récente... 


Ah ! que ne peux-tu voir la victime sanglante, 


"+ 


| ( 190 ) 

Dont un barbgre honneur arma la faible main ; 
Qui, tombant sons un fer mille fois assassin, 
Au printereps de ses jours, cruellpment ravie, 
Vint engloutir iei sa jeunesse et sa vies 
L'infortuné! jadis, aux jours de son bonheur, 
Moi, je l'ai vu brillant d'espérance et d'ardeur, 

_ De la vie à long traits goûter la douce ivresse 3 
Vain espoir ! ses vertus, ses talens, sa jeunesse : 
Ne l'ont point défendu de la faux du trépas. 

11 est tombé. Ses yeux ne se rouvriront pas; 

La terre a dévoré sa dépouille mortelle; : 
Tout s'est évanoui dans: la nuit éternelle... : | : 
— Eh l'bien, Que:veux-té donc? Qué je plaïgne son sort ? 
Non Reusçeau. Tyi da moins, il est heureux : dort, 
— © p'un cœur insensible égoïsme farouche! - : 
Quoi! ces mets sontrils bien-échappés de ta boyche: 
IL gt heureux ! cruel} pouryu qua: de «a maux, 

On renronire l'anbli dans la seja des tembenax,  : -- 
Qu'igyote les. tourmeus des purs qus l'on déchire: 
Qu'une mère succambe an denil , à son débires. à 
Qu'importe la nature el.$es cris sapariluss 

Daus le fond de la tombe on ne les entend plus ; 

On est heurepx.… (Cruel! Ma pitié t'ahandonne… 
Mais RO Rassure toi. Va ! mou cœur. te pardonne : 
Tun ‘as point entendu les lamentable cxis, L 

Dont ung mére en pleurs pedçmandait son fils. : 


Tes yeux ne | 


Sur ce marbri 


Le couvrir de 


D'un ffreus 
Pois à soh fi 
Adresser do: 
N'avat-\ : 
De se trou 
De rend: 
Et sa nt 
L'ingrar 
Et cond 
Eh b 
Yeneh 
Ettat 
Dis-m 
Yaut.- 
En : 


Cigx ) 
Tes yeux-ne l'ont point vu, ici s pâle; tremblante;, : 
Sur ce ntarbre glacé se pericher expiradté, : ‘ 
Le couvrir de baisers , et duiester vett foib, 
D'un affreux point d'honneur les. meurttières lois 
Puis à soh fils ingtat d'une voit prerqu'éfeinte 
Adresser doucemett sa maternelle plainte t 
N'avait-il pds promis 'einbelir ses vitix ans; 
De se trouvér ehcore entré ses bras mburans, 
De rendre quelque joue des Éonmeute à sd cendre la, 
Et sa mère au tombehu vient dé lé voir descendrt ! È 
L'ingrat ! ét t'a irakies Il a uaÿré sou CRT , 
Et condakh@ë sa imète à mourir de düuteur ! 

Eh bien ! Est-il heureux l'auteur de tant d'alarines;, 
Jeune honte ? Ah ! dans tes Yeux je‘ vois roulet dés dermé), 
Et ta mère sans doute @t-présuts k ion cœur: 
Dis-moi, Faut: aussi limimoler à l'honneur ? 

Faut-il auisi ; répohds, que lè fer sanguiniire, 

En déchitant toh sein aille égbrger ta mète ? 

Je ne te retiens plas 4 Tu restes ; tu frémis j 

Tu ni plès céminel; Embrassestmei, mon Ms. | 

Je faisais à toi ur imè craelle itjare, 

Ce éœur, il h'ést point éutd au cri de la mutare., 
Par l'ätnont 6 tü rhbre à lu vie énchutné ; 

Nôn, tù de roimpras prb ce lien fortèwe. | 

Mais: qüéi ! Péubif eëtor tu gardes lé ilenée 1 : 

Je te corhpfende. Peut-être Wme affreûce espérance, 


C192) 
Te berce en ce moment et flatte ton courrouxs 
La mort peut t'épargner et réserver ses coups, 
Pour le fatal objet d'une implacable haine ; | 
Ton bras peut assouvir sa vengeance inhumaine, 
Et de ta mére encor soutenir les vieux jours. 
. Ah! que ton bras plutôt t'épargnant son secours, 
Te livre sans défense au fer de l’homicide !. 


Et puissé-je plutôt voir sur ton frent livide, 


Les traces de ton sang , les horreurs du trépas, 


Que le sang d'un rival dégoûtant de ton bras! 
Tu ne sais pas encore de quel poids effroyabie, ï 
” Le sang de la victime est au .cœur du coupable ; 
Quels terribles vengeurs poursuivent :les forfaits ; : : | 
O mon fils! puissés-tu ne l'apprendre jamais, . - 
Innocent, outragé tu ne.connais encore, 

Que les chagrins cuisans dont le feu te dévore, 
Hélas! il est un feu-cent. fois plus flétrissant , . 
Un feu dont la fureur s'accroît en vieillissant , 
Sur la terre allumé par le courroux céleste, 
Au cœur de l'assassin > il s'attache, il y reste, . 
Le ronge lentement et le suit chez les morts ; : 
O mon fils ; crains ce feu qu'allument les remords. 
Tu souffre; j mais ta main est du moins innocente. 
Ton sommeil est tranquille. Une ombre menaçante, 
Ne vient point t'éveiller de ses lugubres cris; : 


Tu ne vois point- des mots en traits de sang écrits ;- 


£ L.] S 


T'annoncer le ! 
Mon fils | garû 
Dés vétéran: 
Qui mettent c 
Et qui, pout 
Comptent a 
Ah ! ceux: 
N'entend : 
Ne les cro 
Mais lé ré 
La nature 
Ils l'enter 
À à som 
Vs verro 
Un tan: 
Et d'un 
L'impt. 
© mo 
Quels 


Je nr 


( 193 ) 

T'annoncer' le trépas, l'heure de Σ veñgéäice ; 
Mon fils, gatde toujours cetté heüreusë ifiocentEn 

Des vétérans du meurtre > äffréux gladiätéurs, on 
Qui mettent chaque jour quelque famille éx pleurs, | 
Et qui, pour s'en vanter, égorgeañt des victirnes, 
Comptent avec orgueil le nombre de féurs cranés, 
AK : ceux-là te diront que leur cœur sans remords, : 
N'entend point cetté voix ef du sang et des morts, 
Ne les crois pas, mo fils, ils s'abusent éux-mêmés ; 
Mais lé réveil approche. A leurs momens suprêmes, 
La nature outragée aura repris ses droits ; 
Ils l'entendront enfin cette effroyablé voix ; 
A Ia sombre clarté des torches fanéräires , 
Ils verront , pléns d'eflroi , sur leur“ mains meurtrières, 
Un sang inéffacable, un säng äccusätéor, 
Et d'un affreui destitf, funeste av#tht-coureur , 
L'inplscable remoids dritié pour! léar supptice. 
O mon Dieu! quels tourmens leur garde ta justice... 
Quels sort attend Ré haut lés copablés imoitels...., 
Je réspecte en tremblant tés sécréts éternels, 

A ces mots il se têt. Une grande pensée 
Bemblait peser alots sûr son Aine éppréttée. , 
Son regard était fixé, et tout-à=coup $es yéu, : 
Brillans d'un feu nouveau s'élévaieit vers lés étuxS 
Or: eut dit que son âme à la terre rdvie, ù 
Allait revdir enfin sû céléste- pätrié; 


| ; { 194) 
Et bientôt sur la terre abattus, ses regards ; 
Erraient avidement sur les tombeaux épars, 
Comme s'il eut voulu, libre enfin d'y descendre, 
Des morts silencieux interroger la cendre, 
Écarter de ses yeux le terrestre bandeau , 


Et pénétrer vivant dans un monde nouveau. 


« O toi, dit-il enfin, toi qui d'un front tranquilles 


Courais braver la mort, y chercher un asyle, 

Jeune homme, as-tu percé cet immense avenir, : 
Qui commence au tombeau pour ne jamais fair ? 
Artu d'un ciel obscur éclairci les nuages ? 

Sondé cet océan sans fond et sans rivages ? 

Est-de un dieu de clémence, est-ce un dieu de courroux, 
Ge dieu qui nous attend, qui deit nous juger tous ? : 
Est-ce un jour de bonheur, est-ce un jour de vengeance, 
Le jour qui doit finir ta fragile existence ? | 


Tu n'en sais rien encor, jeune homme ; et tu pourrais 
»] P | 


D'un destin inconnu devancer les arrêts! 

Crains un affreux réveil à ton heure fatale, 

Crains de rentrer trop tôt dans la nuit sépulchrale. 
Ah ! moi-même courbé sous un doute accablant, 

Au bord de mon tombeau je m'arrête en tremblant ; 
Quelques faibles vertus me rassurent à peine, 


Et peut-être, à mon Dieu , j'ai mérité ta haine! 


Grand Dieu, quand les humains au tribunal traînés, | 


Pâles, dans la poussière à tes pieds prosternés, 


Attemdront de 
Peut-être en ce 
De tes fils égaré 
Tu pourras par 
Mais le cœur i 
Étcignit dans | 
Mais Je cœer 
Dieu vengeur 
Non, mon fil 
L'impitoyable 
Jeune homme 
Et peutrètre 
— Eh! bien 
Rousseau s ti 
Mais perme! 
Dont les abs 
Partout deva 
Me forcent ; 
L'opprobre ! 
N'importe. 
— L'honne 
(] Mon fils. 
Amener à 
Et Peut-êtr 
se tai 
L'aurore Ç 


| (195 } 
Attemdront de leur sort l'éternellé sentènce , 
Peut-être en ce grand jour signalant ta clémence ;: 
De tes fils égarés , excusant lé malheur; 
. Tu pourras pardonxer l'ignorance-et Ferreur; 
Mais le cœur inhumain qui de vengeance’ avide; 
Étcignit dans le sang une soif homicide, 
Mais le cœur qui n'a su pardonuer un affront;- 
Dieu vengeur ; pourra-t-il espérer le pardon ?...….. 
Non, mon fils; non-jamnais, Il a dicté lui-même. 
_ L'impitoyable arrêt de son malheur suprême. | 
Jeune homme, tu m'entends. Ton sort est dans tes mains, 
Et peut-être ce jour va fixer tes destins... 
— Eh! bien. Je saurai vivre et dévorer l'outrage.. 
Rousseau , tu m'as donné ee sublime courage ;. 
Mais permets-moi du moins de haïr ces -mortels,. 
Dont les absurdes lois , les préjugés cruels, 
Partout devant mes pas entr'ouvrant un abime 
Me forcent à choisir de l'opprobre ou du erime. 
L'opprobre !. Ah !.ce nom.seul réveillé ma fureur! 
N'importe. J'ai choisi. Je foule aux pieds l'honneur, 
_— L'honneur sera toujours le prix du vrai courage, 
| O mon fils, laisse-moi couronner mon ouvragè, 
Amener à tes pieds ton cruel ennemi, | 
Et peut-être , bien. plus ».te donner un. ami. » 

Il se tait, ik s'éloigne et disparaît dans l'ombre. 
L'aurore cependant succède à la nuit sombre ;. 4 


( 196 ) 


Ronssean ne revint pas. Vingt fois l'estre du jour, 


S'allama , s'éteignit sur les bois d ‘alentour ; ; 

Rousseau ne cherchait plus leur ombre tutélaire ; 
Rousseau ne venait plus y rêver solitaire ; 5. 

Ses jours étaient. complés ; et Rousseau n'était plus 
Sur ses restes mortels au tombeau descendus, 

Deux agys, qu'unissait un lieu plsin de charmes, | 
Vinrent confondre un jour leurs regrets et lears larmes : 
« O Rousseau, disaient-ils, janis encore du meins j- 
D'un spectacle bien doux qu'ont préparé tes soins ; : 
Vois nos cœurs désürmés ; et. jadis: ennemies, 

Vois nos mains sur ta Lombe k jamais réunies. » 


 flartsd 


A, 
ÿ 
ae 

pa”) 


( 197 ) | 


RAPPORT 
Par M: Paurs ; Membre résident. | 


Messieurs, re 
EL, Société sis. commerte, sciences 
et arts du département de la Harpe a avait de 


la question suivante: . 


« Quelle est, dans l'état actuel de la Frañcé 
» et dans ses rapports avec les nations étran- 
» gères, l'extension que l’industrie, dirigée vers 
» l'intérêt national, doit donner aux différens 
» genres d’inventions qui suppléent le tr avail de 
» l’homme par le travail des machines PP» 


Elle a décerné le prix du concours, dans sa 


séance publique du 7 août 1821, an mémoire de 
M: Paris, ancien sous-préfet. | 


L'importance de cette question, considérés 
sous un point de vue générak, et le grand intérêt 
qu’elle offre pour le département du Pas-de-Calais 
en particulier à cause de la fabrication de la 
dentelle , m'ont déterminé à veus présenter un 


| a: 198 J L 

aperçu du compte rendu de.ce mémoire par 
M." Tessier, dans le journal des savans du : mois 
d'avril 1822. 


Suivant l'auteur , les inventions qui suppléent 


le travail des hommes donnent une grande exten- 


sion à l'industrie, et 1l cherche. à prouver que, 
æ dans l’état actuel, les peuples modernes sont, 
> ainsi que les anciens, d'autant plus industrieux, 


» commerçans, riçhes et civilisés, que l'usage 


» des machines y est généralement adopté, de 
> sorte qu’il suffirait de la: connaissance exacte 
» des progrès de l'application des. machines et 
» des procédés chymiques aux arts industriels 
» chez les diverses nations dans tous les âges, 
» pour dresser un tableau comparatif. de degré 
» de civilisation, de richesse et de puissance 
» relative auquel étaient ou sont parvenus les 
> peuples des différentes parties du monde. » 


. Il établit l'utilité de tous les moyens qui éco- 
nomisent le tems, la main-d'œuvre et par consé: 
quent les frais de production. Il comprend parmi 
ces moyens ceux qui perfectionnent les produits , 
| bien ‘qu’ils ne réduisent ni le tems ni la main- 

_ d'œuvre. Quelqués-uns lui paraissent propres à 


_ faire produire, savoir : l'adresse manuelle oula 


dextérité, la- division du travail, l’amékioration 


des procédés 


rels; c’est d 


ment dans le 
M Paris ent 
la productio 
niques et pl 


M: Pari 
jections fait 
Il les expo 
à celles-ci : 
gleterre et 
dans les m 
duire, lesc 
travail » Sa 
de ses m: 
duction, L 
s0Mmant : 
nant au f 
préémine 
‘sont très. 
dustrie I 

surée des 

des mach 
ag. qu'u 
les abrut 
lectuelle. 


| ( 199 ) 
des procédés , et l'emploi des machines et appa: 
eils ; c’est de ce dernier qu'il s’agit particulière- 
ment dans le mémoire. Sous le nom de machines, 
M." Paris entend tout ce qui facilite et perfectionne 
la production , c'est-à-dire, les instrumens méca- 
aiques et physiques et ds agens chymiques. 


M: Paris n'a pas laissé sans réponse les ob- 
jections faites contre l'introduction des machines. 
Il les expose successivement ; elles se réduisent 
à celles-ci : la crise politique qui travaille l'An- 
gleterre et qui, dit-on, a sa source principale 
dans les moyens faciles qu’elle emploie pour pro= 
duire , lesquels moyens deshéritent le pauvre du 
travail, sans dédommagement. L'encombrement 
de ses magasins, résultant de l’excessive pro- 
duction. Les ouvriers privés de travail ne con- 
sommant plus. L'introduction des machines don+ 
nant au fabricant aisé, qui peut Îles établir, une 
prééminence sur le petit fabricant, pour qui elles: 
_-sont très-chères , favorisant le monopole de l'in- 
_dustrie manufacturière et l'accumulation déme- 
surée des richesses, Enfin la crainte que l’emploi 
des machines n’exigeant des ouvriers qui les font 
agir. qu'un travail simple , toujours le même, ne 
les abrutisse, et n’affaiblisse leurs qualités intel- 
lectuelles, n'ayant plus besoin d'intelligence. 


( 200 } 
=". * Paris né pense pas qué l'emploi des. rha- 
chines réduise #a clisse laborietse des oûvriers 
à manquer de travail, et il recomhaît que plus 
les machities 5e raultiphenrt dans wi pays et plus 
_ ke noibre des éuvtiens s’y âceroit, 


Il est de fait que la consommation d'ane mar- 
chandise augmente en proportion de ce que son 
prix baisse ; elle est à la portéé d'un plus grand 

nombre de personnes, et celles qui déjà en fe- 
saient usage en consomment davantage. L'auteur 


prend pour exemple le sucre qui, lors du Sys- 


tême continental, a valu en France cinq francs la 

livre. La consommation était alors de 14,000,000 

de livres par an, maintenant que cette matière 

est de beaucoup meilleur marché la consomma- 
tion s "élève à à 80 900,000 de livres. | | 


- ya trente ans, ba consémniation da cotun 
wallait pas en France à trois 2silions de kilo- 
graranres, dont les déut tiers arsivarent du Levans. 
En 1812 elle s'est élevée à 11,000,00e, et en 
1820 à. 23%,500,000.. : 
A l'égard dés iidchiniés simples, telles que le 
mécanisnte put” li déntellé et tes issus , il serait 
peut étré permis, Messieurs, de nié pas partager 
l'opinion de M." Paris, parce qué cés machires 
remplaçant en entier’ fe travail de l'homme et oe 


marche ne 


elles absor] 
que soit la 
pour y n 
Mais à n° 
ordre ph 
celles à + 
sant, se 
«ige et « 
Cravaux : 
l'exécuti 
sidérab] 
hardi à 
menten 
dans 1 
tenner 
àlan 
propr 
qu'on 
ne p. 
vénie 
LL 
tures 
: Pind 
men 
d'a 
Peu. 


| (205 ) 

marche ne fesant pas ‘naître d’autres travaux j 
elles absorbent toute la main-d'œuvre, et, quelle 
“que soit la consommation, ‘elles. sont suffisantes 
pour y pourvoir, .sans le secours des ouvriers 
- Mais il n’en est pas de même des machines d'un 
ordre plus relevé. telles que, par: exemple, 
celles à vapeur ; où l'eau et le feu, en se réunis- 
sant, Se prêtent des forces qui tiennent du pro- 
«dige et donnent la possibilité d'entreprendre .des 
travaux auxquels on n'aurait pas songé ,.et dont 
Lexécution nécessite l'emploi d’un nombre con- 
“sidérable de bras. Îl ne serait peut-être pas trop 
 hardi de dire que les machines de ce genre aug- 
mentent la quantité des subsistances de l’homme , 

dans le sens qu'appliquées à des, manéges elles 
Aiennent la place d’un grand nombre de chevaux 
à la nourriture desquels on consacre, des terres 
propres à produire. des comestibles. L'emploi 
qu’on fait de ces machines , dans la navigation ; 


ne peut que présenter des avantages sans incon- | 
vénient pour les ouvriers. 


= 


_ L'éncoinbrement dés ou: es ie 
-tures en Angleterre, cette espèce, de pééfhore de 
:Pindustrie britannique , qu'on:aftribue générale- 
ment à l'introduction des machinhés , : tient -à 
d’autres :causes ; suivabt l’auteur du mémoire: On 
peut. ‘considérer : comme l'une.des principales , 

| | 26 


( 206 } 


l'espérance des fabricans de cette mation de pour . 


voir au moment dé la paix, jeter sus le continent, 
‘atec avantage , vie quantité immense de mar- 
ækandises. de leurs fabriques. Leur cupidité fut 
déçue par les progrès dans les fabrications qui 
st fesaient partout remarquer. et sirtout en France. 
€ette casse serait suffisante ; mais on peut y 
ajouter l’énormité de: l'impôt, la cherté dur pain, 
soutenue par. la défense de. l'importatin: des 
grains ,. tant que le quarter de fronrent est at- 


dessous de qwaire-vingt shiliugs. Enba ke sys- 


‘tême de prohibition dont FAnglétesre a donné 
le dangereux exemple, et qui a réagi sur elle 
par la réciprocité des prehibitions. | 


Tel est l’objet de la première partie ‘du mé- 
moire de M. Paris ; dans la seconde, il tend à 
| prouver l'utilité, en France, de l'application des 
‘machines aux arts industriels , relativement à la 
‘richesse. « En moins de trente ans, dit-il, malgré 
_» la plus terrible crise politique, malgré les 
» guerres les plus meurtrières , malgré la perte 
+ de nos ‘colonies et la longue privation de tout 
‘» conmerce , là France a fait des progrès:si ra- 
-» pides dans Îles sciences, dams lès atis, que 
» k population s’est accrue d’un sixième, &t que 
» Ja fortune publique a plus que doublé par Fac- 
.» cumulation des capitaux de toute nature. :». : 


D À 0e fl à nt … 


| (27) 

de et le part que les machines ont 
ea dans l'augmenigtion des richesses et de la 
pouktion, on pourrait encore indiquer comme 
. eus d'imérodnction de la vaccine et la grande 
quantité de tarres rentrées dans le commerce par 
la suppressien , en France , de presque tous les 
établissemens de main-morte. 
. M'.Paris ajoute: d'autres assertions à l'appui 
de son opimog. de ne pourrais les déduire ici sans 
outre-passer les bornes que je dois mie prescrire et 
sans m’exposer à abuser de vosmomens; d’ ailleurs 
pour le faire avec quelque fruit il faudrait avoir 
ous les yeux l'ouvrage même. Mais je ne puis 
résister au desir de faire mention d'une objection 
importante que M." Paris se fait, et à laquelle il 
répond d’une manière .aussi juste qu’ingénieuse., 
en empruntant le langage de la physiologie. 
© Voici l'objection : la muktiplicité des manufac- 
tures, dira-t-on, bien que l'établissement .dès 
machines, pour ‘celles qui en'emploient., réduise 
de beaucoup ke nombre de bras, prive l'agri- 
culture d'une grande quantité d'individus, qui 
préfèrent: ce genre de travaux ,. moins pénibles 
et plus lucratifs. M: Paris répond que, dans 
un. État-vaste et poputeux, les intérêts de l’a- 
griculture, de l’indüstrie et. du commerce se 
confondeat. H ajouté : « On peut comparer l'in- 

». dustrie: générale à une plante, dont l'i industrie 


( 508 } 

» ägricoleest la racine , et les industries manufac- 
» turières et commerciales , les tiges. Si la racine 
souffre , les tiges languissent ; si les tiges sont 
malades , la racine, à qui la circulation ne ra: 
mène plus qu’une sève appauvrie , dépérit. La 
plante ne prospère que lorsque toutes les par- 
ties, jouissant d’une égale vigueur, la sève 
fournie en abondance par la racine, circule 
et s’élabore librement dans les tiges qu'elle 
alimente et grossit, et redescend en partie dans 
» Ja racine potr la fortifier. Cet organe devenu 
» plus robuste, remplit ses fonctions avec une 
» nouvelle énergie , transmet plus d’alimens aux 
» tiges, qui lui rendent à leur tour plus de sucs 
» élaborés ; échange de services qui ne s ‘arrêté 
» qu au terme désigné par la nature ». 


SL LÉ YO OS OX 


Ÿ 


M: Paris rappelle ensuite que la Hérdue 
et la chimie n'ont pas moins aidé l’agriculture 
que les arts, $oit par les usines rurales , le per- 


. fectionnemeut des anciens instrumens d’agricul- 


ture ,et l'invention des nouveaux ; par l’épuration 
des hüiles de graines , leur emploi dans la fabri- 
cation du savon; par la conversion des pommes 
de terre en alcool et par ses préparations ; par 
les amélioratiuns dans l’art ce faire le: vin ; par 
la fabrication du sucre de betteraves et de l’indigo 


_de pastel ; par le perfectionnement de la teinture 


de gara 
clos, la 


Enfin 
qu'on p 
dans Île 
nier , | 
cause € 
dont e 


_ Lay 
départ 
térêt : 
dans | 
comm 
ouvri. 
MP 
ce nc 
sieurs 
com] 
libre 
M. 
Calc 
£uss 
résu 
têm 
mis 
d'u 
hor 


( 209 ) . 
de garance, la carbonisation du bois en vase 
clos , la distillation du vinaigre pyro-ligneux , etc. 


Enfin, le mémoire de M Paris, par l’idée 
qu’on peut s’en former, sur le compte rendu 
dans le journal des savans , du mois d’avril der- 
nier, est digne d'attirer l'attention publique à 
cause des questions qu'il traite et par la manière 
dont elles y sont traitées, 


_ La ville d Arras, et divers autres points du 
département. du Pas- de-Calais, ont un grand in- 
térêt à savoir si l'introduction des machines, 
dans {a fabrication des objets principaux de leur 
commerce , sera funeste ou favorable à la classe. 

ouvrière. Suivant ‘ les hypothèses posées par 
M: Paris , les ouvriers n’ont rien à craindre de 
ce nouveau systême. Quand on considère, Mes- 
sieurs , avec quel soin les choses humaines se 
compensent et, si Jose m’exprimer ainsi, S’équi- 
librent ; on est pôrté à adopter l'opinion de 

M." Paris, en mettant mêine: de côté tous.les 
calculs commerciaux qui entrent dans ses dis- 
cussions. Mais: si un dérangement momentané, 
résultat d’une forte impulsion donnée à un sys- 

tême quelconque, ne peut pas plonger dans:la 
misère une.partie considérable de la. population 
d’un royaume ; je ne puis. le garantir comme 
homme et je dais le craindre comme administrateur, 


\X 


(ere) 
| PROS HR EE 
RAPPORT NN 
SUR LES PERFECTIONNÈMENS 
APPORTÉS 


DANS LA CONSTRUCTION DES PLANOS, 


Par M: WVAGNER, Luthiér à Arras. 


Membres de le Commission nommée par la Sociék 
royale d'Arras. 5 


MM. LazLarT, HALETTE, BERGÉ DE VASSENAU; 


Terwincx et CoT, rapporteur. . 
| ES 


ne a 
Le 


Mrsarons. | RS 7 92 


M: Wager, domicilié en à œtt ville, Hatier 
ét facteur de pianos , lequel. a ‘déjà -obtéme un 
brevet d'invention et un derperfettionnement pour 
des améliorations qu'il a apportées dims la cons- 
truction de sés imstrumens , s’est’adressé à vons 
pa lettre ‘du 25 juillet 1823 , pour vous prier 
‘de vouloir bien désigner une commission qui 
serait chargée d'examiner un piano qu'il vena 
de terminer et auquél il avait ‘adapté es diverses 
amkorations consacrées par kes brevets’ qui ti 


! 


ent été 
rager le. 
aussitôt 
ous AY 
à l'exar 
ei vous 
obserr 
: Bési 
rédiger 
brérail 
connai 
ET 
auire | 
Reral 
claire: 
Chance 
Mani, 
FXPO: 


( 217 ) 
ent éd accordés. Toujours empressés d’encçu- 
rager les arts et l’industrie, vous vous êtes rendus 
aussitôt au desir manifesté par M: Wagner, 6j 
vons âvez. nermmé une conmission pour procéder 
à l'examen aitentif des pianos dont H s'agissait, 
et vous rendre ensuite un corple exact, de ses 
JosenatDRe: 
pa ; 1 

 Désigné L par mes Lo éclléques pour 
rédiger ce rapport. je ne me suis chargé de ce 
ttévail qu'avec une extrême défiance. Le pen é 
connaissances que je possède dans là partie. d'art 
qui nous PCs, me rende moins. que. toit 
autre capable de m’en bien acquitter; je me bor- 
merai donc, Méssreurs ,:ä “vous détailler le plus 
clairement: qu’il'me- sera- possible , les divers 
| changemens imaginés par M: Wagner, dans la 
manière de construire ses pianos, et à vous 
Fxposer les réshltats que votre commission croit 
devoir en résulter. RE 


si 


e + #8 


0 qui à à d'abbrä attiré notre attention dans 
l'examen du piano achevé”dans les ateliers dé 
M:'- Wagner; est le moyen aussi sjmple-qu'ingé- 
pieux , par léqnel ce Inthier.est parvenu à baisser 
tout Pacçord -du piago. d'un :demi,ion .. et. pour 
Jequel 31 a obtequ un brevet d'invention. : : 


( 212) 
*" Depuis ‘lonigtems on se plaignait des inconvé» 
niens que présentait l'accord du piano, à un 
diapazon élevé, auquel la plûpart des voix ne 
pouvaient atteindre , et qui rendait souvent très- 
difficile l'accord avec les autres instrumens. On 
‘était alors obligé de baisser les pianos ,..mais 
par cette opération les sons perdaient beaucoup 


de leur brillant et de leur force à raison de la 


“moindre tension dés cordes qüi ne permettait 


plus aux marteaux” de produire tout leur effet; 


‘t il était en outre constaté que ces changemens 
fréquens nuisaient. beaucoup .à la ,solidité de la 
table de l'instrument et à l'aptomb -de du. 


. Le TT imaginé. Fe M: Wagner fait dis. 
PAP tout ces inconvéniens graves.: 


TS | . ue - PTE DES ose us . 
. Un espace vide. de la dimension d’une touche ; 


sets 


ménagé à gauche du clavin, pérmet à cetté 
partie de l'instrument un mouvement de va et 
vient, qui s'obtient à volonté au moyen d'u 
petit levier placé dans d'espèce de boite qu ter- 
mine l'instrument ? à gauche. in 

| " suffit d'enlever la Jausse iotiche et de faire 
‘faireun mouvement au /evier pour fairé descendre 
le clavier d'üb- deri tori ; de façon qi’en exécu: 


tant la musique comme ellé‘est notée. il arrive 


cependan 
de celui q 


. fait mouv 


il à subs 
avons pa 
est beauc 
quelque 

qui pou 


nombre 


Nous à 


sible obt 
notes de 
noles ad 


Dans 


marteaux 


‘en-desso 
“Couper, 

Agnes q 
da table: 
Point de 
‘$SOn Sec; 


désagré: 


Suivar 
les Marti 
la Corde 


un: laqu 


| { 20ÿ ) 
cependant qu'on joue un demi ton au-dessous 
de celui qui est marqué. M." Wagner avait d’abord 
. fait mouvoir le clavier à l’aide d’une pédale, mais 
il a substitué à ce moteur le levier dont nous 
avons parlé. Le mécanisme de ce dernier. moyen 
“est beaucoup plus simple , moins sujet à éprouver 
quelque dérangement, et obvie à la confusion 


qui pouvait quelques fois résulter du trop grand 
mornbre de pédales. 


Nous avons ensuite reconnu l'amélioration sen- 
_sible obtenue par M." Wagner, relativement aux 


“notes des cinquième et sixième octaves, dites 
Roles additionnelles. 


Dans l'ancienne méthode de construction, les 
marteaux qui attaquent ces notes étaient placés 
‘en-dessous de /a table qu'on était obligé de 
-couper, de manière qu'il ne restait que quelques 
lignes de creux entre le chevalet et l'assiette de 
Ja table; dans cet état, les cordes n’avaient présque 
-point de vibration, et. ne pouvaient rendre qu’un 


son sec et dur , ce qui occasionnait une  inégalité 
désagréable dans l’harmonie. 


Suivant le mode adopté par le facteur d’Arras ; 
les marteaux sont placés en-dessus , et frappent 
_lk corde de même. Une petite platine de cuivre, 
sur laquelle viennent s’attacher les cordes , permet 


27. 


{ 210 ) 


de laisser toute son étendue à Za fable, qui se 
prolonge en-dessous , et conserve par ce moyen 
aux notes üdditionnelles une force et une harc 
monie qui les met en rapport avec les basses. 
Un second brevet a été accordé à M. Wagner, 


pour ce perfectionnement, dont on a apprécié 


tout l'avantage, 


| Une pédale harmonique a. été ait i ima- 
. ginée par ce luthier ; si cette addition au piano 
n’est pas une amélioration apportée dans sa cons- 
truction, elle ajoute au moins de nouveaux 
charmes à ce bel instrument, en procurant la 
facilité de varier ses chants, et en produisant 
une qualité de sons que l’on n'avait pas encore 
“obtenue. Rien n’est plus simple que le moyen 
employé. pour obtenir les. sons harmoniques; 
ane petite tringle. de bois garnie. de peau de 
buffle, adaptée au-dessous de la fausse fuble, 

_.st mise eh jeu par une pédale, et vient barrer 


toutes les cordes dans leur juste milieu, de ma- 
‘pière à les hausser d’une octave., et à leur faire 


rendre Îles sors harmoniques; rien n'est plus 
doux, plus suave que sons produits par cette 


pédale. 


- de dois. du vous Nouie, Messieurs ; d'un 
autre perfectionnement dont M. WVagner vient 


d’avoir | 
employé | 
légers mai 
pairement 


_ cuivre , 


contre la 
ricure du 
vait que 
forte, gé 
teaux ; o: 
les maint 
petits ma 
l'instrum 


M:rv 
adaptant 
thes de ] 
serre pl 
marteaux 


l'on juge 


s'opère 
ne Sont | 


‘ dans lé C 


agité ave 
. Mrw 


le perfec 


(211) 

d'avoir l’idée tout nouvellement et qu'il a de suite 
employé dans la construction de ses pianos. Les 
légers marteaux qui frappent les cordes sont ordi+ 
pairement maintenus dans de petites fourches en 
cuivre, dont les deux branches font ressort 
contre la goupille qui traverse l'extrémité imfé» 
ricure du manche des marteaux. Souvent il arri+ 
vait que ces fourches, opérant une pression trop 
forte, génaient les mouvemens rapides des mar 
teaux ; ou bien par un effet contraire elles ne 

les maintenaient pas assez, de façon que ces 
petits marteaux s’échappaient quelquefois, lorsque 
l'instrument. était touché avec Hop de violence: 


M. Wagner a remédié à ces convénens en 
adaptant une vis qui, traversant les deux bran- 
ches dé la fourche en cuivre, vers le bas, les 
serre plus ou moins à volonté, et maintient les 
marteaux invariablement au degré de mobilité que 
l'on jugé convenable de leur donner, sans qu'il 
s'opère de frottement. Les marteaux ainsi montés 
ne sont plus sujets à aucün dérangement, même 
dans lé cas où l'instrument serait HAnspone ou 
agité avec force. . 


_. M: Wagner nous a déclaré être dans l'inten 
on de demander un nouveau brevet qui constate 
le. perfectionnement que je viens de signaler. . , 


(212) + 


: Ïl me.reste, Messieurs, à vous instruire de . 
l'effet qui nous a paru résulter de ces diverses 


améliorations. Nous ne pouvons que donner des 
éloges à M.: Wagner : ses pianos et particulière- 
ment celui que nous avons examiné, ont une 
qualité de sons supérieure; une grande égalité 
entre les notes élevées et les basses ; un moëlleux 
et une précision rares, et une facilité bien pré- 
cieuse pour l'exécution. Ainsi que nous: vous 
l'avons dit au commencement de ce rapport, la 
faculté de baïsser l'accord d’un demi ton, nous 
a -paru inappréciable par la facilité qu " donne 
d'accompagner la voix sans que l’on soit obligé 
de faire toute la partition, moyen aussi difficile 
que long et nuisible à l’instrument. 


Plusieurs artistes et amateurs ont bien voulu 


nous aider dans notre travail, en exécutant sur 


le piano qui en était l'objet, différens morceaux 


qui nous mettaient à même d'apprécier l'instru- 


ment dans son ensemble et dans les différentes 
modifications que nous avons décrites, et ces 
expériences nous ont confirmés dans l'opinion 
que le piano dont il s’agit est très-bon sous 
tous les rapports, et parfaitement construit ; les 
connaissances que M. Wagner possède dans son 


art, et la rare intelligence que dénotent ses tra- 
vaux, nous font concevoir. l'espérance qu’il ne | 


_s'arréter: 


pourra p. 
parfaits. : 
sieurs an 
plus d'a 
réputatio 
vendique 


Nous 
miner ce 
comme 1! 
perfectio: 
cipale de 
lui soit « 


( 213 ) 


_s'arrétera point dans ses lrecherches, et qu'il 
pourra parvenir à rendre ses pianos encore plus, 
parfaits. Ses ateliers en activité déjà depuis. plu- 
sieurs années, prendront sans doute chaque jour 
plus d’accroissement et lui acquerreront une 
réputation honorable que notre ville pourra re- 
vendiquer un jour. | 


Nous pensons donc, Messieurs, devoir ter- 
miner ce rapport en vous signalant M. Wagner 
comme méritant de fixer votre attention par les . 
perfectionnemens qu’il a ajoutés à la partie prin- 
cipale de son état, et nous concluons à ce qu'il 
lui sait décerné une médaille d'encouragement. 


(214) 


EA VOIX DES SIÈCLES, 
POÈME 
Par M: HARBAVILLE, Membre résident. 


Le voile de la nuit s'étendait sur Ja plaine; . 
D'un monument de la grandeur romaine - 
Les derniers feux du jour éclairaient les débris : 
Ce silence, ces lieux, portaient dans mes esprits. 
Une sensation profonde. | | | 
Ici, me dis-je, ici, César a médité 
Des attentats contre la liberté 
De la reine altière du moade : 
Ici peut être, il a forgé ces fers 
Qui l'accablant , ont vengé l'univers. 
Rome n'est plus que l'ombre d'elle-même, 
Cent peuples ont passé, de leur moment suprême 
Ils ont subi l'irrévocable loi. 
. Eh quoi ! pensai-je eu mon secret effroi, 
Quelle est donc cette force avide de détruire 
Qui tour à tour élève chaque empire 
Et sous ses pas les efface bientôt 2 
Comme dans la:mer agitée, 


Par l'effort des vents tourmentée, 


Ces au 


Des st 


Jusqr 


De | 


— 


(215) | 
Ua flot repousse et chasse dn. #utre flot. 
Pendant que je cherche à comprendre 
Ces augustes secrets de la divinité, 
Des siècles écoulés la voix se.fit entendre. 
Et m'apporta sa profoude clarté. . 
Jusques à quand, mortel, d'une plainte importune 
_. Accuseras-tu la fortune 
De te rendre jouet d'un caprice, odieux ? 
Le ciel prévenant tous’ tes vœux, 
T'avait douné les vrais bieus en partage; 
Ton malheur est ton propre ouvrage) 
La cause en est en toi, l'homme. e.fait son destis. 
Contemple du passé le tableau trop certaia ; 
Il te montre partout cette terre sacrée : 
De pleurs et de sang abreuvée ; | 
_ Ces monumeus pompeux | 
Qui couvrent les deux 'hémisphères, 
Ces débris plus fameux 
. Preuve d’orgueil et-de, misères 


Qui d'un athme.faible attestent les fureurs 


Accuses-tu le sort de tent d'hotreuts, 


. Ou l'homme dont la main entesce les rainés , 


Funeste résultat des guerres, des fanines, à 
Suis mei; bous ces:môhceaux épars 


Tu cherches vainement Babylone et Carthage : 


Ils ns sont glus leurs céljbres remparts ! - : 


À 


| ( 216 ) 
* Près du Liban, sur ce rivage, . 
A ces toits désolés livrés à l'abandon 
Reconnais-tu l'opulente Sidon ? 
Demande aux bords du Nil, à la Grèce, à l'Asie, 
Leurs superbes cités, leurs peuples et leurs lois? 
L'ambition parla, tout périt à sa voix, 
Où régnaient tous les arts, règne la barbarie, 
Son bras s'arma de haches, de flambeaux ; 
En un instant sa rage dévorante 
Fit succéder à la foule vivante | 
Le silence effrayant et la nuit des tombeaux, 
Tu frémis...… De‘ nos jours ne vois-ta päs encore 
Les tyrans du Bosphore | 
Décimer lâchement un peuple infortuné 
Pour prix dé l'héroïsine à périr condamné : 
De Scio vois tomber les temples, les murailles, 
. L'hymve des funérailles 
Retentit seul sur les malheureux bords 
Qu'Homère a sû charmer ‘par ses divins accords. 
Ainsi l'homme toujours à l'exemple rebelle - 
. Se fonde iüne’ gloire cruelle 
. Dans des triomphes abhorés, 
Bien plus heureux-.ces siècles ignorés 
: Qui s'éconlerent en silence : _: 
+ ÆEt'dont.le cours a l'apparence. - : 
Du paisible: ruisseau qui travérse saris non 


Not 
D'un 


Que d 


Lo 


( 27.) 
Le .. qu'il a rendu féond, : : 
Du boñheur ces tems sant l'image ; 
Sans doute‘ils ‘ent produit des mortels généreux ” L 
* Dont Fa sagesse égalait le courage, 
“Et qui par des efforts nombreux : ‘°° . 
Sûrent se dévouër au bien de lear patrie 
Et nourrir dans l'état üne ot ee: ne 
| Pourquoi ‘sont-ils doné i inconnus u Ü | 
C'est qu ‘ils n ‘avaient que des vertus. LR De | 
Abh,s ‘ils avaient ensanglanté la terre >, Do 
Traité le genre humain comme un peuple ennemj, 
Porté partout et le deuil et. la guerre, 
Leurs noms auraient triomphe de l'oubli : : 
Les monumens à à défaut de l'histoire 
Les auraient ‘signalés | à la. postérité £ : 
Faut-il ‘hélas + fouler l'humanité . 
Pour acquérir des titres à la gloire, | 
| _. Amage.du règne du mal, . 4 
Délire trop fatal, 
Notre âge te repousse, et son expériencè . 
D'un plus doux avenir nous offre l'espérance, 
C'est le calme après les autans. 
Ainsi perdu dans le déert- aride 
Que dispute aux lions le” féroce Numide , 
* Le voyageur lassé de ces sables brülans 
28 


. Lé 


(218) 
Recherche avidement es îles de verdure 5° 
“Que la prévoyante nature  ‘: 
Sème -pour tempérer l'ardeur de ces climats. 
Mânes vainqueurs des tems.et du trépas, 
Sages dont les écrits sont brillans de lumière, 
De nos erreurs secouez la poussière’, 
Qu'à votre voix le monde abjurant ses forfaits 
De, la. concorde éprouve les bienfaits. 
‘Après tant de malheurs l'Europe se réveille ; ; 
‘Le cri de la raison a frappé son oreille, 
Elle à proscrit de stériles exploits ; 5 
Soalevant le bandeau de la rouille gothique ; 
‘Pour la félicité publique | 
Les trônes sont assis sur la base des loiss 
Enfin l'esprit humain dans sa marche rapide 
: Géant indomptable , intrépide , si 
D'une trop longue enfance en Rens la prison 
Arrive à l'âge de raison : 
C’est un torrent gônflé par les’ oräges, 
Qui d'un mont sourcilleux: blanchi par les frimats 
Se précipite avec ‘fracas | 
Annoncant des ravages 2 
Son -onde à -flots tumultueux 
Se presse en écumant et déborde sa rive : 
Eu vain pour le dompter une foule craintive 


Épuise ses efforts. Son cours impétueux 


| (279 ) 
. Renverse en un instant l'impuissante barrière _ 
Qu'une main téméraire: : 
Oppose à sa fureur ; | 
. H sème sur ses ” l'épouvante et l'horreur ”. 
ÆEntraine les moissons , inonde la: prairie : 
Et le. vallon n'est plus qu'une mer en furie, 
Mais si de la prudence empruntant le secours 
Sans l'arrêter on sait guider son cours , 
On le voit égalant la Tamise ou la Seine, : 
Fleuve majestueux nullement redouté, | 
D'un. limon  bienfaisant fertiliser la plaine 
Y porter l'abondance et la fécondité, 


(:220 } 


L 


PROGRAMME DES FEI 
POUR 1824. 


— + 
EL, Société royale d'Arras propose pour Prix 


X décerner en 1824 , les sujets suivans : 


Le SUJET. — AGRICULTURE. 


Mémoire sur les améliorations dont T'agricul- 
ture est susceptible dans le département du Pas- 


de-Calais. 


Prix : Une médaille d’or de la he de trois 
cents francs. 


Ir SUJET. — ÉCONOMIE POLITIQUE. 


Quelles sont les principales causes de la men- 


dicité dans le département du Pas-de-Calais, et 


quels seraient les moyens les plus efficaces d'y 
remédier. 


Prix : Médaille d’or de la valeur de trois cents 
francs. 


Ar SUJET. — PoËsiE. 


Pièce de deux cents vers au moins suÿr ce 
sujet : Epitre qu'un fils , au sorür de ses études, 


Can) 
adresse à: son père pour le prier d’être son guide 
dans le choix d’un état. — Réponse du père. 


Prix : Médaille d’or de la valeur de deux cents 
francs PR 

| IV." SUJET. — PROSE. 

” Notice historique sur la vie et les ouvrages | 

de l'Abbé Proyart ( Liévin-Bonaventure ), né à 

Bouchÿ - les -Ayette, arrondissement d'Arras, 

canton de Croisille, en 1743 et mort à Arras, 

_ le 23 mars 1808. 


: La Société déternera une médaille d'encous 
ragement à l’auteur de la meilleure notice 


V." SUJET. — ÉCONOMIE AURALE. 
Nouvelle méthode de bornage, pour les terres; 
qui ne soit pas plus dispendieuse que celle dont 
on fait aujourd’hui, mais qui rende plus difficile 
lé déplacement des bornes, ét soit plos simple 
et plus précise dans ses moyens de vérification, 


La Société décernera une médaille d’encoura: 
gement à l’auteur du meilleur mémoire. 


CONDITIONS GÉNÉRALES. 


Les ouvrages envoyés au concours, pour 1824; 
devront être adressés, francs de port, au Se- 
_crétaire perpétuel de la Société royale d’Arras 


( 222 } 

et être: parvenus avant le 1." juillet, terme de 
rigueur, | | | 
‘Les concurrens né se feront connaître ni direc- 
tement, ni indirectement ; ils joindront à teur 
ouvrage un billet cacheté qui contiendra leurs. 
nom, prénoms, quahtés et domicile . et qui 
indiquera extérieurement l'Épigraphe- mise en tête 
de l’ouvrage envoyé au concours, afin. d'éviter 
toute erreur. | 


Aux termes des réglemens de la Société, on 
ne- fera l’ouverture que des billets. applicables 
aux ouvrages couronnés ou mentionnés hono- 
rablement, et elle aura lieu en séance publique ; 
les autres billets seront brûlés sans être ouverts. 


La Société ne rendra aucun. des ouvrages qui 
lui auront été adressés. 


Les membres résidens ou honoraires sont seuls 
exclus du concours. 


* MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. - 


Page. 

os d'ouverture, par M." Thellier: de. 
,. Sars, Chancelier. . . : . PRIT. À 
Rapport : sur les Travaux de la Société, pe : 
M: T. Cornille, Secrétaire perpétuel. . : 8. 


PR 


Rapport sur les Concours de l’année 1823 
fait à la séance publique du 26 août, par. 
M: l'Abbé Herbet, membre résident. . 39. 


CR 


Noms des Auteurs dont les ouvrages ont été 
- couronnés ou mentionnés honorablement. 64. 


Le Duelliste, poëme couronné , par M: N. 
Chatillon. : . ...... GA aa OD. 


Essai sur les Romans et le genre roman- 
tique, par M. H. Come, Avocat à Douai. 95. 


+ 


Essai sur l'origine et l'antiquité des Com- 
munes du département du Pas-de-Ca- | 
lais, par M." Harbaville, membre résident. 116. 


Lu 


( 224 ) 


Notice sur les Lycoperdon de Linné et sur 
une nouvelle espèce de Carpobolus de 
Mich. , genre à ajouter à la Flore Fran- 
çaise, par J. B. H. J. Desmazières, 
membre .correspondant. . .…,..,.,, 


Page: 


142. 


Couvertures de paille incombustibles par . 


| M. Tillette-Mautort. ........... 


Rapport sur ne Trombe, par M" Des. 
.. marquois, membre correspondant. . .. 


157. 


164. 


Notice sur la culture du grand-Maïs de Pen- . 


. sylvañie, par M." Harbaville, membre 
résident. . .. Re 


Rousseau et le Duelliste , poëme qui a ob 


. 


tenu la 1. mention honorabie, par M’ | 


‘Corne, d'Arras di SR 
Rapport de M." Philis concernant l'industrie. 


Rapport sur les perfectionnemens apportés 


dans la. construction des Pianos par 
M: Wagner, luthier à Arras. ...... 


La voix des Siècles, poëme par M Har- 


baville, membre résident... .....:: 


Programme des Prix pour 1824 7 


a D CD EEE 


Le: Lé,; de la Viande et la taxé du Pain. 


4 /X 


Tocrs PE LA VIANDE TAXE DU PAIN 
ntriqueP KILOGRAMME. AU KILOGRAMME 1/2. 
de Mouton.[Cochon.f Blanc. Bizet. 

mecs 
À M'' #7 "€, 
0 n 48 114] » 38 3, 
1, 48 34» 38 314 
dE: ” 5y 1[4l» 45 
9° ». 57 1141» 45 
4 60 EE 
Gi, 60 » 47 
Fe I 6o » 47 
ob. t Gt » 49 
PL | 54 38» 45 
74% 54 38 43 314 
° 0h 48 34» 40 
sd. L 52 1[2ln 42 


25. 


Se gr qe 


8900u1?7e8c7 


b890041/72227a 


Digitized by Google